par Aline Leaunes.
Algérie, année 1955-56. Marcangelli militaire français… et nous, petits pieds-noirs !
La chaleur étouffante d’un été saharien, la solitude d’une journée sans fin où la peur, l’insécurité, l’appréhension d’un conflit rôdant sur les étendues désertiques pourtant si prometteuses en ressources ou peut-être à cause de ces même ressources, un conflit aveugle qui siffle et persifle depuis trop longtemps, des Aures jusque en Grande Kabylie.
Les ordres se donnent a voix basse, les portes se ferment, la surveillance plus précise, et l’étouffante chaleur, étouffe.
Un sentiment pour cette petite fille, d’inconfort, d’inquiétude, silence trop lourd et soudain, l’explosion, l’attaque, le carnage, les cris, la fuite.
Plus tard les journaux parleront de la destruction d’une partie de cette ville, Tlemcen, ville aux mille couleurs. Profusion de détails, d’images, de versions, toujours tragiques et destructrices.
Mais quand on a dix ans, de grands yeux noirs, le chant dans la voix, la danse dans les jambes, le regard rieur, que l’on aime les figues de barbarie, marcher pieds nus sur le sable, les glaces au citron et les mesmels au miel, la vie reprend sa place, les rires, les fous rires aussi.
Les soirées autour du canoun, le thé brûlant chauffe la voix du grand-père, qui, s’il n’a rien oublié, chante pour sa petite-fille qui, elle, semble avoir tout oublié.
Bonheur de l’illusion, du songe, du fragile, ne dupe personne mais qui dans l’instant, fascine, envoûte, berce, console.
Nuit où la voix se fait murmure, où les mots dits, renaîtront un jour par inadvertance, sur un bout de papier, au coin d’une table.
Texte : Aline Leaunes
Photo : Archives personnelles de l’auteur.
Un texte écrit en atelier à partir d’une proposition inspirée de l’Écran de nuit : retour autobiographique sur mai 68 en 5 épisodes de François Bon, que j’ai intitulée « En amont de l’histoire »… Marlen Sauvage
voudrais multiplier les étoiles, forme et fond
belle journée à vous
Oh Brigetoun… je transmets à l’auteure… merci de vos passages ici !