
debout sur une chaise, essayage d’une robe en laine, ça gratte, ça pique ; une salle de restaurant, au bord de la mer, les pattes des crustacés craquent, la chair blanche et savoureuse, c’est les premières vacances ; la cour devant la maison, une bête gît sur le flanc, une drôle d’odeur et des grands yeux noirs : c’est la mort qui la regarde ; une file indienne d’enfants dans une annexe de la mairie, en slip et chemise, poids, taille et l’aiguille dans les chairs tendres ; le corps du Christ, l’hostie colle au palais, l’enfer n’est pas loin si on croque le corps divin ; une trappe qu’on ouvre, un grand trou noir, des escaliers glissants, une odeur de moisi, j’ai peur ; chaussettes blanches et souliers vernis, j’ai froid dans ma nouvelle robe d’été, mais c’est Pâques ; un grand champ de coquelicots, cueillette d’un bouquet et plein de taches sur ma robe du dimanche rose et blanche ; distinguer la main droite de la main gauche ; alors mimer le geste d’écrire avec la main droite de la maison à l’église pour faire le signe de croix avec la bonne main, l’enfer est toujours là ; maman nous appelle, elle parle doucement, un gros paquet blanc dans les bras qui se met à pleurer, c’est notre nouvelle petite sœur ; pieds rougis posés sur la porte ouverte du four, mains tendues, on se réchauffe, odeur du pain grillé beurré, parsemé de copeaux de chocolat, récompense de l’hiver ;
Autrice : Liliane Paffoni