C’est le titre d’un spectacle plein d’humanité, de poésie, de tendresse chanté, parlé par Renat Sette, accompagné à la contrebasse et au chant par Christiane Ildevert. En fait de dialogues, nous n’entendrons jamais l’oiseau (sauf grâce à quelques appeaux), et Renat nous emmène d’une enfance lointaine jusqu’à François d’Assise, Il Poverello, et à sa bienveillance envers la nature, les animaux et les hommes. On ressort de ce spectacle un peu plus optimiste et beaucoup plus joyeux ! Le texte, splendide, est de Vincent Siano.
« L’oiseau de confidence et de confiance qui entre en nous comme on entre en fraternité non seulement par affection mais aussi par nécessité. »
Et ça s’est passé dans un village de la Drôme, Saint-Sauveur-de-Gouvernet, dans le cadre du festival Contes et Rencontres (34e édition)…
Je n’ai rien emporté d’autre que mon appareil photo. Pas un carnet, pas un ordinateur. Six jours hors de chez moi dans le nord de la Drôme pour garder une enfant de trois ans. Exit toute velléité d’écrire dans ce blog bien que nous étions deux. J’ai privilégié la rencontre. Et quelle récompense ! C’est l’enfant seule qui décide d’une quelconque complicité, rien ne vous appartient, vous ne maîtrisez rien. Vous êtes celle qui peut endormir, coiffer, câliner… Vous êtes celle près de qui on se glisse dans le lit le matin, celle que l’on imite, celle à qui l’on confie ses gros chagrins. Des liens se tissent autour du choix d’un bol quand par bonheur vous proposez le préféré, autour d’un repas de fromage blanc au sucre roux parce que c’est exceptionnel n’est-ce pas un dîner au fromage. Nous en avons quand même profité pour nous balader dans la campagne environnante. Et à Comps en particulier, dont un panneau signalait une église romane, l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, édifiée vers le milieu du XIIe siècle.
Quelques pas dans la nature en attendant la réunion amicale pour un anniversaire de mariage (50 ans, quelle aventure !), et c’est l’automne qui bouscule le regard. Un lac… celui de Cornillon-sur-l’Oule, dans sa splendeur solitaire, loin des touristes qui l’envahissent chaque été… On l’appelle Le Pas des Ondes, joli, n’est-ce pas ? Et l’origine du nom proviendrait de la cluse en aval des plans d’eau. Car il y en a deux : un pour la baignade et un pour la pêche. [J’imaginais que l’on faisait référence à la lente déambulation du cours d’eau qui a creusé la montagne… Et bien non ! Le « pas » n’est rien d’autre qu’un col…]
Il reste toujours des oubliées ! Rien de spectaculaire, mais juste pour le partage.
Place de la Comédie, cet immeuble où se reflètent les façades opposées, le jeu du métal et du verre… La montée de la Grand’Côte, arpentée dans un sens puis dans l’autre, trois fois, à la recherche d’une petite galerie finalement trouvée, mais où les peintures avaient été trop hâtivement décrochées… Les ocres de belles maisons anciennes quelque part dans une traverse de la rue Edouard-Herriot, et puis cet arbre-fleurs tout kitchounet, splendide derrière les jets d’eau. Une œuvre de l’artiste coréen Jeong Hwa Choi.
Lyon en couleur, cette fois, et l’on peut s’étonner de celle des ciels… Le gris du samedi, le bleu du dimanche !
Sur la stèle située au bas de la tour (photo de droite) on peut lire : « Ici s’élevait l’hôpital de la Charité dont la première pierre fut posée en 1617 et qui servit de modèle à de nombreux hôpitaux. Il fut édifié par l’Aumône générale fondée en 1533 grâce à la générosité publique pour venir en aide aux Lyonnais dans la détresse. Le clocher fut érigé en 1665. La ville de Lyon a voulu conserver ce monument en souvenir de l’hôpital démoli en 1934 ».
Parade…
Flâner, déambuler, se perdre… d’un bord de Saône à un bord de Rhône, des Terreaux à Bellecour… On est un peu écrasé par ces bâtiments haussmanniens, mais quelle beauté ! On se dit aussi que les lignes du trolley perturbent un peu la vision des façades, mais n’empêchent pourtant pas les muses de l’Opéra de prendre le ciel d’assaut. Loin d’avoir sillonné toute la ville… seul ce quartier du Lyon historique, traversé, arpenté, il y a si longtemps et oublié…
C’était Lyon sous un ciel bleu… bien que j’aie choisi le noir et blanc… Une journée à arpenter les rues du centre de la ville, à regarder flâner la foule du samedi, à s’imprégner d’une atmosphère de fin de semaine, propre aux métropoles je crois, avec des bistrots et des restaurants bondés, des dames arborant les sacs à la marque des magasins d’où elles viennent tout juste de sortir, des files devant les lieux de spectacles, des hommes désœuvrés assis sur des bornes de pierre, allumant une cigarette, des jeunes femmes en short de laine bouillie ou de faux cuir, aux jambes allongées, cibles de tous les regards, des enfants réclamant une gaufre ou une glace, des propos saisis au vol… Lyon, un samedi comme un autre.
Place des Terreaux, la fontaine Bartholdi.Notre-Dame de FourvièreUn voyageur intéresséEglise Saint-NizierPlace de la Bourse
Sur la route du retour de notre virée en Isère, à Chamrousse, un arrêt à Mens (on prononce « mince ») pour se restaurer. Petit tour dans le village surplombé par de magnifiques sommets, les ruelles sont vides – il fait encore grand chaud – la place de la halle est très belle… Au détour d’une rue, une exposition nous attend : « Albert Kahn autour du monde, 1909-1930 ». Je reste saisie de stupéfaction ! Il y a vingt-deux ans, à la suite de l’achat d’un recueil de photographies intitulé Irlande 1913 Clichés en couleur pris pour Monsieur Kahn, j’avais suivi le parcours des deux autrices du livre, de Galway à Glendalough, reprenant avec mon compagnon de voyage les mêmes clichés que ceux pris par les étudiantes, Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet. Ici, ce sont d’autres globe-trotters envoyés aux quatre coins du monde pour témoigner de ses changements à l’entrée du nouveau siècle qui revivent à travers leurs images. J’ai retenu ces six photos, il y en avait évidemment davantage. Pour info, le musée départemental Albert Kahn est à Boulogne-Billancourt.
Dans l’ordre de leur publication, de gauche à droite et de haut en bas, les autochromes sont signés :
Auguste Léon : » Trois petits bergers au bord de la route d’Avala. » Environs de Belgrade, Serbie, 27 avril 1913.
Stéphane Passet : Un cavalier près d’un cours d’eau, le Jalkhanz Kuthugtu Damdinbazar (?). Aux environs d’Ourga, Mongolie. 17 juillet 1913
Paul Castelnau : Fayz Bey el Azm, un compagnon de l’émir Fayçal. Quweira, Arabie (actuelle Jordanie). 2 mars 1918.
Stéphane Passet : Jeune chinois sur le Datongqiao (pont de la Communication Aisée). Faubourg est de Pékin (Chine). 23 juin 1912.
Léon Busy : Une prêtresse du culte des Trois Mondes. Tonkin, mai-juin 1916.
Fernand Cuville : Petite fille au pied d’une vasque de la basilique San Zeno. Vérone, Italie, 16 mai 1918.
(Exposition proposée par les Rencontres photographiques du Trièves avec le soutien du musée départemental Albert-Kahn)
Je n’ai pas abandonné l’idée d’une fiction – démarrée d’ailleurs à la suite de ce voyage en Irlande – autour de ces jeunes filles parties là-bas en 1913. Le récit de mon voyage a été déposé en 2012 à l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique (APA – Garde-mémoire n°11. Récit n° 11141).
Je voulais partager ici mes autres coups de cœur de l’exposition Toucher terre, à l’Isle-sur-la-Sorgue, mais impossible de télécharger les images depuis mon téléphone portable (un Samsung incompatible avec mon MacBook Pro…). Je vous renvoie donc à ce superbe site où vous retrouverez une partie des œuvres dont j’ai parlé ici. Et ci-dessous, la Sorgue à Fontaine-de-Vaucluse.
Une belle exposition à visiter à La Villa Datris, à l’Isle-sur-la-Sorgue, jusqu’au 1er novembre prochain. Le cadre est superbe, la bâtisse provençale du XIXe siècle offre plus de 500 m2 d’exposition sur 4 niveaux, les œuvres de l’expo actuelle illustrent ce qu’est la céramique contemporaine. Il faut voir cela de près, imaginer d’où vient l’inspiration qui guide les mains des artistes vers leurs œuvres, toutes plus étonnantes les unes que les autres. On se questionne sur leur patience, la force physique parfois qu’ils doivent mettre en œuvre pour créer, faire cuire des pièces énormes, on pense à la transe peut-être qui les anime. Enfin, on admire leur technique et leur savoir-faire, et puis on les remercie de nous transporter dans un imaginaire foisonnant, rempli d’interrogations quant à la Terre et à ses habitants d’hier et d’aujourd’hui, à ce qui fait trace, à ce qui nous survit, aux combats à mener pour rappeler à tous que « La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre », comme le dit le proverbe indien, cité dans l’expo.
Un anniversaire à fêter et ce fut l’occasion de quitter la foule d’une centaine de personnes pour découvrir un moulin en Drôme du nord, à Crupies. Un endroit assez magique, sobre et calme, où nous accueillit un couple de Suisses bien sympathique. La mare aux canards, les chevaux dans les prés avoisinants, la piscine un peu fraîche après l’orage de la nuit précédente, le jardin aux courges et aux gigirilles énormes et jusqu’à la carriole abandonnée près de la maison… tout nous emmenait hors du temps…
Nous avons fait le tour du propriétaire, pour admirer le travail de ces deux exilés volontaires depuis dix ans, nous sommes promenés dans le village et avons profité du minuscule marché local pour acheter du pain d’épeautre, des abricots (les confitures sont déjà sur l’étagère) , du miel de lavande, du chutney et des condiments à l’aigre-doux (un peu aigres encore et très peu doux). Et admiré ce bouquet de roses à la rosée, photographié pour un clin d’œil vers Brigitte Célérier.