L’univers semble parfois tellement vide… Vous auriez presque envie de vous y jeter.
Mais l’oubli résiste au chantage et vous seriez de toutes façons pris au piège de votre détresse. La mémoire défie toute sorte de gravité ou d’impesanteur, elle nous rattrape, elle nous englue, elle figerait votre horizon. Considérer le fil devant soi sans appréhension et s’y agripper par tous les moyens, la volonté suffit souvent. Le suivre. Très vite, vous l’anticiperez, il dessinera un pont entre la sensation angoissante du vide dehors et la sensation angoissante du vide dedans. Car tout n’existe que dans le vide et rien ne sert de vouloir à tout prix le remplir. Installé au-dessus du vide et en-dessous et en son cœur, vous respirerez profondément et vous commencerez à ressentir. Ressentir, juste cela, dans vos cellules toutes aux aguets. Ce sera là. Une présence cachée, vous ne saurez dire où, quelque part hors de la toile ou dans un de ses nœuds, ou peut-être dans un fil à venir.
Photo : © Sylvie Chaudoreille
Texte : Marlen Sauvage (Toiles 6)
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Pour ces Regards croisés, nous avons choisi avec Sylvie Chaudoreille, photographe, de travailler ensemble à partir de sa série de toiles d’araignée… Il y en a 400 ! Une exposition de ces toiles a lieu en ce moment et jusqu’au 23 juin à Châteauroux-les-Alpes.