Vieux ormes, centenaires, fiers, aux troncs élancés, vous ne murmurez plus dans l’aube claire, vous ne fredonnez plus vos ritournelles
Au soleil de midi, arbres compagnons, nul ne vient plus se lover dans l’ombre douce de votre cime arrondie
Ni l’aquilon, ni le zéphyr ne vous font sangloter ou soupirer au crépuscule naissant
Ormes majestueux, vous n’êtes plus que des squelettes décharnés, couleur de cendres, bras tendus, abandonnés, au bord des chemins
Ormes puissants, vous étiez tantôt les princes des parcs des châteaux et des avenues des grandes villes, tantôt de nobles campagnards dans les cours des fermes ou sur les places des villages
Ormes généreux, pendant des siècles, les menuisiers, les charrons et les charpentiers vous ont façonnés pour la vie quotidienne
Ormes précieux, les méandres et les arabesques de vos loupes ne font plus rêver les ébénistes
Tant de jours, tant de nuits à vivre sous le soleil et la pluie
Tant de mois, tant d’années à affronter les frimas
En vain.
Vous n’êtes plus là.
Est-ce parce que personne ne venait poser sa joue contre votre écorce crevassée?
Est-ce parce que personne ne vous a serrés dans ses bras quand vous étiez rongés par un mal incurable ?