Déjà sur le perron de béton qui courait telle une coursive autour des rondeurs du bâtiment, il n’était pas rare de croiser Constance, – toujours une lecture intéressante à conseiller, qui encourageait ses anciens élèves même les plus âgés devenus étudiants à découvrir de nouveaux auteurs –, et chaque début d’été, en juin, le libraire, qui préparait la prochaine rencontre où il donnerait ses coups de cœur, des lectures sous le parasol quand une vingtaine de lectrices et de lecteurs face à lui – c’était surtout des femmes – rassemblés sur les gradins de la bibliothèque égayée de coussins colorés, une bibliographie des livres de l’été photocopiée sur les genoux, un stylo à la main pour annoter, souligner, rayer d’une grande croix, l’écouteraient attentivement parler de littérature de voyage, de romans de transmission, d’auteurs américains, de nouveaux écrivains, avec la passion contenue qui était la sienne et qui expliquait sa fébrilité à passer d’un livre à l’autre, à perdre ses notes, à se pencher en hâte pour récupérer un marque-page, rayonnant de joie quand une question fusait ou un commentaire et qu’un dialogue pouvait s’amorcer.
Texte et photo : Marlen Sauvage
Un texte écrit pour l’atelier d’été 2018 (Construire une ville avec des mots) de François Bon sur le tiers-livre. Pour chaque auteur(e), une page… et un oloé…