Pensée archipélique

« Quand j’ai lu les livres d’Antonio Tabucchi, j’ai été égoïstement content de vérifier un concept que j’ai élaboré depuis pas mal de temps. Je pense que la littérature aujourd’hui commence à abandonner la pensée continentale qui est belle, systématique, peut-être parfois pesante et qui produit des chefs-d’œuvre. La pensée archipélique, de son côté, me paraît mieux adaptée à la diversité, à l’ambiguïté, aux dangers, à l’imprévisible… à toutes les stridences de notre monde. J’ai découvert dans la littérature de Tabucchi ce côté archipélique : une pensée plus aiguë, plus prompte, et surtout moins mortelle que les énormes systèmes de la pensée continentale. Dans ses livres, les éléments d’imprévu, de non définitif d’une pensée alerte et en éveil ne le font pas renoncer aux grandes interrogations que les systèmes de la pensée occidentale se sont posé : le devenir, la mort. Il conçoit le monde comme une rencontre d’étincelles et non pas comme un choc de masses. »

Edouard Glissant, in Ecritures croisées, Parcours raisonné dans les littératures du monde.
Textes réunis par Annie Terrier, Guy Astic et Liliane Dutrait. ©Rouge profond, 2011.

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