Après plusieurs jours, Liliane Paffoni

Photo : Marlen Sauvage

On a entrebâillé  la porte avec précaution. Ne pas aller trop vite. Ça ne sert plus à rien. Une caresse d’air sur tout le corps. A peine un frémissement. On ouvre la porte un peu plus. Un pas. Juste un. Pas plus. On se retient au mur. La paume de la main posée bien à plat sur le crépi rugueux. C’est chaud, doucement. La chaleur se diffuse au compte-goutte. Le soleil s’attarde sur le dos de la main. On ferme les yeux. On sent cette main qui boit la chaleur à petites gorgées. Ne pas aller trop vite. La main le sait – ça ne sert plus à rien. C’est si doux, cette partie du corps qui palpite. Des petits picotements de vie. Les yeux toujours fermés. Le reste du corps n’existe plus. Juste cette main. On pourrait rester là, longtemps. Une ombre. La main tressaille. Palpe le mur, se déplace, à droite, à gauche, cherche une petite plaque de chaleur. Plus rien. La main tremble. Cherche toujours. Rien. L’ombre a grandi. Avide, elle a avalé la chaleur. Résignée, la main retourne à sa place. Inerte, le long du corps.

Demain, peut-être.

Liliane Paffoni

Ma proposition d’écriture : Dans l’idée de La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, de Philippe Delerm et sur ce mode du petit rien qui éclaire la vie, je vous propose d’écrire un plaisir minuscule. En ces temps de confinement, vous avez dû prêter attention à bien des détails du quotidien, que ce soit du côté du corps, des sensations, de la nature, de la vie à deux, des enfants… L’enjeu est d’écrire ces petits moments de plaisir avec légèreté ! MS

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