Une vie en éclats (18)

Marlen Sauvage, archives personnelles. Quelque part au Maroc…

J’ai bien sûr classé il y a longtemps les lettres qui me sont parvenues, de 1944 à 1953… Pour 44, alors que tu pars t’engager le 15 octobre, j’ai retrouvé 7 lettres ; 12 pour 1945 ; 2 pour 1947 ; 4 pour 1948 ; 11 pour 1951 ; 4 pour 1952 et 7 pour 1953… Parmi ces lettres, celle qui suit, sans enveloppe et qui t’est adressée le 28 novembre 1948. Depuis 10 jours exactement, votre bataillon s’est déplacé à Ouezzane, au nord-ouest du Maroc.

« Cher E,

Nous nous empressons de répondre à ta lettre que nous avons reçue ce matin en même temps que ton colis intact ce qui nous a fait plaisir. Cela changera un peu l’ordinaire, nous sommes allés à B. dimanche voir M. et A. qui a été blessé au doigt en nettoyant son métier ce qui nécessite un arrêt de travail de 3 semaines à 1 mois. Nous avons trouvé leur petite N. changée c’est une belle grosse fille et bien sage. M. a repris son travail depuis lundi dernier à part la blessure d’A. tout va bien. Nous avons eu la visite d’Alphonsine et de Paulette hier. Elles te donnent bien le bonjour ainsi que grand-père et grand-mère qui sont venus nous voir par ici la situation est toujours sans grand changement. Les grèves qui se terminent d’autres qui recommencent mais tout se passe dans le calme. Nous sommes contents de ta photo qui nous fait penser qu’il fait meilleur là-bas qu’au C. car nous avons déjà endossé la tenue d’hiver depuis longtemps. (…) que tu seras changé quand tu recevras notre lettre, tu nous dis que le temps te semble un peu long bien sûr mais 8 mois ce sera encore vite passé. »

Cette lettre qui est un brouillon me semble être de la main de mon grand-père. Je connais l’écriture de ma grand-mère, ce n’est pas celle-ci, et elle écrivait à « son fils ». Ce qui me surprend, c’est ce que je lis plus bas, écrit au crayon de bois
« Maroc import Société
recherche pour création objet et transformation tôle fine 4 contremaîtres dont un outilleur écrire avec curri vitae Higlor-Maroc (?) 75 allée Roberleare Strasbourg »

et à l’encre violette (comme la lettre)
« suite à votre annonce parue dans Ce soir du 17 courant… »
J’ignore si mon grand-père a eu l’idée de partir à Strasbourg pour travailler… Il était ajusteur-fraiseur.

MS

NB : La raison de cette histoire se trouve ici

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