Pour toi, Eric
« La radiothérapie s’est étalée sur quatre semaines, en juillet. J’avais eu un mois et demi pour me remettre de l’opération. Mon cou était toujours prisonnier de sa minerve. Les nuits étaient difficiles. Mais les douleurs s’estompaient peu à peu et j’étais plus mobile. Je profitais du calme de la maison pour graver sur le papier de nouvelles histoires. J’étais un survivant. Mille projets explosaient dans ma tête. J’avais plusieurs romans à écrire, deux recueils de nouvelles à terminer et un disque de chansons à enregistrer. Je ne voulais plus les remettre à plus tard. Je voulais les réaliser rapidement. Le temps était mon ennemi.
Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, paraît-il. Je n’en suis pas persuadé. Cette épreuve ne m’a pas amélioré. Elle ne m’a pas rendu plus fort.
Ce qui ne m’a pas tué m’a seulement rendu plus pressé. »
©Olivier Martinelli, L’Homme de miel, ©Christophe Lucquin Editeur, 2017