
Il suffisait d’un regard jeté sur elle… à son entrée dans la pièce, elle devinait la teneur de leur échange, la fougue de ses lèvres sur sa bouche, la pression de ses mains tout autour de sa taille, ou la brûlure d’un commentaire jaloux et la froideur instantanée qui gèlerait l’atmosphère de la soirée. Peu importaient ses écarts ou ses refus, il la tenait tout entière à sa merci, attisant son désir de lui plaire, dans le désordre de leurs souffles ardents, sa langue brûlant toute tentative de discussion, embrasant ses pensées, ses réflexes, jusqu’à ses décisions énoncées à voix haute avant leur rencontre. Pourtant ce matin-là, elle renonça à fondre à la moindre lueur dans ses yeux, à la poussée volcanique de ce menton rageur heurtant sa volonté, à la chaleur de son cou où il la retenait haletante, en apnée, le nez collé à lui. Depuis le soir où elle l’avait surpris la main sur la cuisse de leur jeune voisine, et deviné le bouillonnement dans tout son corps à la rougeur de son front, elle s’interdisait l’anéantissement sous ses caresses. Il aurait beau attiser toutes les braises et rougeoyer jusque dans ses dents carnassières, elle ne serait plus que refus, jusqu’au défi, jusqu’au renoncement peut-être.
(Elément « Feu »)
MS