C’est un rêve récent que celui des cancrelats… Il date de la fin décembre. Je ne sais pas à quoi le raccrocher, il est jeté dans mon carnet, sans date. Mais les jours précédents, j’avais appris que la neige tombait en tempête au Québec où est ma fille aînée, et qu’à La Réunion, où se trouve la seconde, les inondations étaient dramatiques.

Je suis allongée dans une chambre, la nuit. Je me réveille, dans le clair-obscur, j’aperçois un cancrelat sur le mur. J’envisage de l’écraser, d’éclairer la pièce pour le faire fuir. J’ai peur qu’il y en ait d’autres. Mais je ne veux pas réveiller l’homme qui dort près de moi (je ne sais qui il est). A l’aube quand le jour s’épaissit, le cancrelat est toujours là, il m’a l’air explosé, comme si quelqu’un avait jeté une charge sur lui. Pourtant un peu plus tard, je le vois se déplacer, il descend le long du mur, il sait que je l’observe, ses longues antennes fines me le disent. Il a peur, il est méfiant.
Dans la foulée, je me trouve dans un bus ou autre véhicule, en surplomb d’une route bordée de jardins potagers, petits, étroits, accolés à des masures en paille, auxquelles succèdent des carrés d’herbes folles. Ma sœur B. est avec moi. Je prends des photos en plongée. Ici on parle espagnol. B. ne comprend pas, je traduis. A un carrefour, alors que nous sommes arrêtés, les cancrelats réapparaissent. Le paysage et les gens sont « normaux », mais les cancrelats sont là comme posés dans l’air, sur un mur invisible. Une femme (ou un homme) avec laquelle nous discutons nous dit qu’ils seront toujours là, qu’il faudra faire avec eux, apprendre leur langue, que nous dialoguerons, que nous ferons communauté.