Si je pouvais courir dans le noir, je le ferais en tenue de scaphandrier, fluorescente.
Si je devais m’éteindre soudainement, je jouerais avec la minuterie jusqu’à la nuit des temps.
Si je pouvais jouer au sein d’une troupe de théâtre, je conserverais mon costume d’arlequin pour parader dans les commissariats.
Si je pouvais faire le Tour de France, je tournerais autour de ma copine France en lui demandant de fixer les étapes.
Si ma tête pouvait tourner sur elle-même comme dans l’Exorciste, je pourrais dire bonjour à tout le monde à la ronde.
Si je serais sourd, je voudrais jouer du piano avec des violonistes aveugles.
Si j’étais petit, je m’étirerais comme un élastique jusqu’à la rupture.
Si je savais écrire, je vendrais des tomes entiers sur le marché, j’envelopperais le poisson avec des pages de garde, je servirais de couverture aux bruits qui courent.
Si je pouvais, j’essaierais, j’irais aux nouvelles, puis je pousserais la romance.
Si j’avais une maison, elle serait ouverte à tous vents, traversées par des tirs de lucioles, avec au sol des feuilles de solfège, paraît que ça protège les pieds.
Si on pouvait me dire comment faire, je pense que je m’abstiendrais.
Si on pouvait nourrir les féroces soldats, ils viendraient plus volontiers se blottir dans nos bras.
Si tu voulais, on partirait, on vivrait et puis on mourirait, heureux !
Gabriel Fallet