Je vais être partie longtemps. Tu sais combien ce temps m’est chair mieux que toute poésie tissée dans la confrontation des corps… Je t’oublierai de temps en temps. Ce temps me presse. Il est soie douce à mon reflet. Dans l’absence j’erre, j’erre tant que je suis enfin. J’irai trouver les moments vastes où la pensée régresse et se colore de pleurs bleus, de craintes sorties avec moi du ventre de ma mère, et que j’entraîne dans mon sillage pour tenter de les perdre ailleurs, depuis si longtemps, si longtemps que j’y suis attachée. Je tenterai le cri primal ; le monde ne l’entendra pas. J’irai nager trop loin dans la houle grisante jusqu’à naître à une vague et torturée par ses tourments échouer dans un autre temps. Je te reviendrai ruisselante, en corps et en esprit brûlants, nous ruinerons nos os ensemble, nous habillerons nos effrois. Nous nous réchaufferons encore.
Image © Marc Guerra, Des poissons et des femmes, ≠17
Nous poursuivons notre voyage dans l’univers Des poissons et des femmes entamé le 4 janvier et pour une année entière : sur une image de Marc Guerra, j’écris un texte et publie le tout chaque vendredi… jour du poisson !
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 4.0 International.
ah oui en effet ……j’ai retrouvé « ta » soie….trait très beau….et fantastique votre boulot à St Rome…je suis jaloux, frustré…..mais heureux