Je rêvais de Carthage. Je répétais ce nom, Carthage, et le prénom si cher lié à cette ville. Je traversais les rues aux maisons cachées derrière les murs blancs, avec leurs lauriers généreux, leurs jasmins étourdissants, leurs bougainvilliers roses et mauves, à l’exubérance pareille à mon cœur amoureux. De la fenêtre de la chambre aux persiennes bleues tels ces moucharrabiehs où glissent les regards, j’entrevoyais le chantier de fouilles en contrebas de la maison, j’entendais les voix des hommes qui travaillaient là, et je voyais la mer au loin, écumante et verte.
Carthage, je suis revenue. Tu étais tout en pluie et en grisaille, tu contredisais mon cœur, je t’ai écouté crier dans la nuit tes bruits de ville, de moteurs, de félins chamailleurs, de macadam éclaboussé. A tes accents sourds, j’ai mêlé mes soupirs et brûlé mon désir au bûcher de l’amour ; à bout la pluie baissait la voix, et ta douceur, Carthage, épousait la paix retrouvée. J’ai dansé pour toi au petit matin, la langueur au bout des mains, pour te saisir, te retenir, nous engloutir. Nous étions amants cette nuit, Carthage, il faut t’en souvenir. Cette nuit, Carthage, nous respirions ensemble.
Image ©Marc Guerra, Des poissons et des femmes, ≠45
Nous poursuivons notre voyage dans l’univers Des poissons et des femmes entamé le 4 janvier et pour une année entière : sur une image de Marc Guerra, j’écris un texte et publie le tout chaque vendredi… jour du poisson !
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Longtemps que je n’étais passée, vous me manquiez sans que je m’en aperçoive.
Toute à la joie de retrouver les poissons ;O)
Quel cadeau que ce commentaire… Vive le vendredi, alors ! A bientôt;-)