
Journal de janvier 2022
Semaine 1
1er janvier, je me réveille dans la fraîcheur relative d’une journée sous les tropiques, vers 8 heures, après une fête entre amis que j’ai abrégée à 3 heures du matin… l’heure où je tenais à être encore debout pour te souhaiter une heureuse année 2022, et c’est ce que nous avons pu faire à 9 207 km de distance !
Le 3 janvier jour de chance et de malchance ! Yan Kouton publie mon manuscrit intitulé Digressions, et l’après-midi même, alors que nous nous baignons dans la rivière Langevin, je chute et me blesse à l’épaule. Succession d’examens les jours suivants. Comble de malchance, la voiture ne démarre plus… (mais je ne peux plus conduire de toute façon !). Une journée pour recharger la batterie, après avoir mobilisé les voisins… Je compte les jours devant mon écran, face à face ! C’est la période orageuse, de subites averses qui engendrent d’impressionnantes coulées de terre venues de chemins de traverse ; passages et ruelles sont transformés en torrents impétueux, tout est nettoyé en un rien de temps…

Semaine 2
Repas « à la maison » qui n’est donc pas exactement la mienne ! Rien ne sera aussi goûteux que les caris réunionnais, mais enfin je cuisine depuis la veille, de l’agneau en cocotte et j’attendrai avec intérêt le verdict des palais gourmets…
J’oublie la douleur à l’épaule, parviens à conduire, file pour une demi-journée à l’Entre-Deux… Loin de toute polémique concernant le covid-19, je lis pourtant avec intérêt cet article de David Gosselin (traducteur, linguiste, poète, basé à Montréal)… Repas japonais avec les enfants et D., à Saint-Pierre. Vidéo avec Prèle et la petite Alima, malicieuse et drôle.
Le temps est court avant le 21 et pourtant il ne m’a jamais paru aussi long !
Couchée une journée entière avec l’impression d’un bras arraché et les mêmes maux de tête qu’avant mon départ… Heureusement il fera soleil demain.

Semaine 3
Retour de C. Grand ménage et dernier adieu à la varangue et sa vue sur l’océan, les champs de canne et les vergers. Un merci à ce lieu porteur d’écriture où j’ai pu renouer avec la fiction entreprise il y a des mois et que j’entends poursuivre. Soirée organisée par Léo et François pour que je rencontre des gens du cru susceptibles d’éclairer l’écriture de mon récit qui se situe dans les années 80 à La Réunion. Je m’apprête à quitter la maison de C., le chat et la tortue ! Le jour tant attendu est enfin arrivé !
Escale pour une semaine dans un ancien spot de surf, les requins ayant fait fuir les surfeurs en masse (il y en a toujours qui s’amusent dans les vagues malgré les interdictions). Première journée tranquille, pour te remettre du voyage ! Jardin botanique du Mascarin, après la route des Colimaçons, qui mérite bien son nom. Et dimanche-plage, où l’on profite de la tiédeur de l’océan Indien.

Semaine 4
Journée à Saint-Paul, restaurant La Barque, assiette de poisson en tartare ou à peine grillé, glace sur un banc, dans le parc de la mairie, où les fontaines jaillissent heureusement pour nos corps surchauffés. Je trouve le moyen de tomber dans le seul trou que recèle le trottoir ! Un bracelet explosé et mon bras gauche amoché de nouveau ! Visite du cimetière marin et de celui des esclaves. Une stèle, un texte :
« Ici reposent ceux qui ont traversé l’océan. Après le rapt et le viol des corps entassés dans le ventre obscur des navires prédateurs. Ici reposent ceux d’Afrique… Femmes de Quiloa et de Zanzibar arrachées à leur terre natale, à leurs dieux, à leurs danses, à leur sagesse ancestrale, hommes et enfants des terres rouges des hauts plateaux. Guerriers Antandroy, Sakalaves. A coups de fouet, avec les chaînes, les fusils de la haine raciale et du commerce innommable. Perdus au fond de l’abîme. Mille ans de violence Mille ans de solitude l’horreur tempête l’espace. Interdit de respirer l’air frais, de chanter de danser, de battre tambour de vénérer vos ancêtres. Dans l’aube naissante, malgré le désarroi nous porterons vos sacrifices et vos murmures dans un roulement de tambour Jusqu’à l’a cime de l’océan libre. »
J. Beng-Thi, 20 décembre 2013.
Grand Anse, lieu de repos, étape familiale, où nous pique-niquons. Jamais vu autant de paille-en-queue ! Les photographier est un défi que je tente de relever… Départ pour Saint-Philippe et une vanilleraie, L’Escale bleue, puis les coulées de lave à Tremblet, le puits des Arabes et le Cap méchant.


Journée à Cilaos, descente à la cascade de Bras-Rouge, resto Le Petit randonneur où nous dégustons un étonnant vin de Bordeaux avec notre rougail saucisses et les fameuses lentilles du cirque, puis montée à l’Ilet à Cordes où la magie n’opère pas.
Les quais de Saint-Leu s’animent en fin de journée, la présence des surfeurs attire les spectateurs, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes devisent une bière en main assis sur les murets ; nous admirons le coucher de soleil, j’espère le rayon vert, mais non. Départ du gîte, après une semaine devant l’océan et dans le bruit de la nationale… Dernière baignade à Saint-Leu. Coup de soleil éclatant… Contents de découvrir le gîte de Sébastien, dans les hauts de l’Etang-Salé. Pluie en soirée, un peu de fraîcheur.
Matinée de dimanche à Saint-Gilles avec enfants et petits-enfants pour admirer les dauphins… Les pauvres n’ont pas le pied marin et leurs mines sont toutes chiffonnées quand j’espérais de grands sourires ! Enfin, les beaux animaux aux corps dansants et brillants accompagnent le bateau et c’est une grande émotion de les admirer pendant une vingtaine de minutes (ce qui me demande quand même d’oublier le sacrifice écologique pour résoudre la dissonance intellectuelle…).
Retour chez le toubib qui craint une capsulite rétractile… Séances de kiné au programme de cette fin de séjour. Pour couronner le tout, on annonce un cyclone…



MS
Jolies photos, on s’y croirait… 🙂
@ Dominique Hasselmann 😉🙏
@ brigitte Célérier Bonne dégustation ! Merci encore de me lire…
jee ne peux que souhaiter un peu de calme à ce bras (et déguster le reste)