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Synopsis du film Fog de John Carpenter, 1980 : En Californie du Nord, le petit village de pêcheurs, Antonio Bay, est sur le point de célébrer son centenaire. Mais la quiétude de la ville est perturbée par de mystérieux événements, dont le meurtre horrible de trois pêcheurs locaux, accompagné par un étrange brouillard lumineux qui s’étend sur terre et sur mer. Le prêtre de la localité, le père Malone, découvre le journal de son grand-père, qui contient un sombre secret inconnu des habitants actuels de la ville. Le journal révèle que, en 1880, six des fondateurs d’Antonio Bay (dont le grand-père de Malone) ont délibérément coulé et pillé l’Elizabeth Dane, un navire appartenant à Blake, un homme riche mais atteint de la lèpre qui voulait trouver un havre de paix pour lui et sa communauté aussi atteinte de la même maladie. Les six complices ont allumé un feu sur la plage près des rochers, et l’équipage, égaré par le faux phare, s’est écrasé sur les rochers. Tous les passagers du navire ont péri. La motivation des six était la cupidité et le dégoût de voir s’installer une léproserie à Antonio Bay. La ville et son église ont ensuite été fondées avec l’or pillé sur le navire échoué.
Le brouillard mystérieux qui s’étend sur la ville est parcouru par les fantômes de Blake et de son équipage, qui reviennent, assoiffés de vengeance, pour le centième anniversaire du naufrage et de la fondation de la ville, afin de prendre la vie de six personnes.
Citation d’ouverture : « Is all that wee or seem but a dream within a dream » (tout ce que nous croyons voir n’est qu’un rêve dans un rêve) Edgar Allan Poe.
Au terme d’une journée de fin de saison chaude. Après avoir généreusement tiédi les corps en selle essoufflés par l’effort, réchauffé les buissons et le sol recouvert d’herbes sèches, le soleil entame sa descente progressive derrière les montagnes. L’ombre commence à s’étendre et une masse brumeuse à se répandre sur le paysage caussenard. Brouillant la vue lointaine, elle s’avance, inquiétante, à petits pas sournois d’abord puis plus prestement. Marée montante, elle inonde inexorablement la terre sous son poids, camoufle l’horizon, efface les sentiers, recouvrant tout sur son passage d’un immense halo enveloppant. Happe les éléments, obscurcit l’atmosphère. Et de l’opacité perfide, jailliront bientôt quelque monstre terrifiant qui m’entraînera, me faisant disparaître à jamais. Tout repère effacé par la mer de nuages, cette terre que j’ai choisie soudain devient hostile. Cette terre qui me fascine, m’apaise et m’angoisse à la fois. Cette terre désertique, mystérieuse, peuplée de fantômes que je ne connais pas, d’histoires qui me sont étrangères comme je me sens parfois moi-même. Juste envie de fuir, se sauver, trouver un refuge, cesser de regarder derrière.
Texte et photo : Chrystel Courbassier
Ce texte a été écrit par Chrystel Courbassier, fidèle participante des Ateliers du déluge, pour le Club de Mediapart cet été 2020, et publié ici. La proposition était de décrire un lieu aimé en lien avec une œuvre d’art, une sorte de diptyque où l’un et l’autre se feraient écho en toute subjectivité. C’est ainsi en tout cas que j’ai compris la proposition. Marlen Sauvage