
A l’ envers, de travers, vers le bas, fixe, vide,
le regard
Coincé, asphyxié, essoufflé, avorté, refusé,
le mot
Tremblent, cherchent, déformées, vides, inutiles,
les mains
Froid, inerte, atrophié, condamné, inutile,
le pied
Corps bloqué, disloqué, épuisé, ravagé.
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Bonjour Amédée, alors déjà levé ?
Hé ouais, c’est pas toi qui décides, c’est moi le coq, le chef, j’ai chanté à cinq heures ce matin, elles sont toutes là comme des mouches, à vouloir mes plumes… ouais ouais mes plumes et le reste…
J’me comprends ouais ouais, tout seul.
Je l’ai vu l’autre… t’usais, la bas, plus loin, t’usais…
Vous voulez du lait avec votre café ?
Du lait… du lait, du pis de ma femme ? Je l’ai vu ce matin à minuit, elle est sortie avec sa fourrure de synthétique, verte, sur le dos. Elle est amoureuse de lui, ouais… ouais j’me comprends, tu crois que je vois pas des choses ?
Amédée, vous voulez de la confiture ou du miel avec vos tartines.
Ah !!! parce que tu as fait du miel toi, cette nuit, je t’ai pas entendu, je les ai toutes appelées, elles sont pas venues, et ça bourdonne, ça bourdonne, là ! là ! A croire que la forêt va brûler.
Tu sais le Justin, il est venu tout à l’heure, il m’a donné une boîte d’allumettes, tu le dis pas hein !
Je vais mettre le feu moi ouais… ouais j’me comprends
Amédée, buvez ce verre s’il vous plaît, là maintenant, tout à l’heure nous irons visiter le rucher.
Ah !! oui le rucher, rusé comme le rucher, c’est ça ? Regarde… regarde là derrière la vitre, elles sont toutes là, la blonde là oui… oui, elle me cherche, c’est la reine on a guinché toute la nuit et ça bourdonne !! et ça bourdonne !!, elle me guigne depuis un moment, elle me croit une fleur de sureau ou peut être même le bourdon, mais moi, ça bourdonne… ça bourdonne là… là. Elle regarde mes yeux comme ils bourdonnent, mais elle croit quoi, que le vais venir, j’suis pas un tarnagas encore, j’irai demain, peut être, si j’ai envie.
Oui demain, Amédée, nous irons demain voir la reine dans son rucher.
Attends… attends, il faut que j’te dise, tu sais la compagnie des Indes, qui me téléphone tous les matins, et ben !!, ils veulent absolument que je leur livre du lait de mes poules, alors demain j’peux pas venir avec toi, il me reste les poules encore à traire, alors tu vois j’suis pas sorti d’l’auberge.
Texte : Aline Leaunes
Ma proposition d’écriture
A la façon de Tarkos, dans son texte Le contre-jour, dresser une liste de votre environnement mental ici et maintenant, en un bloc de texte, où seuls se succèderont des mots séparés par des virgules. Puis dans un deuxième temps et un deuxième texte, écrire en vous inspirant de cette citation de Virginia Woolf :« Ecrivez. Soyez niais, soyez sentimental, lâchez la bride à toute impulsion, faites toutes les fautes de style, de grammaire, de goût et de syntaxe, débordez, culbutez, dans n’importe quelle prose ou poésie. Ainsi vous apprendrez à écrire. » Marlen Sauvage