Balade, de Mireille Rouvière

Photo : Marlen Sauvage

Un texte d’atelier de Mireille Rouvière

Aujourd’hui j’ai décidé de prendre le large et de m’aérer. Je sors de ma maison, j’inspire un grand bol d’air et je m’étire. Je me dirige vers la grange et je prends à droite tout au-dessus du bâtiment. J’emprunte le chemin balisé et je marche ou peut-être je me balade aidé de mes bâtons télescopiques. Je décide de prendre à travers champs. J’arpente à grands pas le pré multicolore au-dessus de mon cloître. J’avance lentement dans les hautes herbes. Je chemine ou je trimarde sur la sente que les sangliers ont tracée par leurs passages répétés. Je me précipite vers le bas de la falaise que j’escalade à quatre pattes plus que je ne crapahute. Je me dépêche et je cours  en clopinant et en me dandinant pour ne pas rater le lever du soleil.  Repu du spectacle  qui irradie l’Est, je saute par-dessus le petit ruisseau qui susurre aux truites Fario qu’un intrus arrive. Je m’abreuve à l’onde claire puis je déambule, je flâne et je me déplace à cloche-pied le long de son cours. J’erre pour passer le petit pont de bois. Je défile devant une rangée d’arbres centenaires, ce sont les hêtres que mon grand-père a plantés il y a maintenant bien longtemps. Le soleil est à son zénith, je trotte ou je lambine au bord de la mare où quelques libellules rasent l’eau de leurs ailes bruissantes. Je baguenaude ébahie par des grenouilles qui plongent à mon approche dans un plouf silencieux. Une main en visière je lanterne devant les faneurs qui au loin ramassent leurs foins et prendront bientôt le repas qu’apportera la fermière dans un panier d’osier recouvert d’une nappe à carreaux rouges et blancs. Je musarde devant une musaraigne étonnée qui lève son nez et détale. Je baguenaude devant un horizon plein d’espoir. Que c’est bon de vagabonder dans sa tête. J’ai  sillonné ma campagne du fond de mon fauteuil roulant !

Mireille Rouvière

Ma proposition
Une histoire de marche et d’écriture, où le texte s’élabore en marchant, et en ces temps de confinement, nous pouvons marcher dans notre tête. La phrase restitue le mouvement de la marche, dans son allure, ses arrêts, ses hésitations, selon le sol et ses accidents.
MS

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