
Texte issu du stage d’écriture à La Ronceraie, en Lozère, mai 2022. Autrice : Monika Espinasse
Nourriture
Nom féminin, mot de quatre syllabes en comptant le e pourtant muet, mot sans musique, je ressens juste une cadence, un rythme souligné par les roulements des trois r…
Le Petit Robert décline : « ce qui entretient la vie d’un organisme en lui procurant des substances à assimiler »
Eléments essentiels pour la vie, substances pour la subsistance, la survie, la perpétuation de l’espèce, la base de l’alimentation de survie peut être trouvée dans la nature, il suffit de se rappeler les conditions de vie des premiers hommes de l’histoire, cueilleurs, chasseurs, puis éleveurs, agriculteurs.
La nourriture besoin a évolué dans l’histoire, plantes, graines et fruits, ajout de viande crue, puis cuisson dans le feu, confection de pain…avec les siècles, les recettes se sont étoffées, compliquées, les aliments se sont diversifiés, les hommes sont devenus exigeants, gloutons, les menus sont devenus riches, voluptueux, les utilisateurs sont devenus consommateurs, ceux qui avaient les moyens se gâtaient sans gêne – on pense à Marie-Antoinette qui conseillait aux gens de la rue la brioche pour remplacer le pain – le peuple survivait, les riches se gavaient, la nourriture comme classification, aux pauvres le basique, le strict minimum, aux riches les plaisirs et excès.
Mais laissons là l’histoire, revenons à notre nourriture. Nourriture besoin et nourriture plaisir. Car le plaisir peut se trouver aussi dans un plat tout simple, une purée maison peut être une fête, une omelette mousseuse un régal. Pas besoin de champagne et de caviar pour être heureux. Et les recettes se développent, se rajoutent, se passent de famille en famille, de livre de cuisine jusqu’à internet, chacun trouve ses plats et ses ingrédients, le savoir-faire de maison est à nouveau prisé. Les souvenirs d’enfance nous imprègnent, saucisson de la ferme, patates à la poêle, crèmes douces et sucrées. Les voyages nous révèlent de nouveaux plaisirs, des goûts différents, italien, espagnol, mexicain ou thaï, on retrouve tout chez soi. Nourritures terrestres oh combien agréables, nécessaires au plaisir de vivre.
Nourritures terrestres, un thème que André Gide a embrassé, évasion lyrique, réflexion sur la vie, ses besoins et ses joies. Glorification du désir et des instincts ou apologie du dénuement comme il se plaît à le dire dans la préface, en tout cas une profusion de nourriture, un inventaire passionné de ce qui se voit, se regarde, s’entend, s’écoute, se mange, se consomme, tout ce qui peut satisfaire les désirs les plus secrets.
Nourriture à profusion, l’esprit en exige aussi, une fois que la panse est satisfaite. Je lis, tu lis, ils lisent, les livres appartiennent au bien-être, les tableaux de maître procurent une satisfaction intense, la musique nous transporte autant qu’une douceur chocolatée. Des notes égrenées dans l’air, des accords puissants qui remuent jusqu’au fond du cœur.
Des voyages qui nous nourrissent, des rencontres qui nous animent, des paysages qui nous apaisent, chacun ressent ses besoins, cherche ses plaisirs, trouve ses aliments de survie, terrestres, spirituels, à chacun ses émotions, ses saisons, son espoir, son jardin. A chacun la mesure de son bonheur.
Codicille : à revoir en personnalisant (exemples, recettes à développer, déclinaisons…)
Autrice : Monika Espinasse