Capricieuse
Où l’insatisfaction guette à chaque coin de rue
Rue
rue de son enfance, rumination, rumeur, ruade contre le temps qui passe
Temps
qui blesse sans vergogne, qui ne lâche rien, pas même une poussière de soi
Poussière
voile léger sur mon âme, je souffle et tu t’envoles
Souffle
ton air chaud dans mon cou adoucit mes rancœurs, apaise mes colères
Apaise
comme une main posée sur sa joue jusqu’à ce qu’elle s’endorme
Main
toujours tu valses, tu caresses, tu entoures, tu es la vague sur la mer bleue qui berce
Valsent
les mots, les voix, les rires, les arbres qui se balancent en chœur au fil des heures
Voix
d’hier et d’aujourd’hui, envoûtantes, éclatantes, autant qu’effrayantes, voie rapide, voie sans issue
Effrayante
la noirceur de la nuit, le vide intersidéral du silence, lourdeur des insomnies
Nuit
tu viens parfois trop vite, parfois trop peu, promesse de rêves et d’infinie torpeur
Torpeur
tu as tort d’avoir peur, aie confiance et fais semblant d’y croire, redeviens capricieuse
Capricieuse
où l’insatisfaction guette à chaque coin de rue.
Texte : Chrystel C.
Photo : M. Guerra
Un texte écrit en atelier à partir d’une proposition que j’ai intitulée « D’un mot à l’autre », inspirée d’un texte de Anna Jouy, publié sur sa page Facebook le 5 avril (à lire ci-dessous). Marlen Sauvage
poète
– se demande si 58 kilos ce n’est pas trop pour le plaisir et le goût éthéré des choses
choses
-un mot que j’aime bien, comme s’il soutenait tous les indéfinis de trottoir et que cela m’exemptait de chercher à monter et à les assembler
assembler
-peut-être mais trop souvent, il faut ensuite en découdre, un fil sous la peau et puis le trou suivant… encore.
découdre
-c’est un poing dans l’espace, je ne frôle que le vide, la fuite, et je ne les bats même pas.
frôler
-caresse inaboutie qui tient entre ses dents, son chapeau. toutou sage et formaté. la peur est une amante sans la moindre idée de mon désir
chapeau
-toujours le porter sur le côté responsable. la vie se vit avec un rebord large, comme un anneau de Saturne. mais que des manèges et des tournées de veste
anneau
-je le retiens celui-là, pour toutes les conneries qui passent au travers du feu et n’en sortent même pas roussies
conneries
-fortes, âcres, sentant leurs reflets fauves, oppression de pores et remugles de caniveau où je navigue- paraît que je suis folle-, c’est l’essentiel à dire. je n’en doute pas. ça suinte.
doute
-pourtant. tout est fuites sans corde de rappel. les choses n’ont pas de prix, ne valent pas certes le temps de disparaître. elles vont dans le silence, silence de ce qui est mort.
silence
-pour en finir. on y voit la liberté de vivre, selon soi. à l’autre bout, il n’y a personne – parait-
mais j’en doute
poète
-58 kilos de mots et de gras sur les papiers.
©Anna Jouy