
La vague
Le sable, peu à peu tiédi par le soleil naissant, le sable sous les pieds. Quelques pas en avant, la sensation – de façon surprenante, agréable – que l’on s’y enfonce avec douceur. Hésiter maintenant serait ridicule, oui, et inutile de surcroît ! Mais inutile pour qui et pour quoi ? Encore quelques pas, et le plaisir revient en mémoire des jeux de la plage, il y a semble t’il une éternité. Des jeux partagés si souvent avec son frère et sa petite sœur.
Mais ne pas faiblir, devant lui, en lui, le chemin qu’il s’est tracé, encore quelques enjambées, après tout le plus dur est déjà fait ! Ne pas être l’homme qui renonce, être fort cette fois, cette fois pour toutes les autres fois ! Aller vers l’avant, vers cet avant si froid, mais libérateur…
Et brusquement, malgré lui, malgré tout, la vision de ses deux filles sur cette plage, l’écho si vivant de leurs rires, de leurs cris, de leur joie. Mais d’où surgit soudain cette joie là, qui l’atteint lui, ici et maintenant ?
Ironique et sentencieux, voilà que s’impose, ponctuel, le bourdonnement dans le ciel de l’Airbus matinal arrivant de Paris. Dans sa poche, le métal est froid, étranger, hostile.
Une faiblesse lourde tombe sur lui… puis un éclair, une volonté, dans l’instant.
Ensuite loin devant lui, dans l’écume blanche des vagues, la chute silencieuse et la disparition rapide de l’objet métallique.
Léger maintenant, en cet instant là absolument léger, suivre des yeux le vol de l’avion vers les pistes, vers les hangars, refluer, reprendre son chemin.
Auteur : Guy Castelly
Comme thème de stage, j’avais proposé « Le mouvement ». Et sans entrer dans le détail des propositions, le mouvement s’appliquait aussi bien aux situations qu’aux personnages, à leurs discours ou encore à la « technique » d’écriture.
MS