Carnet d’écrivain #18

Une proposition pour un dimanche ! Recopier, c ‘est facile. Mes premiers carnets de lectures avant l’ordinateur et même longtemps après, sont remplis de phrases issues de mes lectures, classées par thèmes et réparties ensuite dans un répertoire abandonné avec la prise de notes sur Mac. En atelier, il m’arrivait de faire recopier une phrase ou deux, de Claude Simon notamment, ces longues phrases à incises entre parenthèses pour ce que le temps est donné de les « ressentir ». J’avais en tête ceci dans la bouche de Claude Simon : « J’étais hanté par deux choses : la discontinuité, l’aspect fragmentaire des émotions que l’on éprouve et qui ne sont jamais reliées les unes aux autres, et en même temps leur contiguïté dans la conscience. Ma phrase cherche à traduire cette contiguïté. » Je ne sais si j’ai jamais été comprise dans cette entreprise de recopiage. Bref. La proposition du jour m’a donc réjouie.

@ Marlen Sauvage 2019

« Mes bonnes dispositions n’ont ni le temps, ni la permission de s’épuiser naturellement ; les mauvaises, en revanche, en ont plus qu’elles n’en demandent. Or, ainsi que je peux le calculer d’après ce Journal, je souffre d’une disposition de ce genre depuis le 9, cela fait presque dix jours. Hier, une fois de plus, je me suis mis au lit avec une tête pleine de feu, j’en venais déjà à me réjouir de ce que la mauvaise période fût terminée, et à craindre de mal dormir. Mais cela a passé, j’ai assez bien dormi et mon sommeil est mauvais. » Attrapé, aussitôt la consigne lue, ce Journal posé sur mon bureau, ouvert sans réfléchir page cent quatre-vingt dix-sept et recopié le paragraphe sur lequel mes yeux se sont posés. Un coup d’œil à la date : 18 décembre, l’année je ne la connais pas et tourne les pages à rebours, pour m’apercevoir presque aussitôt qu’elle est mentionnée en petites capitales – année 1911 – en haut à gauche sur la ligne de la pagination. Je suis au soleil sur la terrasse, au sud, il est 9 h 10 exactement quand je commence à recopier ces phrases publiées par Les Cahiers Rouges, chez Grasset, traduites par Marthe Robert. L’air est chaud, le thermomètre annonçait ce matin onze degrés à huit heures et demie. Le coucou coucoule tout près, une pie jacasse au loin, un chien aboie.

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