Carnet de voyage sensationnel/suite 2
Une voilette argentée
sur le genêt vert
Ecorce couchée :
des racines à l’air libres
ou branche rampante ?
Pieuvre de racines
au rocher gris agrippée :
un tronc pour la mousse ?
La fleurette jaune
poussant contre le genêt
jeune pour fleurir
Oreilles de lièvre
émergent des frondaisons
pour la cloche du village
Carnet de voyage sensationnel/suite 1

Illustration Martine TridonCes haïkus ont été écrits pendant un atelier « écriture-dessin » animé par Marlen Sauvage et Xavier Boulot à Salièges en Cévennes. Eté 2007 – Festival Nature organisé par le Parc national des Cévennes.Un toit, œuvre humaine
longe les pierres obliques
d’un colosse antique
Fleurs de l’églantier,
ouvertes au bout de la branche,
seules survivantes
S jaune posé
chemine à flanc de montagne
Mais où va-t-il donc ?
Une branche morte
blottie dans les feuilles vertes
l’automne qui vient ?
Carnet de voyage sensationnel/Martine Tridon

Illustration©Martine TridonCes haïkus ont été écrits pendant un atelier « écriture-dessin » animé par Marlen Sauvage et Xavier Boulot à Salièges en Cévennes. Eté 2007 – Festival Nature organisé par le Parc national des Cévennes.Pour le grand soleil
un parasol illusoire :
achillée en fleurs
Quatre branches nues
découpant le bleu du ciel
frondaisons fantômes
Graminées dorées
que je caresse de l’œil
doux frémissements
Fagots argentés
attendent paisiblement
les flambées prochaines
mercredi 5 mars 2008
Ecrire en atelier

©M.GuerraPourquoi écrit-on ? Pour qui ? Pour soi, souvent, jusqu’au jour où l’on éprouve le besoin de confronter son écriture à l’écoute des autres. On se dit « pourquoi pas ? » et dans le même instant, « à quoi bon ? ». C’est là qu’il faut franchir le pas et s’aventurer à écrire en groupe ! Car rien n’est plus libérateur que de partager ses questionnements, ses hésitations, ses doutes mais aussi ses moments de grâce.Il y a bien sûr ceux qui n’écrivent pas et qui aimeraient écrire, qui se disent fâchés avec l’écrit, avec la lecture, avec l’orthographe, leur imaginaire, que sais-je. Et qui pourtant sont titillés par cette envie de dire sur le papier… Première chose à savoir : le jugement n’a pas sa place en atelier. Deuxième chose : personne n’est obligé de lire ses textes. Chacun y vient avec le temps, à son rythme, selon son assurance, et c’est cela que favorise l’écriture en groupe.
Comment se déroule un atelier ?
Il commence par une suggestion d’écriture éclairée par la lecture de plusieurs textes d’écrivains, se poursuit avec un temps d’écriture, puis est suivi de la lecture des textes à haute voix. Aux commentaires des participants se conjuguent les retours de l’animateur sur les pistes à explorer, éventuellement. Car écouter les autres, commenter leurs textes, comprendre aussi comment nos propres écrits résonnent pour d’autres, c’est apprivoiser son écriture, c’est aussi devenir un meilleur lecteur.
Les propositions d’écriture concernent la mémoire, l’écriture de soi, l’autobiographie, certes, mais aussi la fiction ; elles se situent souvent au croisement du réel, de la mémoire et de l’imaginaire.
Marlen Sauvage
Haikus et autres écrits (suite)

©Keik-T
Merci à tous les auteurs !Tout le monde a bu
Et Cacou lave la vaisselle
Les raisins sont mûrs
AnonymeUne mort sotte choisie
Pendue sous un cerisier
C’était la saison
Un enfant sur les genoux
La contemplation des cieux
Anonyme
J’ai pris un petit morceau de vie
Je l’ai tourné, senti
Je l’ai mangé
Eve
Les chevaux sont mes animaux préférés !
Lola
Le bonheur des poissons n’est-il pas lié à la clarté de l’eau ?
Anonyme
Ce soleil est beau
Cette étoile est triste
Le chat est heureux
Joyce
L’énergie y est bonne bien que discrète
Je m’y sens bien !
Anonyme
Petite feuille jaune du haut de l’arbre
qui tombe sur le pavé
quel voyage !
Anonyme
Mon cœur bat
J’entends la mer à l’horizon
Elodie
L’eau est claire et les poissons sont très heureux
Marie
L’humanité terreuse
Rougeoie dans le jour
Grondant du temps qui passe
B.
Je veux me protéger de la froideur du temps
Marie
J’ai une petite sœur qui est gentille mais un peu capricieuse !
Daphné, 8 ans
La mer est jolie mais la montagne l’est plus encore
Adèle
La vie du retraité a ceci de curieux
Il n’a plus rien à faire pour gagner son bifteck
Il y en a qui s’ennuient, d’autres qui sont contents
Et je suis de ceux-là
Le bifteck est tout cuit
Y a plus qu’à consommer
Et trouver que la vie
A plein de bons côtés
Louis
Quelques haïkus et autres écrits recueillis dans la cruche…

©adlawTout ici n’est pas du haïku pur et dur, mais l’essentiel était bien de partager (cf. Le haïku dans la boîte)Le bruit tout autour
Mais la douce euphorie finit par me gagner
Julie
Un voyage en haut des arbres
Une tombe datant le passé
La faucheuse qui m’attend
Bros ( ?)
De nature solide
Je m’évapore lorsqu’on danse
Sublime liquoreux
Anonyme
Volez, volez, petits oiseaux
Volez, volez, petits oiseaux, volez !
Le printemps est là !
Sarah
Quelle que soit l’heure
Quelle que soit la lune
Vis ton jour
Anonyme
Un souffle de vent sur l’eau
Une feuille qui tombe au sol
L’automne est ici
Lina
Ton regard, cendre et azur, comble l’infini de ton désir
Pat
Aujourd’hui demain
Ici ailleurs maintenant
Avec toi toujours
Anonyme
Le vendredi saint
Le saumon est ad hoc et
Le haddock idoine
Pat the Panman
Les rires fusent
Saturant l’air de nos éclats
Libres et amoureux
Anonyme
Ecriture et dessin – Festival Nature du Parc national des Cévennes – Eté 2007
Traces de vie, un atelier en résidence
Traces de vie/J. Monnier
par Josette MonnierIl a été tué en premier, je ne l’ai pas connu. La guerre, c’est le souvenir d’hommes écrasés par la mort. Celle de mon père a été une catastrophe pour la famille. Il avait environ quinze ans de plus que ma mère. Ma mère était veuve de guerre, elle a conservé ce statut.J’étais fille unique, arrivée après la mort de mon père. Je me souviens que petite, j’étais derrière ma mère, la tirant par ses jupes.Nous habitions Taulignan. Dès que maman a pu se libérer de sa mère qui la traitait comme une servante, elle a retrouvé un poste d’institutrice. A l’époque, il fallait arrêter de travailler quand on était l’épouse d’un officier, c’est pourquoi maman n’exerçait pas auparavant. J’allais à l’école en tenant la main de ma mère. Nous n’avions pas le droit d’y habiter, mais nous y prenions nos repas. J’ai dû rester quatre ans peut-être à la même école que maman. Une dame qu’on appelait madame Marie venait me chercher à la sortie pour que je ne reste pas seule dans la rue. Cinq cents mètres seulement séparaient l’école de la maison.Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Texte publié par La Pousterle in « Je me souviens », 2007.
Traces de vie/S.Thieffinne

©ASPHOR – http://www.flickr.com/people/17347977@N08Les garçons d’un côté, les filles de l’autre
par Sulice ThieffinneL’école… Place de la mairie, avec le monument aux morts des guerres de 1870 et 1914. L’école, un grand bâtiment avec la mairie au centre, les garçons d’un côté, les filles de l’autre. Trois escaliers, un par école, un pour la mairie. La normale voulait que l’on y entre par les portes de face. Nous, nous y entrions par une porte dérobée qui donnait dans une ruelle, une grande cour plantée de trois petits arbres, des cerisiers non parvenus à maturité. Un grand préau, une petite classe pour maternelle, en vis-à-vis les toilettes à portes battantes, un poulailler pour le maître. La porte est là grande ouverte, une classe à droite, une à gauche, des tables à dosseret pour se tenir droit les bras croisés, un pupitre incliné percé de deux trous pour contenir deux encriers en faïence blanche à l’encre violette.Avec l’aimable autorisation de l’auteur