Atelier maison d’arrêt du 21 septembre
Un nouveau en atelier, 28 ans, incarcéré pour 18 mois, rebelle et violent. Ne veut pas écrire à partir de la suggestion sur la mémoire de l’enfance « parce que trop de souvenirs difficiles ». Veut écrire un poème. En fait une suite de questions qui portent en creux leur réponse. Finit par confier pendant l’atelier une partie de sa souffrance : la promesse que lui avait faite sa mère quand il avait douze ans de ne jamais venir le voir en prison. Elle a récemment voulu venir, il a refusé de la voir. Mais il a écrit à la suggestion suivante, aussi.
29 novembre 2010, à Mende. Hôtel Urbain V. Chambre 404. De retour de l’atelier d’écriture à Florac, terminé à 21 h, me voilà à 22 h enfin ici ! Température hivernale, jusqu’à moins 11 °C sur la route. Un renard et un chevreuil installés tranquillement sur la chaussée quelque part dans la grimpette. Surprise nocturne qui réconcilie avec cette nature rude, avec les raideurs dans le cou, que l’on supporte avec le sourire, du coup.
Le 30 novembre, à 22 h 30, se termine Le baiser, ce film si surprenant dans son thème, dans son traitement, si « pur », si intense, que l’on adhère à tous les personnages. Et j’ai voulu à 22h20 en parler avec X qui me l’avait conseillé et qui ne répond pas… C’est drôle comme je suis « désappointée » comme disent les Anglais, au fond de moi, de ce « ratage », car je sais bien qu’il y a seize ans, il n’aurait pas été. Nous aurions été, il y a seize ans, Judith et Nicolas, la femme de Claudio et cet homme de passage dans sa vie. C’est ainsi. Les passions ont une fin, les amours amitiés aussi…