Ils ont slamé leur poésie

Tout arrive. Les textes des slameurs du collège Achille Rousson sont ici (St-Etienne Vallée française, 48). Slamés en juin dernier pour les adieux… Publiés avec leur accord.
Ne savais-tu pas que des millions de gens meurent en Afrique
Ne savais-tu pas que dans le monde il y a autre chose que toi
Que des gens meurent de faim et de froid
Des femmes se font battre, violer, vitrioler
Des hommes se font exploiter, frapper, torturer
Ne savais-tu pas qu’on a une vie paisible
Malgré tout ce qui se passe on est tranquille
Ne savais-tu pas qu’il n’y a plus d’emplois
Que des gens se retrouvent sans toit
Des pays aujourd’hui encore sont en guerre
Et nous on ose parler de misère
Ne savais-tu pas que dans des pays on s’tait
Qu’il n’y a pas moyen d’exprimer ses idées
Ne savais-tu pas que les enfants n’ont pas le droit à l’enseignement
Alors que nous on fait les cancres en Occident
Ne savais-tu pas que la couche d’ozone est touchée
Que l’on risque tous d’y rester
Ne savais-tu pas que le réchauffement climatique
N’est pas un mythe mais bientôt au stade critique
Maintenant que tu sais tout ça
Regarde mieux autour de toi

(Auteur : Mélissa, « Egoïste ignorant »)

J’ai oublié

J’ai             oublié                         d’éteindre la lumière
en partant

J’ai             oublié                         de fermer l’eau
en me brossant les dents

J’ai             oublié                         de couper le moteur
de la voiture lorsqu’elle etait arrêtée

J’ai oublié de débrancher mon ordinateur
en sortant

Ça va, c’est pas moi qui paye la facture

En attendant, en Afrique ou ailleurs
les gens disent plutôt :
J’ai oublié de manger a midi…
et hier aussi…

(Auteur : Elisa)

L’Avenir est un défi
C’est une quête constante, épuisante, à laquelle je ne peux me dérober.
L’Avenir est un inconnu, que je peux craindre ou au contraire aimer
et m’amuser à habiller d’espérances et de projets.
L’Avenir est un salaud,
Il me force à remuer ma carcasse,
à changer pour lui, à devenir une autre,
sans quoi je resterai bloquée dans mon passé.
L’Avenir peut prendre la forme de ce que je veux,
se modeler selon ma volonté.
L’Avenir est un inconnu,
qui m’effraie en me séduisant, qui m’attire en me repoussant.

(Auteur : Diane)

Hier
Hier je dormais
Aujourd’hui, je respire
Enfin j’ai décollé de cette toile
Sans soupir
Je ne veux pas rester en face
De l’étrange carcasse
Qui restera de moi si je m’attarde,
Je calcule aujourd’hui le défi
De l’avenir
Comme le pommier d’automne
Si je ne fais rien je perds mes pommes
Je suis inquiet pour le passé
Et le futur me séduit
Je pense bosser
Pour avoir ce dont j’ai envie
Je le décide aujourd’hui
J’ai bien compris que ce n’est pas fini
Mais ce savoir m’aidera
A faire valoir mon bon vouloir

(Auteur : Julien) 

Sans ami
On marche sans but
Sans projet, sans idéal
Chaque heure dure 666 minutes
Dans un vide intersidéral
On ne peut plus parler ni rire
Sans ami
Cent états d’âme
Toute ma vie est un drame
Plus de complicité plus de paysage
A la vie
A la mort
Toi mon ami
T’es comme un ange
Avec toi plus rien n’est étrange

(Auteur : Thibaut)

 

Ami un jour, ami toujours.
Cette vieille promesse est restée.
Même si la vie nous joue des tours
Nous l’avons toujours respectée.
On s’est fait rire,
On s’est disputé
Je t’ai écouté
T’as beaucoup parlé.
Je t’ai raconté tous mes malheurs.
T’as su les garder dans ton cœur.
Jamais mot tu n’as soufflé
De la tempête de mes secrets.
T’as toujours été près de moi
Quand j’allais mal plus d’une fois.
Il n’y a jamais eu de grosse trahison
Mais de l’amitié à profusion.
Seul toi connais mes faiblesses comme mes points forts
Et me contredis si bien lorsque j’ai tort.
Nous sommes les mêmes
Nous sommes liés
Par un sentiment plus que sacré.
Tu lis dans mes pensées comme dans un livre ouvert
tu me fais m’évader, tu me changes d’air.
Il n’y a que toi qui peux comprendre
Quand je n’ai rien envie d’entendre.
Il n’y a que toi, il n’y a que nous.
Ensemble, plus fort que tout…

(Auteur : Melissa)

Une tache de sang, une tache.
Des mots, des injures que tu rabâches.
Encore et encore sans relâche, lâche,
Jusqu’à ce que le bonheur
tu m’arraches.

La haine, la haine s’installe
La confiance vaut plus que dalle !
Moi qui te pensais formidable
N’ai pu éviter l’inévitable

Je te l’avais donnée la clef,
La clef qui savait m’ouvrir
Tu n’as pas su la garder
Et je ne puis que souffrir

Il n’y a plus d’attachement
Je t’aimais étonnamment
Je ne fais plus de fantaisies
Je cherche un peu de poésie

Cela frêne ma léthargie
Ma léthargie n’est que folie
Tu étais oui un vrai frère
Un pote avec qui parler
Mais tu n’as pas su te taire
Tu as mis à la lumière
mes secrets.

(Auteur : Melissa)

Dans la bouteille tu trouves du réconfort.
Une mélancolie ivre jusqu’à l’aurore.
Tu noies toujours dans ta chope de bière
La liqueur de tes soucis en un goût amer
Mais tu ne comprends pas que ton allégresse
N’existe qu’aux travers de ta noble tristesse
La putain de boisson est ton exutoire.
Elle a le caprice de te laisser choir
Complétement, elle fait de ta face un débri
Car elle est surtout ton plus grand ennemi
Ce poison crée un monde fabuleux
Où tout ne peut être que merveilleux.
Son whisky, son rhum, sa vodka ou son vin
Font les fameux fers qui fondent ta fin.
Un peu sadique est ton fatal plaisir
Puisque tu t’épuises vainement à souffrir.
Ton simple regard est devenu vide
Ton sombre visage est marqué de rides
Tes joues pleines sont devenues arides
Ton teint éclatant est maintenant livide.
La vie s’efforce de couler lentement
Alors que tu aimes à perdre ton temps
Dans ton monde libre et imaginaire
Où toutes tes plaintes ne sont qu’éphémères
Un flot de rancune te boit rapidement.
Ton cœur est une boîte à ressentiments.
Autour de toi volent des espèces de charognes.
Plutôt que de t’aider ils te traitent d’ivrogne.

(auteur : Mélissa)

Ce qui m’énerve c’est ça
Que l’on juge quelqu’un que l’on ne connaît pas
Sur ses origines ou sa religion
Sur ses choix ou sa nation
Les mots ont le pouvoir de blesser
Et les cons de critiquer

Ce qui m’énerve c’est ça
Parler, parler, parler pour ne rien dire
Parler à en mourir

Un homme on ne peut pas juger
Juger sur ce qu’il est
Car il n’a rien demandé
Qu’un petit peu de silence
Le silence ça sert à quoi ?
A éviter aux ignorants
De déverser le sang

Certains devraient le fréquenter
Car la parole en a assez
D’être utilisée a tort
Quand on la prend et qu’on la tord

Je suis, tu es, nous sommes
Car nous sommes tous des hommes
Lassés, lassés des préjugés
Marre, marre, de ces bavards
qui ne savent pas ce qu’ils disent

 Ce qui nous énerve, c’est ça

(Auteur : Melissa)

Un canapé en cuir
Des fauteuils
Une télé
Une bibliothèque
Une table en morceaux
Le vaisselier gratté par le chat
Une peinture horrible
Un tabouret casse-gueule

Ma sœur

Ma chaise de bois
Ma playstation
Ma table basse
Ma fenêtre
Les jouets d’mon p’tit frère
Les rideaux arrachés par le même chat
Les coussins peu confortables
Le carrelage glissant
Le placard bien rempli

Les perles de ma mère

Une guitare monocorde
Le jouet du chat inutile
La vue sur la cour déserte
Une grande porte qui explose les doigts
Des jeux de société
Un lapin crétin, moche et serein
Un meuble à chaussures vide
Des chaussures devant le meuble
Des vieux parapluies
La porte de mon placard
Mon placard
Mon nutella
Le vélo d’mon frère
Son horrible klaxon
Une trottinette
Un patin à roulettes
Un jouet cassé et mâchouillé
Une rédaction coloriée
Une punition sur une table

Un petit frère aux fesses rouges

Un ballon passable
Un action-man farouche
Une couette sommnifère

Un gentil petit frère

(Auteur : Julien)

Elisa

Un arbre
Un tilleul
Une graine plantée à ma naissance
Avec de majestueuses branches
Une toute première feuille
Les prémices d’un ange.

Un arbuste
Un centenaire
Un faiseur de tisanes
Un morceau de bois dans la terre.
Des yeux dans l’écorce
Un sourire dans les branches
Des bras regorgeant d’oiseaux.

Deux enfants nés en même temps
Un homonyme végétal.

(Auteur : Diane)

Quand la faim entre en collision
Avec mon imagination
Je mélange sucré et salé
La farine et l’acidulé
Je crée une panoplie d’odeurs
Que j’associe à des saveurs
Mes ingrédients sont mes souvenirs
Je veux créer un elixir
De tous ces bons moments passés
Avec ceux qui vont le manger
Que ce parfum leur fasse penser
à un moment très gratiné.
Que l’amer leur rappelle la mer
Et que le sel les remette en selle
Mais quand ma mixture est achevée
Je vois leurs mines dégoûtées
Pourquoi mon p’tit plat les débecte ?

C’est simple : il est infect !

(Auteur : Diane)

Une sucette au goût artificiel
Des couleurs de l’arc-en-ciel
Des chewing gum, des carambars
Achetés au tabac-bar
A la sortie du collège
Pas besoin d’un grand manège
L’attraction c’est les bonbons
Petites filles ou grands garçons
Ont chacun dans la bouche
Un souvenir qui les touche
Car il nous rappelle notre enfance
Et les toxines de l’insouciance.

(Auteur : Mélissa, « Sweet memories »)

 Tu passes ton temps à blablater
Poil aux pieds
Et tout est un drame avec toi
Poil aux doigts
Ton passage est comme une tempête
Poil à la tête
ça m’donne des envies d’homicide
Poil au bide
Et puis soudain, tu r’deviens ange
Poil aux hanches
Mais c’est pour mieux recommencer
Poil au nez !

(Auteur : Diane)

Participants à l’atelier Slam : Basile, Diane, Elisa, Julien, Melanie, Melissa, Samuel et Thibaut. Les textes slamés ont été sélectionnés par les collégiens.

« Les ciseaux bleus découpent le ciel »

Fin d’année au CP… Vingt-trois paires d’yeux grands ouverts… Vingt-trois petites têtes dont il faudra se souvenir des prénoms… Quatre séances de 2 heures réparties sur 3 semaines…  On repère tout de suite bien sûr les plus audacieux, une poignée, et il y a tous les autres, les timides, les tête-en-l’air, les bavards, les « pas concernés »…
Nous en avons bougé des tables, rapproché des chaises, pour nous retrouver « entre nous », tentant de repousser les murs de la classe pour faire de cet atelier un espace
de jeu autour des mots. 
Tout n’était pas acquis en raison de la taille du groupe,
des temps de récréation à respecter, de la difficulté de certaines propositions…
Pourtant, à la fin de l’atelier, tous avaient parlé, écrit et dessiné, tous étaient fiers d’eux, et vingt-trois mains se levaient pour me demander de photographier les dessins réalisés. Extraits.

Les ciseaux bleus découpent le ciel.
Le coquelicot rouge monte dans le train pour aller à la mer.
Le creux noir de l’arbre mange le nombre rouge jusqu’à quatre-vingt-dix.
Une abeille jaune a peur du noir et pique la nuit.
Le sapin lit un livre rouge avec un flamant rose aux plumes bleues.

A partir des Voyelles de Rimbaud, nous avons tenté de mettre une couleur sur les mots, puis nous avons envisagé de modifier notre regard sur les arbres, en nous inspirant de Dubuffet :

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Nous avons aussi rêvé d’un pays imaginaire et d’une carte postale que nous adresserions à un ami…

Je suis partie* à Bonhomme où toutes les maisons sont rondes. J’habite dans une maison ronde où le poêle ne veut pas s’allumer. Il y a des arbres carrés, les sapins sont tombés, le froid, le vent, les a blessés. Les arbres carrés sont rouges. Un jour, une tempête n’a laissé debout qu’un seul arbre, c’était un arbre géant. Sa cime allait presque jusqu’à l’espace.

Dans ce pays de Bonhomme, des éléphants bleus vivent dans les arbres. Ils sautent de branche en branche. Les garçons ont des têtes plates et les filles ont des têtes carrées. D’une manière générale, tous les habitants ont les pieds ronds et les mains rondes. Les animaux ont des corps de chat et des têtes de poisson. Peut-être que ce sont de vrais poissons-chats ? Des lions à la tête triangulaire chassent les chats-poissons ou les poissons-chats jusque dans les poubelles grises, à côté des maisons. Les chiens à la tête rectangulaire ont des lunettes au bout de la queue. Au printemps, le pays de Bonhomme sent bon  la noix de coco, la cerise, la rose et le coquelicot, la fraise, la framboise, la mûre, le miel, la banane, la myrtille. En revanche, dès que l’automne arrive, ça sent franchement mauvais : le crottin, la crotte de chien, et pire encore, le fromage-qui-pue.

*C’est une petite fille qui a démarré l’histoire, puis une phrase après l’autre, les enfants l’ont poursuivie.

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Puis les enfants ont écrit encore quelques phrases à partir de papiers tirés (extraits) :

Au cœur de l’univers, l’arbre papillon lointain écarte un nuage rouge cerise.
Rien n’est plus étonnant qu’un lilas jaune canari juste après l’arc-en-ciel.
Il y avait au pied de l’arc-en-ciel un palmier beige clair comme une page coloriée.
Rien n’est plus stupéfiant qu’un bambou rouge grenat dans le froissement des feuilles.
Il y avait au coin d’une rue un cerisier gris perle comme un ami désolé.
Rien n’est plus majestueux qu’un cocotier bleu turquoise au commencement du monde.
Au-dessus d’un nuage, un chêne souple ondulait comme un chameau orange.
Rien n’est plus éblouissant qu’un bambou rouge sang quand chantent les cigales.

Merci à Aurélien, Aymie, Bilel, Dimitri, Elisa, Esteban, Eva, Giulio, Hania, Jonathan, Justine, Manon, Mathias, Mélusine, Melvyn, Noélie, Numa, Sami, Tony, Tristan, Yanis, Yassine, Zian, élèves de CP de la classe de Cécile Chapel, à Florac.

Auprès de leur arbre…

Les textes qui suivent ont été recueillis auprès d’une classe d’enfants de 6 à 7 ans alors que nous travaillions autour du thème de l’arbre. L’essentiel étant bien sûr de s’amuser avec les mots, l’arbre nous a emmenés parfois là où nous ne l’imaginions pas.

Pourquoi les arbres ont-ils une écorce ?
Parce qu’ils ne veulent pas qu’on les voit tout nus.

Pourquoi certains arbres ont de gros troncs ?
Parce qu’ils ont mangé trop de frites.

Allitérations rigolotes
Le roi et la reine grimpés dans le poirier mangent leur radis en rigolant.
Lorsque le palmier pousse, des pièces d’or dégringolent dans l’eau.
La lune jaune est comme une banane posée dans le nid sur le noisetier.
Un écureuil énervé dans le séquoia essaye d’attraper une étoile.
Dans un ballon, le bouleau bricole une bouteille.
Le chocolat est dans le cœur de Chiara et Chiara pêche des coquelicots.

La vie en couleurs
Monsieur Vert regarde Madame Bleue dans le blanc des yeux. Il lui dit : « Tu sais que la nuit, tous les chats sont gris ? ». Elle lui répond : « Je t’aime ! Regarde, l’été vient, il y a de l’herbe verte dehors… ». Et aussitôt, Madame Bleue enfile un manteau violet pour partir acheter des fleurs.  Monsieur Vert, qui la regarde, découvre le pot aux roses… Il comprend qu’il fait froid et que la venue de l’été n’était qu’une blague. Il fait froid ? Allez, Monsieur Vert décide de préparer un pot-au-feu. Quand son plat est cuit, il écoute France Bleue Gard Lozère sur son poste noir. C’est sa station préférée ! Il l’écoute tellement fort que le mur bleu de sa cuisine s’écroule. Monsieur Vert a eu une peur bleue ! Heureusement, il n’a rien. Il s’asseoit sur sa chaise blanche et réfléchit : comment réparer ce mur bleu ? « Mais oui. Avec les cubes verts, ce mur, je vais le refaire. » Madame Bleue toute contente rentre à la maison, un bouquet de violettes, de jonquilles et de boutons d’or sous le bras. Quand elle aperçoit les gravats par terre, elle devient rouge de colère. Pour être exact, il faudrait dire « rouge comme une tomate ». Elle se retourne vers Monsieur Vert et lui demande de reconstruire immédiatement une nouvelle maison. Que croyez-vous qu’il répondit ? « Oui, car tu es belle comme une étoile ».

Phrases poétiques (hasard et travail de mémoire)
J’aime le feuillage orange dans la barque oubliée.
J’aime les veines violettes au milieu des étoiles.
J’aime les oiseaux jaunes citron sous les vents alizés.
J’aime les fruits gris dans la brise secrète.
J’aime les forêts marron clair à l’horizon rougeoyant.
J’aime les étoiles vert émeraude derrière la fenêtre.
J’aime les fleurs écarlates parmi les flammes mortes.
J’aime les écorces beiges dans le silence immobile.
J’aime la mer dorée à travers la muraille.
J’aime le sable jaune d’or au-dessus des nuages.

J’avais proposé aux enfants comme support de dessin les peintures sur écorce des Aborigènes australiens que l’on pouvait admirer au musée du quai Branly à Paris en 2010/2011. Et dont certaines sont reprises dans le catalogue publié lors de l’exposition La Fabrique des images, Somogy, éditions d’art. Les résultats ont été surprenants !

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Cette animation écolière a été financée par le Parc national des Cévennes.

20010/Animations écolières à Florac

 Le thème imposé de ces jeux imaginés pour les classes de CP de l’école publique de Florac était celui du Moyen Age… Et comme le projet des institutrices était le jardin, nous avons allègrement conjugué les deux pour parler du jardin au Moyen Age. 

Nous en avons vu des choses en l’espace de deux demi-journées : la forme des jardins, leur emplacement, leurs clôtures, les jardins des riches et ceux des paysans ; les plantes, les légumes et les fruits qui y poussaient ; qui les cultivait et comment on travaillait la terre, les baumes, les pommades, les onguents, les philtres, et toutes mixtures fabriqués par l’apothicaire… Mais celle et ceux qui nous ont tous réjouis furent bien sûr la sorcière et tous ces jardiniers fantasques qui tentent de semer des mots…

La potion de la sorcière

La sorcière part au marché
Acheter du chèvrebier
Qu’elle met dans son panier.
Elle ajoute du jus de crevette
Et un peu de pissenlette
Du poisson pourri,
De la poudre de souris,
Un œil de crapaud,
Un demi-litre de menlicot
Quelques dents de chauve-souris,
Deux oreilles d’âne
Une pointe de chouriane
Une patte de girafe et une queue de rat
Des poils de chien, du serpent séché
Sans oublier des crottes de nez.

Elle utilise cette recette pour empoisonner ceux qui l’embêtent !
Selon les cas, elle ajoute de la bave de crapaud, et hop ! le prince disparaît ; du jus de grenouille, et elle transforme le crocodile en oiseau ; une aile de chauve-souris… et elle se trouve un amoureux.

Un jardinier vraiment grognon
Dans son jardin sema le mot estragon
Que poussa-t-il des mots ou de l’estragon
Dans le jardin de ce pauvre ronchon ?

Un jardinier un peu pâlot
Dans son jardin sema le mot rose
Que poussa-t-il des roses ou des mots
Dans le jardin de cet homme morose ?

Les animations écolières dont il est question ici sont organisées à l’initiative de l’Education nationale, par une chargée de mission (Elizabeth Granier) en lien avec le Parc national des Cévennes.

2010/Un abécédaire avec des CP

Bruit de pages

Ils ont aimé ça les petits CP de l’école publique de Florac, revoir l’abécédaire, en fin d’année dernière, sous une forme ludique et imagée ! Le projet était celui de deux institutrices qui ont fait appel aux Ateliers du déluge pour animer les jeux d’écriture, à un plasticien pour les travaux de land-art, et à l’association Kaméléon pour la fabrication d’un livre réunissant l’ensemble des travaux.

Pour être plus précise encore, ce projet s’inscrivait dans une manifestation initiée par la Bibliothèque départementale de prêt de la Lozère, « Bruit de pages » dont l’objectif est de diffuser la connaissance sur le territoire lozérien en allant à la rencontre du public. En travaillant avec les bibliothèques du département, aussi. La bibliothèque de Florac était donc partenaire de cette initiative. Pour cette première édition de Bruit de pages, la thématique proposée était celle de l’environnement.

Petite promenade dans l’imaginaire des enfants des classes de Isabelle Agulhon et Anne-Lyse Mazauric

G comme Greffe
L’arbre-musicien jouerait de la musique dans le vent
Le caillou-magicien transformerait en bonne terre tous les cailloux du jardin
La rivière-pompier éteindrait tous les feux
La feuille-pâtissière fabriquerait des mille-feuilles !

Z
ZZZZ… ZZZZ… Ce matin-là, Aziza, la petite abeille à la robe rayée jaune
et noire, sortit de la ruche pour butiner quelques fleurs. Assoiffée, elle but une goutte d’eau sur une feuille de maïs et se sentit mal. Un bourdon,
qui vit tomber la petite abeille, la rattrapa et prévint la colonie. Les abeilles décidèrent de quitter la ruche, et l’essaim s’envola vers un jardin biologique où les propriétaires n’utilisaient pas de pesticides. Comme les propriétaires avaient une ruche vide, celle-ci accueillit les abeilles de la colonie.

Des mangas à Marvejols

Cette année à la Maison pour tous de Marvejols (48), il y avait des haïkus et des mangas au menu théâtre et spectacle de février 2011. 
Des ateliers théâtre avaient précédé la préparation du spectacle, pendant deux mois en mai et juin 2010, mais les enfants étant normalement constitués, il en manquait 6 ou 7 à l’appel en septembre. Partis pour d’autres activités.

Sans cesse sur le métier remettre son ouvrage…Les ateliers ont donc repris avec une quasi nouvelle troupe. Douze enfants motivés, heureusement, prêts à incarner successivement les rôles de récitants et de danseurs ! Car la nouveauté résidait aussi en cela : des intermèdes dansés, conçus par une vraie chorégraphe 😉

« Je m’appelle Aikiro » a pu exister grâce
à une fameuse équipe d’enfants,
un concepteur-co-écrivain-décorateur (Marc Guerra), une chorégraphe (Séverine Parouty) et un régisseur son et lumière (Hervé Chapion). Dans les coulisses, Lino
De Carvalho, disponible et souriant, un roc
sur lequel s’appuyer dans les moments
de doute !
Une projection d’images conçue et réalisée par Marc accompagnait le spectacle.

Photos ©M. Sauvage

Les enfants du Réjal

Ils avaient entre 62 et 95 ans au bas mot… Ils ont choisi l’enfance comme thème d’écriture et de parole parmi d’autres suggérés par leur animatrice et leur directrice.

Au Réjal, à Ispagnac (48), j’ai animé dix ateliers pour Jeanne, Marcelle, Josette, Suzanne, Joseph et Eliane. Tous ont parlé, voire écrit, sur le jouet de leur enfance, tous se sont retrouvés dans la cour de l’école, ont chanté les chansons du passé, se sont rappelé les métiers dans la famille, les expressions des parents, les odeurs et les sons qu’ils aimaient tout petits… Leurs textes résonneront à travers d’autres voix, pour un spectacle « maison ».
Merci à Dominique Gabeloux, directrice du Réjal, pour sa confiance ! 

Le pêcheur d’images, avec l’école de Vebron (48)

C’était en septembre 2010, Jules Renard était à la fête.

L’institutrice de Vebron voulait que les enfants de sa classe écrivent un conte à partir
du premier texte des Histoires naturelles (1896), « Le chasseur d’images », de l’écrivain morvandiau.

Les enfants lui préfèrèrent « le pêcheur d’images », parce que pêcher leur semblait moins cruel que chasser…

Après dix ateliers de 2 h 30 avec ces élèves de 6 à 8 ans, un conte est né qu’il a fallu dialoguer pour un spectacle. Et le spectacle a été représenté deux fois à Florac, sous-préfecture de la Lozère (tout de même !), à la Genette verte.

En dehors du premier texte imposé, j’avais choisi le dernier du recueil, « Une famille d’arbres », et proposé aux enfants d’écrire un conte où notre personnage, le pêcheur d’images, finirait par rencontrer ceux qui devaient être sa vraie famille. Entre les deux, mystère. Les enfants inventèrent un voleur de mémoire venu une nuit voler les images du pêcheur, un gragragnateur animal de compagnie du voleur, et d’autres personnages tous plus fantasques les uns que les autres.

Cadeau que ces ateliers, merci aux enfants, merci à Nathalie Massé, l’institutrice. Un autre, celui de Kelian : « Pourquoi tu dis toujours votre conte,
c’est notre conte »
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