Il me plaît qu’elle me rende ce souffle que j’ai engagé en elle, tel un lys alité en ses cours et jardins, et moi, en mon esprit, j’aspire ce qui de moi me fait elle, ses secrets émois, la dentelle de joie qu’elle tisse, vivante, vibrante de son chant ignoré du monde qui tressaille ; lui, absent en cette attention que j’ai, que je taille, en lequel j’aiguise et l’amour et la plume, tels ces animaux en grâce et souplesse, qui dans le crépuscule reniflent toutes effluves des âmes ; c’est moi qui glisse et file dans l’ombre violine de ce jardin qui est sien, dans le désir bleuté qui surimprime l’idée que j’ai de son repos, de ses soupirs, de sa main qui apaise et le trouble et la distance. Vain l’oubli, vaines les fuites, les loisirs et les conversations ; il me plaît plus que tout qu’une biche me la rappelle ; que les mouflons dans la rosée en imposent l’absence comme blessure vivante ; que le jour se colore d’autant plus de promesses qu’il m’est loisible d’en espérer d’elle. Il serait pour moi violent qu’elle me reprenne ce qu’elle m’offre sans même le savoir. Mais qu’en sais-je ; il est bon qu’elle me rende fou parce qu’elle m’ouvre le ciel.
[Atelier de Florac]