Un dimanche aux alentours de 8 h, rendez-vous à Tunis avec un groupe de randonneurs. Le ciel n’annonce rien de bon, mais l’optimisme est de mise. Direction Metline (en voiture !), à 60 km vers le nord, une ville au bord de la Méditerranée, qui s’étend entre montagne, mer et forêt. Vers 9 h les voitures se garent en lisière d’une famille de pins. Tout le monde enfile son vêtement de pluie… Et nous suivons le guide…
La marche à travers la forêt nous conduit là, dans cette campagne verdoyante. Certaines essences me paraissent familières, je retrouve la végétation de l’autre côté de la Méditerranée. Je réalise surtout mon ignorance en écoutant le guide égrener ses connaissances en matière de flore…
Allègrement encore, nous nous dirigeons vers la mer, « vers Lampedusa » s’amusent certains. A mes pieds, de jolis fleurettes jaunes, petits soleils sortis de terre pour égayer ce jour de pluie.
Nous traversons des sous-bois dignes de ceux des Landes, avec la mer en point de mire, dans une atmosphère de détente cordiale. J’ouvre les oreilles au bavardage des uns et des autres, tantôt en français, tantôt dans ce dialecte tunisien truffé de mots et d’expressions françaises.
A partir de là, j’ai souvent laissé le groupe scindé en autant de sous-groupes que d’affinités, pour déambuler sur la roche volcanique et admirer la mer.
Une pause « goûter » nous arrête dans un bruit de rouleaux, tous parlent, sortent amandes, pommes, oranges ou croissants de leur sac, je regarde au loin le cargo s’illuminer dans le soleil capricieux puis s’éteindre, comme je reprends la route.
Tout n’était pas joli, la houle avait charrié d’innombrables semelles de savates et des bouteilles sur la plage, ailleurs des poubelles avaient été jetées dans ce décor lunaire, je me demandais si une sortie écologique aurait sa pertinence, et je m’assurais que oui au fur et à mesure où j’évitais les ordures…
On me dit ici souvent que « ce n’était pas comme ça du temps de Ben Ali »… ce laisser- aller, cette saleté, la désinvolture des conducteurs sur les autoroutes, les passages aux feux rouges… Ici, la liberté explose dans les comportements, elle vous monte à la tête, elle est bonne à prendre partout, c’est le foutoir, je ris souvent, pourtant il ne faudrait pas que ça dure. C’est fragile, la liberté, et j’aime trop la Tunisie.
Le sable était mou, la file des marcheurs s’étirait en longueur, le soleil s’était mis à taper et les k-ways nous tenaient lieu de sauna.
La mer encore, les grèves brunes, la terre au loin, et les voix qui s’estompent dans la distance. Jamais ne me suis sentie autant de passage en ce monde. InchAllah ponctue toutes mes pensées.
Après 18 km de marche, rien de tel qu’une vache pour me ramener à la solidité du temps.
Photos Marlen Sauvage
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Merci pour la promenade !