Ce vendredi, à Lacanau, le ciel était bas et gris, tu l’aurais voulu sans nuages.
Nous avons marché sur la plage, parmi les familles et les chiens, la brise fouettait les visages.
Nous avons ajouté l’empreinte de nos pas à celles qu’aspirait le sable avant que la marée ne monte.
Tu m’as frôlé les mains, nous avons échangé un regard silencieux et puis déambulé loin l’un de l’autre.
Je t’ai regardé escalader les rochers colonisés par de minuscules moules, avancer au plus près de l’eau, j’avais pour seuls repères ton bonnet noir et ton écharpe verte.
Des enfants te suivaient, tu ne les voyais pas.
Je ne sais pas quelles étaient tes pensées, tes inquiétudes, tes interrogations.
Je regardais au loin les surfeurs dans l’écume blanche.
Je pensais à ce soir.
Ce soir, c’est la cinquante-deuxième.
La cinquante-deuxième semaine, la cinquante-deuxième et dernière fois.
Le dernier des Poissons et des Femmes, le dernier vendredi de décembre.
Deux mille quatorze s’arrête sur un mur craquelé où une petite sirène agite la main en signe d’au revoir.
Ici le soleil se couche dans l’océan et cela fait toute la différence. On s’habitue à tout, sauf à cela. A la mort du jour dans les vagues.
Texte : Marlen Sauvage
Image ©Marc Guerra, Des poissons et des femmes, ≠52
Ainsi se termine notre voyage dans l’univers Des poissons et des femmes entamé le 4 janvier dernier…
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