Ecrire sur la sensation à partir des objets de son choix. Un Réel qui nous conduit à l’Imaginaire, un appel aux sens.
Le texte de Chrystel C.
« Le clapotis de mes pas sur le sol trempé vient briser le silence qui succède à l’averse. Je découvre mes cheveux aplatis par la capuche du manteau. Puis reprend le gazouillis des oiseaux partis un temps s’abriter sous une tuile ou dans une grange, ou dans leur nid tout simplement. Le ciel reste gris blanc pendant un moment encore. L’humidité ambiante m’atteint jusque sur le visage. J’essuie d’un revers de la main les gouttes qui dégoulinent de mon nez. Ma respiration laisse s’échapper un peu de buée. Quelques volutes éphémères. L’eau ruisselle le long des arbres et de leurs feuilles. Enfin, l’odeur de terre mouillée emplit mes narines, un parfum de renouveau, celui de l’après (après la pluie, après le sinistre) qui pourtant me renvoie trente ans en arrière.
Mes grands-parents marchent sur la route à petits pas, lentement, les pas de l’un réglés sur ceux de l’autre. A la même cadence, se tenant par le bras comme de vieux amants. Et moi je cours devant, je reviens vers eux, cours à nouveau. J’évite un escargot qui traverse devant moi et saute dans une flaque pour l’arroser. Nous passons à côté du parc à sangliers fermé par une barrière menaçante. Des sangliers toujours redoutés, jamais rencontrés. Il me semble sentir l’odeur de l’animal sauvage par-dessus celle de la nature après la pluie, l’odeur d’un danger. Mes grands-parents échangent quelques mots, quelques phrases auxquelles je n’ai pas accès. Il faut faire demi-tour, rentrer à la maison. Il se fait tard. La lumière est en train de baisser et la pluie pourrait bel et bien recommencer. »