Pour rejoindre la place du marché depuis le haut du vieux village, on passait par la ruelle couverte du Ha ! ha !, bouche sombre d’un pâté de maison, Ha ! Ha ! c’était le nom que l’on donnait à ce boyau où jadis « les dames se laissaient serrer par les messieurs contre menue monnaie », lui avait expliqué d’un air entendu monsieur H. mimant en riant des ha ! ha ! suggestifs qui avaient mis l’enfant mal à l’aise. Hâtant le pas, elle avait traversé la ruelle et rejoint la rue pavée qui serpentait entre les maisons du village, ocres et roses. Aujourd’hui, des graffitis à la peinture blanche recouvraient les murs, forçant les yeux à lire à l’endroit le plus noir de la ruelle « Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux ».
Texte et photo : Marlen Sauvage
Un texte écrit pour l’atelier d’été 2018 (Construire une ville avec des mots) de François Bon sur le tiers-livre. Pour chaque auteur(e), une page… et un oloé…