Arles, parmi ce que j’ai aimé…

© Marlen Sauvage, Blue Skies, Anton Kusters

Cette installation sonore m’a bouleversée. Rien à ajouter au texte du cartel que je reprends ici.

Anton Kusters est un artiste belge né en 1974. « The Blue Skies project évoque avec ces ciels la représentation mentale d’un traumatisme et s’interroge sur la manière dont un souvenir peut être conservé avant de sombrer dans l’oubli. A mesure que les réminiscences et les expériences d’un traumatisme se fanent, les témoignages deviennent irrémédiablement associés aux données factuelles, photographies historiques, adaptations, documents contrefaits et informations mensongères emblématiques de notre époque numérique post-vérité, alimentant ainsi une mémoire archivistique collective. Exposer la fragilité de cette mémoire dans toute sa complexité transforme la quête consistant à appréhender un événement passé en acte de réflexion.

Six ans durant, Kusters a exploré l’ancien Troisième Reich, parcourant 177 828 km pour capter le ciel bleu surplombant chacun des 1 078 camps de concentration nazis répertoriés. A ce jour, de nombreux sites demeurent inconnus. Afin de localiser chacun d’eux et de s’assurer que le ciel au-dessus était bleu, Kusters consultait un GPS et des images satellite infrarouges en temps réel, gravant les coordonnées du camp et le nombre estimé de victimes sur ses images.

Pour mener ses recherches détaillées, Kusters s’est servi des sept volumes de l’Encyclopédie des comps et des ghettos 1933-1945 publiée par le musée mémorial de l’Holocauste des Etats-Unis. Le projet est chargé d’une grande quantité de données numériques et l’installation évoque la mémoire de chaque victime par le biais d’une œuvre audiovisuelle générée par ordinateur par Ruben Samama. D’une durée de presque treize ans – le temps qui s’est écoulé entre l’ouverture du premier camp et la fermeture du dernier –, l’œuvre entre en dialogue avec les Polaroïd exposés. L’œuvre de Samama génère une note par victime, avec une variation de ton selon le camp dans lequel cette dernière était enfermée. Les ciels bleus finiront par s’effacer, cependant leur nombre demeurera. Tenter de saisir un souvenir dans sa totalité ne permet pas forcément de le comprendre. L’installation ouvre un espace de réflexion autour du hiatus entre la spécificité circonstanciée du Polaroïd et sa trace abstraite, les ciels bleus au-dessus des camps. »

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