Habibi [par Anissa, village francophone 2015, Korba ]

Comme l’a dit le grand poète :
A la fin tu es las de ce monde.
Un matin qui n’arrive jamais.
Un bateau qui ne connaît plus
Son port, une mer toujours houleuse

te berce pour te verser au fond
des tourbillons. Un cœur s’écœure
de n’avoir jamais su quand
sa voile ferait bon port…

Quand cesseront de saigner
ton corps et ton cœur ? Quand
cesseront tes yeux  de verser leurs
diamants ? Dis-moi, quand cesserai-je

de dire quand ? Que te faut-il
de plus ?! après un cœur écrasé ?
Une vie au goût amer et acerbe ?
Je n’ai plus de force, vois-tu

Alors pourquoi sans pitié me mènes-tu
à ma perte ? Tu es ce destin fatal
Qui s’acharne sur moi. Sous le masque
de l’amitié se dissimule toute la haine,
toute la rage, toute la férocité, toute la brutalité,
tout l’effroi, tout le noir, tout le désespoir
Et la mort

Tu veux tuer, massacrer sans entendre
ta proie gémir. Tu veux abattre sans voir
ta victime bouger. Tu veux faire taire en moi
la volonté, le désir du bonheur. Tu ne cesses
de me juger et de me condamner. Pauvre que je suis.

Le monde sous tes pieds ne cesse de t’applaudir
et ne cesse de me démentir et de me juger
et de me condamner. Sois heureux. Car
ta proie n’a plus de voix. Ta proie n’a plus
de cœur. N’a plus de vie

A la fin tu es heureux dans ton monde
Un monde où je ne suis plus
Sois heureux alors avec toute ta compagnie…

D. Anissa

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Sousse, impressions et textes d’étudiants

Village francophone Junior, Sousse (Tunisie), septembre 2014

Cette année, le Village comptait une centaine d’étudiants répartis en 7 groupes, chacun accompagné d’un étudiant nantais, la région Pays de la Loire étant partie prenante du projet. Trois universités tunisiennes étaient représentées, celles de Gafsa, Kairouan et Tozeur. Parmi les intervenants, 1 Tunisien, 6 Français (ateliers : théâtre, estime de soi, chansons françaises, histoire de l’art, jeux de rôle, mode et image, écriture). Le Village avait investi le CREFOC de Sousse et c’est par 40 °C que nous avons démarré les ateliers ce lundi 22 septembre, pour ma part dans un enthousiasme empreint d’inquiétude.

Car c’est toujours le cœur battant que j’entame mon premier atelier auprès des étudiants (Licence 2 et 3, Master 1 de français), volontaires pour ce Village, sélectionnés aussi cette année selon leur résultats… Dans ces premiers instants de la rencontre, il faut installer une relation de  confiance, expliquer les enjeux d’un atelier d’écriture et de ses propositions, et bien sûr donner envie d’écrire, puis inciter à lire… Les ateliers durent 2 heures, et nous ne voyons les étudiants que deux fois ! D’après ce que m’ont dit les étudiants, au cours de leurs études, ils ne pratiquent le français que sous la forme écrite et, alors que le professeur les interroge en français, ils lui répondent en… tunisien ! En atelier d’écriture, s’il s’agit d’écrire, il s’agit aussi de lire et d’argumenter son texte… en français donc.

Cette année, les choses ont été un peu compliquées par la présence de professeurs de faculté tunisiens venus participer ou assister aux ateliers. Leurs attentes étaient celles de découvreurs d’une activité encore peu, voire pas, pratiquée en Tunisie… Ce qui est compréhensible et valorisant bien sûr. Mais comme il est difficile alors de dire pourquoi cette présence peut gripper dès le départ une relation qui n’existe encore pas ! Enfin, j’ai finalement intégré cette nouvelle dimension (par rapport à l’an dernier où la question ne s’était pas posée) et inclus dans l’atelier les profs au même titre que les étudiants. Non sans prévenir les jeunes de cette nouveauté par rapport à mes habitudes… Je dois dire que les échanges avec les professeurs à l’issue de cette expérience ont été d’une richesse étonnante et que je n’ai qu’une envie : animer pour eux des ateliers d’écriture !

J’ai essayé de varier au maximum les propositions d’écriture pour chaque groupe. Le groupe 7 par lequel je commence ici, comptait 14 participants, ainsi qu’une étudiante nantaise et une accompagnatrice tunisienne qui n’était pas représentante de l’Education nationale. Un grand groupe, donc, majoritairement féminin, 4 gars, 12 filles !

J’ai commencé pour eux avec une proposition que j’emprunte à Hubert Haddad et qui est celle de la feuille de mots. Ici et maintenant, quels verbes, substantifs, adjectifs, adverbes, locutions, pourraient exprimer votre présence au monde ? La proposition (dans l’idéal) exclut toute narration, mais enfin dans le cas contraire, j’accueille les textes, évidemment. Sept étudiants ont accepté de lire leur feuille de mots où se bousculaient « concentration, fatigue, ambition, contentement, joie, hésitation, fierté, liberté, espoir, écriture, nostalgie, solitude, politesse, bruit, concurrence, réfléchir, respirer, parler, hésiter… ».

Je découvrirai à travers cette prise de contact qu’est la feuille de mots combien les filles sont attachées à leur maman, combien nombreuses étaient celles qui n’avaient jamais quitté la maison, combien la nostalgie est un sentiment que tous les étudiants partagent, le sceau de leur identité. J’apprendrai par l’accompagnatrice tunisienne que le « par cœur » est privilégié dans les études, que la poésie se déclame mains dans le dos, menton baissé…

La proposition suivante portait sur Perec et un inventaire de souvenirs. Ce sont ces textes que je publie ici, dans le désordre, tels qu’ils me sont parvenus. Perec, inconnu des étudiants tunisiens… Je prends toujours le temps de partager les auteurs que j’aime, de raconter leur parcours en quelques mots. Pour désacraliser leur écriture et en l’occurrence ici, souligner l’importance de partir de soi pour écrire cette proposition (voir la fin du texte de Caroline).

Je me souviens de l’attente avant d’être acceptée dans ce village
Je me souviens de ma grande joie d’être acceptée
Je me souviens des derniers jours de préparation avant d’y venir
Je me souviens de la grande ambiance vécue avec tous mes amis au cours de ce voyage vers Sousse
Je me souviens de la première nuit que j’ai passée avec mes collègues dans ce foyer, c’était vraiment une nuit exceptionnelle
Je me souviens de la première réunion dans la grande salle
Je me souviens de la séance de théâtre
Je me souviens du grand tour que j’ai fait hier avec ma professeur Hajer G. et mes camarades pour arriver à la Maison des Jeunes.
Asma

Je me souviens de la Révolution tunisienne le 14 janvier 2011 et de ses victimes
Je me souviens de ma réussite au baccalauréat et surtout de la joie de ma famille à cette occasion
Je me souviens de la naissance de mon cousin Mohamed Iyed
Je me souviens que j’ai beaucoup joué dans mon enfance au jeu de cache-cache
Je me souviens quand j’avais six ans et que j’ai commencé mes études à l’école mansoura
Sameh

Je me souviens quand mon grand-père est mort
Je me souviens que j’étais absent aux cours
Je me souviens de mon admission au baccalauréat
Je me souviens du premier jour à la faculté
Je me souviens que mon oncle est mort
Je me souviens du premier jour de la révolution
Je me souviens des conflits qui se déroulaient pendant la révolution
Je me souviens de l’assassinat d’hommes politiques
Je me souviens de la mort des martyres de la révolution
Imed

Je me souviens que je regardais toujours les dessins animés
Je me souviens que ma mère ne m’accompagnait plus à l’école
Je me souviens d’une robe rouge que mon père m’avait achetée
Je me souviens des histoires que ma grand-mère me racontait
Khawla

Je me souviens quand mon grand-père est mort il y a quatre ans
Je me souviens que Baudelaire est un poète très célèbre
Je me souviens que lorsque j’étais enfant, je ne pensais à rien, je jouais tout le temps
Je me souviens que mon camarade était un garçon très curieux
Je me souviens que ma mère nous disait toujours : « Soyez tolérant, soyez sérieux et tranquille pour réussir dans la vie. »
Je me souviens que la Révolution française a changé plusieurs choses en France
Je me souviens que la Deuxième Guerre mondiale a été achevée en 1945
Je me souviens de la révolution tunisienne qui a été déclenchée le 14 janvier 2011
Arafat

Je me souviens de m’être promenée dans ce quartier
Je me souviens que mon frère est entré dans une école de langues
Je me souviens que j’ai lu une œuvre de Balzac
Je me souviens que la sœur de mon ami est morte noyée
Je me souviens que Louis XIV est le Roi Soleil
Ines

Je me souviens de mon enfance
Je me souviens de mon premier jour à l’école
Je me souviens de mes compagnons de lycée
Je me souviens que tout allait bien
Je me souviens de mes premiers jours à l’Institut qui étaient difficiles
Je me souviens de mon premier match avec mon équipe
Je me souviens de mon cousin
Wajdi

Je me souviens des jours passés avec mes amis au collège
Je me souviens des moments magiques passés avec eux
Je me souviens de ma première rencontre avec mon amie intime
Je me souviens de la fierté de ma mère que j’ai vue dans ses yeux quand j’ai réussi
Je me souviens de la mort de mon grand-père
Je me souviens des histoires que ma grand-mère me racontait toujours
Manel

Je me souviens du premier jour où je suis rentré seul de l’école
Je me souviens de la trahison de mes amis
Je me souviens du plus beau moment passé avec ma famille dans un village tunisien
Je me souviens du plus beau moment passé avec mon amie intime
Je me souviens du premier jour de la rentrée universitaire
Je me souviens du jour de la date de la révolution tunisienne : le 14 janvier 2011
Takwa

Je me souviens toujours d’un coucher de soleil.
Je me souviens des premiers jours au collège.
Je me souviens de la mort de mon grand-père.
Je me souviens de la première rencontre avec une belle fille.
Je me souviens de la mort de mon chien.
Je me souviens de la naissance de ma sœur.
Je me souviens des morts de Palestine.
Je me souviens des photos avec Monsieur Michel Dousset.
Je me souviens des premiers jours à l’université.
Je me souviens que mon frère faisait beaucoup de combats contre d’autres garçons. Mais à chaque fois la police le prenait.
Je me souviens du film Titanic.
Je me souviens du premier jour où je suis monté à cheval.
Je me souviens d’attendre le coucher du soleil.
Wissem

Je me souviens de ma première rentrée scolaire
Je me souviens que mon grand-père est mort quand j’avais dix ans
Je me souviens de la fierté de mon père car j’étais toujours parmi les majeurs à l’école, même au collège
Je me souviens que j’ai vécu des moments très durs pendant mon enfance
Je me souviens du sacrifice de ma mère pour satisfaire nos souhaits
Je me souviens du mois de ramadhan de 2011
Je me souviens que j’ai passé des jours extraordinaires avec mes amies à Strasbourg
Je me souviens de la dégustation de fromages à la frontière suisse
Je me souviens que j’étais fière car j’étais au niveau C1 au Centre de linguistique appliquée à Besançon
Je me souviens du premier échec d’une relation amoureuse
Marwa 

Je me souviens du passage à l’an 2000
Je me souviens de la première fois que j’ai pris l’avion
Je me souviens de la naissance de mes petites sœurs
Je me souviens de Jacques Chirac
Je me souviens de mon arrivée à l’école maternelle
Je me souviens que Lance Armstrong gagnait toujours le Tour de France
Je me souviens de notre arrivée à Sousse
Je me souviens de la première fois que j’ai vu Alvaro
Je me souviens que mon grand-père se déguisait en Père Noël
Je me souviens de Fukushima et du World Trade Center
Je me souviens que Maman s’énervait lorsqu’elle ne pouvait pas passer l’aspirateur à cause de nos villages Playmobil sur le parquet
Je me souviens de mes arrière-grands-parents
Je me souviens de l’incendie dans le jardin des voisins et des camions de pompiers dans le mien
Je me souviens avoir fait exactement le même exercice lorsque j’étais en 3e et que depuis, j’ai lu des romans de Perec
Caroline, Nantes
(De l’utilité des ateliers d’écriture s’il était besoin de préciser… c’est moi qui souligne. MS)

Je me souviens des soirées autour de ma grand-mère paternelle qui nous racontait des contes de fée à la lumière des bougies ou des lampes à pétrole.
Je me souviens des départs déchirants après les vacances.
Je me souviens de la joie du retour à la maison, de l’eau qui coule, de la lumière qui jaillit.
Je me souviens de l’odeur d’un verre de lait bien frais.
Je me souviens de la prof d’anglais, à l’oral le jour du bac.
Je me souviens d’avoir été dans le train quand le premier homme, Armstrong, a mis le pied sur la lune.
Je me souviens du 14 janvier 2011, de mai 68 et du 23 octobre 2011.
Je me souviens de ma mère qui nous disait « Je veux que vous soyez comme eux, que vous viviez comme eux et que vous soyez mieux qu’eux. »
Assia

Je me souviens de mon enfance, toujours, pour me remémorer les beaux jours
Je me souviens que j’étais jalouse de mon petit frère
Je me souviens du premier jour où j’ai commencé à marcher
Je me souviens de ma méchanceté, quand je frappais les autres enfants et les bébés
Je me souviens des cadeaux gagnés [prix obtenus] pendant mes études
Je me souviens de mon premier jour à l’école où je m’étais enfuie
Je me souviens de ma participation à plusieurs festivals
Je me souviens d’une excursion où je m’étais perdue dans la montagne
Je me souviens de la première descente de dromadaire
Je me souviens des jours de collège et de lycée
Je me souviens je me souviens
Je garderai le souvenir de cette semaine passée avec vous au Village francophone Junior à Sousse en 2014
Synda

D’autres textes d’autres groupes seront publiés ici. Je remercie tous les étudiants qui ont bien voulu me les confier.

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Un blanc dans l’image

Je n’ai rien abandonné… Tous les mots viendront en leur temps raconter la Tunisie cru 2014 pour laquelle je me suis envolée il y a dix jours déjà. Des ateliers destinés à des étudiants d’un Village francophone, je vous dirai l’essentiel. Ils se déroulaient cette année à Sousse. Je goûte maintenant quelques vacances…

Mes tentatives pour ramener le poisson du vendredi se sont avérées infructueuses, du poisson, il y en avait, mais la technologie n’etait pas au rendez-vous (comme certains accents de ce clavier).

Je remercie donc celles et ceux qui ont pris le temps de visiter mon blog en mon absence, a bientôt de vous retrouver !

 

Le premier vers, par Amina M.

Penser au premier vers
c’est attendre, échauffer le fer
un jour d’hiver
Une fois rougi, s’ouvre l’enfer
à des lettres amères
qui frappent à la porte depuis hier
avec une discrète colère
qui se répand dans l’univers
se dissout dans la rivière
Elles déclenchent la guerre
et du sang… pour un seul vers
un seul, simple, court, mais cher
qui peut voir la Terre à l’envers…
Et s’ouvre l’enfer
Et passe l’hiver
Et s’échauffe le fer
Et j’écris mon premier vers.

© Amina Mannaï
(Ce poème a été écrit pendant l’atelier « Chansons » de Christiane Courvoisier)

Une carte, un souvenir, par Marwa B.

La carte me rappelle mes grands-parents qui vivent à la campagne et qui travaillaient tout le temps dans les champs ; lorsque j’étais petite, je passais mes journées avec eux, j’aidais ma grand-mère à arroser les plantes et mon grand-père à cueillir les fruits. C’était de magnifiques moments surtout le soir lorsqu’ils retournaient chez eux, remplis de joie parce qu’ils avaient terminé leur travail. Ce champ pour eux, c’était le moyen de vivre heureux. Pour eux, il fallait travailler pour mériter cette joie.

© Marwa Briki

Ecriture collective, Village francophone junior

Ecrire pour moi… C’est la libération de l’esprit, c’est penser et réfléchir, c’est enrichir mes connaissances, c’est m’exprimer librement…
Ecrire pour moi… C’est éviter la solitude, c’est un soulagement, c’est la créativité absolue…
Ecrire pour moi, c’est une échappatoire, c’est dépasser ses limites, c’est donner ma vision, mon point de vue, c’est libérer le « moi ».
Ecrire pour moi, c’est l’ouverture, c’est exprimer mes sentiments et mes émotions, c’est améliorer mon vocabulaire, c’est corriger ses fautes, c’est donner à voir qui je suis.
Ecrire pour moi, c’est éclairer mon avenir, c’est s’échapper du quotidien, c’est fuir la réalité.
Ecrire pour moi est un loisir, c’est laisser des traces, c’est un refuge, c’est tracer un chemin, c’est gôuter le bonheur de la vie…

Issam, Amal, Amani, Ramy, Saoussen, Amira, Sabrina et Bochra, du groupe 7.

Tigre, chat, âne et lapin…, par Marwa B.

Je me souviens de mon enfance – j’avais sept ans – lorsque chaque jour je rentrais de l’école à toute vitesse pour pouvoir regarder mon dessin animé préféré. C’était à l’époque le plus célèbre. Je le regardais avec mes sœurs et mon petit frère. On était naïfs… Dans cette série, l’âne est le plus sage et le plus intelligent. J’éclate de rire quand je me souviens de cela aujourd’hui. Parfois nous nous retrouvions chez un camarade, nous étions regroupés ensemble devant la télévision, bouche-bée devant l’histoire d’une famille d’animaux où le tigre, le chat, l’âne et le lapin vivent ensemble en paix. Aujourd’hui, je comprends le message de ce dessin animé inoubliable : si les différentes espèces parviennent à vivre ensemble, les hommes aussi peuvent y parvenir.

© Marwa Briki

Femme, par Marwa G.

Femme volontaire
Femme révolutionnaire
Femme tunisienne…

J’ai en mémoire une femme qui a défendu la liberté et qui s’est battue pour la démocratie.
J’ai en mémoire une femme qui lutterait contre tout un régime et qui changerait tout un gouvernement.

© Marwa GHAZOUANI

Quand j’ai demandé à Marwa de me dire si elle pensait à une femme en particulier, elle a évoqué Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l’Association tunisienne pour la lutte contre la torture.

Fidélité d’une mère, par Sawssen

Kerkouane, une éternité sous les sables…
Kerkouane, une éternité sous les sables…

Je cherche dans tes yeux
Mon identité, mon existence
Mes droits lumineux
Je vois l’auréole, la fierté
D’être ma mère qui me protège
Ne pleure pas
Tes sanglots m’affligent, tes larmes m’inquiètent
Je suis toujours tourmentée lorsque tu vas mal
Sois forte et demeure vivante
Mon espérance se renforce devant ton courage
Je veux que tu sois toujours ravissante
La nature, les déserts et la plage
Avec ta beauté charnelle
Oh ! ma patrie ma fidèle mère
Sois confiante dans ton destin
Soulage ton chagrin
Je te laisse sur les rivages
Pour dépasser les convictions
Favoriser la félicité perpétuelle
Puisque tu es la Tunisie éternelle

© Sawssen Akaïchi
Photo Marlen Sauvage

Nostalgie, par Azza S.

J’avais ce sourire, un sourire innocent, j’étais assise là, avec ma robe rouge décorée de dentelle blanche. Je regardais tout le monde autour de moi. On fêtait un événement, si je me rappelle bien, c’était mon anniversaire, maman m’avait bien coiffée, j’avais les cheveux longs, elle m’avait fait de très belles tresses avec des rubans. J’ai senti que j’étais belle, ravissante, je portais une couronne, j’avais le sentiment d’être une princesse que tout le monde essayait de satisfaire.

Je regardais cette photo entre mes mains avec des larmes dans les yeux, mais enfin pourquoi est-ce que je pleurais ? Cette photo était empreinte de spontanéité. J’étais là avec ma mère qui m’embrassait très fort, entourée de ma famille, tout le monde souriait, on voyait la brillance de leurs yeux, une brillance qui reflétait leur bonheur.

Mais ce n’était qu’une photo ancienne qui avait quinze ans déjà. C’était un souvenir, un beau souvenir que je ne parviendrai jamais à oublier.

J’ai posé la photo et je me suis regardée dans le miroir.
Comme j’avais grandi ! J’avais perdu ce sourire spontané et le bonheur dans mes yeux.

©Azza Souli

Lever de soleil, Korba
Lever de soleil, Korba

Photo Marlen Sauvage