
J’écoute JJ Cale et Eric Clapton, il est 7 h 30, ce sera une belle journée. Vous savez, une de ces journées où après une nuit sereine, les idées se sont mises en ordre d’elles-mêmes et les choix apparaissent dans toute leur évidence.
En ce 1er mai, jour gris, le muguet a fleuri dans mon téléphone cellulaire et dans la boîte mail et ce fut une abondance de bouquets reçus des un.e.s et des autres. Dans le jardin d’avant, je le cueillais sous la première marche des escaliers de schiste, il sortait ses clochettes quelques jours avant le jour J., j’en ramassais deux brins que j’expédiais par la poste à chacune de mes filles, et quelques brins pour la table où ils embaumaient subtilement l’atmosphère.
Pas de fragrance aujourd’hui, mais j’ai une très bonne mémoire olfactive. Il me suffit de fermer les yeux.
Ces jours derniers, mes lectures et mes envies m’ont emmenée sur de beaux chemins imaginaires, parmi lesquels Simon et L, de Gwen Denieul, dont j’extrais cette phrase qui ne parle que d’amour : « Je suis passé d’une drogue dure à une autre… ». Sur le site des Cosaques des Frontières, j’ai découvert Sandrine Davin, et tellement d’autres.
Une chaîne poétique à laquelle j’ai participé tout récemment m’a rappelé d’anciennes amours avec Miguel Hernández chanté par Paco Ibanez et ces Andaluces de Jaen pour lesquelles je pleure toujours d’émotion. Merci à toi, Claude P. !
Et pour rire, parce que c’est salutaire, je suis retournée écouter Les Deschiens bien sûr !
Marlen S
Et j’ajoute ici ce poème d’Aragon, le choix de Claude, parce que ç’aurait pu être un des miens… Poème écrit en hommage à Federico Garcia Lorca, assassiné en 1936 par les franquistes, et que l’on pourrait dédier à tous ceux qui par le monde – poètes, journalistes, écrivains, chanteurs – le sont encore en raison de leur voix.
Un jour, un jour
Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Ente eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait laguerre la querelle
Des manières des rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Louis Aragon, Le Fou d’Elsa.
poème d’Aragon que j’ai appris chanté par Jean Ferrat, tout un disque vinyl: Ferrat chante Aragon, sublime!
Paco Ibanez :
Une de ses plus belles interprétations (vu sur scène à Nancy, il y a quelques années…) 😉
un jour…