Carnet des jours (52)

© Marlen Sauvage 2016 Mes carnets, ma mémoire…

Décembre 2021

Semaine 1
Ça y est, grand départ le 2, et jusqu’au bout inquiète de ne pouvoir prendre l’avion, le test antigénique devant avoir moins de 24 heures sur le sol de La Réunion, selon les hôtesses (mais bien 48 pour les voyageurs…) Arrivée à bon port par 31°C après onze heures de vol dont 4 ou 5 de sommeil… Belles retrouvailles avec Julie, avec l’île, les flamboyants, les filaos, l’océan Indien d’un bleu profond. Nous longeons la route « sur pilotis », coûteuse et… en plan…
Dans le bain dès le week-end avec la fête d’anniversaire de Souleyman le samedi, 12 copains-copines invités, des jeux, des cadeaux, la vie… Et le dimanche, concert de Zanmari Baré (ici, ma chanson préférée de son avant-dernier album), quelque part vers Saint-Pierre, l’accueil réunionnais, la gaieté, le sourire, et une musique maloya douce ou entraînante, pleine d’énergie en tout cas, avec des musiciens d’une grande générosité. 

Semaine 2
Je découvre les fleurs de pitaya, si belles et si fragiles, qui meurent quelques heures après leur ouverture. En Amérique latine, d’où elle provient, la fleur est pollinisée par une chauve-souris ! Comme il n’y en a pas à La Réunion, la pollinisation doit être manuelle, comme pour la vanille d’ailleurs (il me semblait pourtant avoir vu voler ces petites bêtes dans la nuit… autre chose, sans doute). C’est Willy qui s’y colle dès que le soir tombe… 
Les grains de jacque bouillis ont la texture de la châtaigne et d’un peu loin aussi, le goût…
Julie s’active pour la brocante des parents d’élèves, entre autres choses, j’admire son calme et sa disponibilité… Marche sur le coup de 6 h du matin sur les hauteurs de l’Etang-Salé, une heure me suffit, la chaleur arrive si vite. Anniversaire sous les tropiques, j’ai droit à un délicieux gâteau… aux fraises après le plat de légine, une découverte ! Les petits loups sont adorables, je retiens que si j’étais une viennoiserie, je serais une « vieille brioche », selon Sacha, « mais pas rassise, hein ». Ouf ! Une journée de rires et de jeux.
Visite (sous des trombes d’eau) de la maison de C. où je passerai un mois prochainement.

© Marlen Sauvage 2021

Semaine 3
Egrenage des baies roses cueillies par Julie dans la cour (le jardin). L’arbre aux baies roses s’appelle ici un « pied l’encens ». Tour du jardin, justement, où la végétation pousse au-delà de toute imagination. C’est ma quatrième visite ici et je suis toujours aussi ébahie devant la force de la nature. Goyaviers, manguiers, litchis, pieds l’encens, palmiers du voyageur, palmiers-dattiers, rosiers, roses de porcelaine, becs de perroquet, hibiscus, amaryllis, lys orange, lauriers, francisceas, poinsettias, vrieseas, et pitayas bien sûr… j’en oublie sans doute, prolifèrent autour de la maison, c’est magnifique.
Parties de Puissance 4 avec mes petits-fils, je gagne de temps en temps…
Boucle au départ du chemin du Cap en passant par celui du Maniron, il est 5 h 20 (21° C), et déjà trop tard pour marcher (je m’en rendrai compte au bout d’une heure)… Deux heures en comptant 2 petites pauses d’une minute pour boire et grignoter… et peut-être la même chose pour shooter deux ou trois endroits du paysage… Au retour, cassée. Bah ! Le dénivelé ne vaut pas celui du Maïdo, entrepris il y a 9 ans ! – mais les années passant, le corps n’est plus exactement au rendez-vous. 

Séance kiné-acupuncture-ostéo… je repars presque réparée. Cueillette pour un bouquet que me réclame Sacha, et nous partons en quête de rose de porcelaine, bec de perroquet, fougères et autres feuilles.
Peinture de la cuisine avec Ju, un chantier de 3 jours à deux. Notre équipe fonctionne bien !
Après-midi seule avec Sacha. Atelier crêpes, peinture (il se débrouille tout seul !) et réalise 5 jolis tableaux, peints à main levée sans se poser de questions, me rappelant Stef au même âge. Nous construisons des histoires à deux voix, les mémorisons ensemble en les répétant à partir du début, ce qui donne (je commence) : « Il était une fois un grand oiseau blanc et bleu qui portait sur son dos / un animal blessé. Il l’emmenait chez une gentille sorcière pour le faire soigner. / Elle prépara d’abord un mélange de plantes/ et de poulet cru glacé, puis elle ajouta du béton et de l’eau. / Elle prononça alors les paroles magiques / « Soignage magique ! », /assorties de mots incompréhensibles /A ce moment-là, l’animal blessé se redressa guéri. C’était un margouillat. / Il se précipita sur la sorcière, la remercia, /elle fut toute surprise d’entendre un margouillat parler. / Mais elle devina aussitôt que derrière l’animal / se cachait un homme. Elle demanda « Transforme-toi ! » / et le margouillat aussitôt devint un magnifique jeune homme / vêtu d’or, de diamants / et de joyaux. » Certes, ce n’est pas très original, mais il faut croire que les princes peuvent aussi se cacher derrière les margouillats et l’exercice de mémoire valait autant pour moi que pour Sacha !

Nous admirons le ciel changeant chargé de gros cumulonimbus gris qui n’apporteront aucune pluie (rien à voir avec la photo donc), y voyons des singes et autres animaux. Préparation du repas, des salades essentiellement, nous nous régalons et terminons par une crêpe, tout en discutant de choses diverses et variées.
Extraits : 
« Ça m’a fait chaud au cœur quand tu m’as dit que j’étais mignon comme tout. »
« Et toi grand-maman tu es belle comme tout »
« Je préfère la pluie douce à la pluie forte, la pluie douce, ça apaise. Souleyman préfère la pluie forte, mais je trouve que ça excite. »
« Y a souffrir et souffrir (parce que je me suis fait piquer par des moustiques), faut pas déborder le vase, euh faut pas dépasser les bornes, j’aime bien cette expression. »
« Oh ! oui ma maman elle est très très gentille, ça oui, mon papa, pas vraiment, oui, euh, enfin… mais bon, disons qu’il est cool. »
« On a passé une super journée, hein grand-maman ? »

Dimanche matin lever tardif après une nuit très agitée. Le petit couple avec lequel je partagerai ma nouvelle maison me demande au débotté de le conduire quelque part, une occasion pour moi de récupérer la voiture hybride de C. Je rentre complètement stressée… 

Semaine 4
Installation chez C.. La maison est accueillante, ouverte à tous les vents, avec une terrasse donnant sur l’océan. Sieste dans le hamac. Les jeunes préparent un gratin de fruit de l’arbre à pain, un peu costaud, mais délicieux. Je fais la connaissance de Chély, la tortue de la maison, l’animal de compagnie à « surveiller » en cas de cyclone ou autre tempête pour le mettre à l’abri. Surprise ! Elle pèse environ trente kilos.

© Marlen Sauvage 2021

Fin des travaux dans la cuisine. Nous préparons Noël tout de même en espérant que Julie, souffrante depuis deux jours, sera d’aplomb. Sacha, toujours joyeux, heureux de vivre, et auquel je le fais remarquer, me répond « tous les soirs avant de m’endormir, je dis merci la vie, et le matin aussi »… Pfff… quel môme !
C’est Noël ! Près de 30 °C en fin d’après-midi, un peu plus de fraîcheur vers minuit tout de même. Le ciel est magnifique, les réflexions de Sacha aussi ! Appareil photo pour Souleyman (9 ans) qui tient à immortaliser le moment ! Malheureusement en vrac durant deux jours après les festivités ! Jeûne obligé…
Je prépare des balades à venir avec l’aide de mes colocataires qui s’en vont tout à l’heure (le 28), pour les petits garçons et pour nous deux dès la fin janvier ! En écoutant la même vedette locale

Et je rentre de l’aéroport après un détour chez Ju pour goûter le plaisir de la solitude dans la petite maison face à l’océan. Et je rêve enfin d’écriture, et je me lance dans l’exploration du Patreon de François Bon, abandonné pendant des semaines, des Mutins de Pangée, et c’est (presque) le bonheur !
Invitée au resto japonais par la petite famille. Détour par la Fnac où je trouve Une enfance volée – mais rien sur La Réunion dans les années 70/80, sauf un très bel atlas sur la ruralité que je n’achèterai pas… – puis par un magasin de pierres où Sacha tient à tout prix à en acheter une pour sa maman. Larmes à la lecture du récit de Jean-Jacques Martial. J’irai aux Archives sur les conseils de G., enfin, si les nouvelles mesures sanitaires le permettent…
Et puis hier, la lettre au timbre d’Elsa qui a croisé la mienne, datée du même jour, que je relis dix fois.
Encore 21 jours ! Plus que 21 jours !

Marlen Sauvage

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