
Texte issu du stage d’écriture à La Ronceraie, en Lozère, mai 2022. Autrice : Monique Fraissinet
Désobéir, par contradiction systématique, caractériel, ne pas respecter l’autorité paternelle, prendre position et s’affirmer , désobéir par opposition, ne pas être un mouton de Panurge qui franchira la falaise, mourra dans sa chute . Contrecarrer. Désobéissance civile nécessaire en donner les raisons et constater les aboutissements. Reconnaissance de la désobéissance civile en faire un livre à lire sans modération.
Cotylédon, ce mot fascinant par sa sonorité, ce mot qui ne ressemble à rien que je connaisse déjà. Je suis écolière. Ce mot rattaché aux seuls grains de haricots qui se développent, deux parties identiques qui se font face et qui disparaissent au fur et à mesure de leur croissance. Deux formes jumelles qui ne feront qu’une. Une tige, des feuilles et des haricots.
Quand je me séparais de lui, j’éprouvais une douce émotion, juste satisfaite d’avoir passé quelques heures de douceur près de lui et rien d’autre ne restera dans mon souvenir que le moment de la douce séparation. Un instant les yeux dans les yeux, sans mot dire, cet instant furtif, spontané quand on aime, instant ou tout est dit sans mot dire. Seule la douceur des gestes.
Autrice : Monique Fraissinet
Une proposition élaborée à partir de La question quotidienne, de Claude Enuset. Marlen Sauvage
Le monologue intérieur. Le soliloque
Maternité, un mot qui résonne comme la vie qui va en découler, les premiers battements du cœur de l’embryon. Des hommes en majorité ont voté. Ce matin la radio donne à entendre les résultats des votes du Parlement de l’Etat de l’Oklahoma qui a adopté une loi interdisant l’avortement dès la fécondation. Ce sont les hommes qui amorcent la vie future, avec un consentement ou pas, et c’est eux qui viennent ici par leurs bulletins s’exprimer majoritairement pour décider qu’il sera dorénavant impossible pour une femme de se faire avorter. Est-ce qu’ils se mettent à la place de celles qui vont supporter coûte que coûte ce qu’elles ne désirent pas. Ils craignent quoi ces hommes, que la justice divine leur tombe sur le coin du bec, il est vrai que dans cet immense pays le Président jure sur la Bible….
Ils ont voté en leur âme et conscience. Sitôt la loi votée, dans les rues des majorités de femmes approuvent, se réjouissent et soutiennent cette décision.
Convergeant vers le Parlement, d’autres femmes et hommes manifestent leur mécontentement, crient haut et fort des slogans faisant savoir que c’est à elles et elles seules qu’appartient le choix.
Les médecins, les politiques s’en mêlent, il y a crime, passible de la prison et gare à vous Mesdames qui choisissaient de ne pas porter jusqu’au terme l’enfant conçu. Conçu quand ?comment ? voulu ? pas voulu ?
Vous représentantes, représentants et membres du Parlement qui brandissaient la menace de la prison, concevez-vous qu’un enfant puisse naître dans un climat propice quand il n’a pas été voulu ? Que faites-vous également de l’avortement thérapeutique ?
Maternité, seule la femme. Vous faites abstraction du corps et de la vie des femmes embourbées qu’elles seront dans un tas de difficultés insurmontables pour diverses raisons et qui vont, en même temps, accumuler des souffrances indicibles et des traumatismes durables. C’est interdit parce que c’est mal ! J’y reviens ! C’est mal pourquoi ? C’est mal pour qui ? Pour vous toutes et tous qui craignaient pour le salut de votre âme !
La science et les consciences avaient fait bien des progrès, maintenant on régresse.
Hypocrisie, menace sur la santé des femmes qui n’auront pas d’autre alternative que de franchir le cap de l’avortement clandestin au risque de leur vie et de leur santé.
La maternité nous voulons la vivre selon notre choix. Nous sommes femmes, nous serons mères si nous le désirons.
Le fragment
A partir du mot et d’un thème en lien avec ce qui nous intéresse
Sacré – C’est une chose sacrée une famille. Une obligation sacrée. Devant Dieu.
Sacré, relève de la religion,
Si l’on parle d’une chose sacrée pour la rattacher à une famille, cela me semble complètement en opposition, une chose c’est un objet qui ne peut avoir d’âme et la famille est composée d’âmes. Si l’objet est un icône religieux, l’objet a alors quelque chose de sacré.
Obligation : La famille, une obligation sacrée. L’obligation, acte consenti ou pas mais en tout cas on ne peut s’y soustraire puisqu’il est obligation. Quand l’obligation se doit d’être sacrée, cela me rebute profondément, je veux que les bases de ma famille soient fondées et ancrées dans la liberté et n’ai aucunement besoin qu’elle soit consacrée devant Dieu. Mais pourquoi pas si la liberté est la règle.
Liberté et obligation sont antinomiques.
Fragment 2 –
Théma – Les femmes actrices majeures de nos généalogies. page 29
1 – Les revendeuses à la toilette entrent partout ; elles vous apportent les étoffes, les dentelles, les bijoux de ceux qui veulent avoir de l’argent comptant pour payer leurs dettes….
Depuis quelques années c’était toujours la même femme qui passait à la ferme, une revendeuse de petits riens et de tout. Une romanichelle, une caraque disait les femmes de ma maison. On ne la laisse pas entrer, on la reçoit dehors. On se méfie des mauvais sorts, des menus larcins et vols qu’elle pourrait commettre. Dans son grand panier d’osier qu’elle porte au bras, elle a amoncelé des rouleaux de dentelles, des petites boites rondes remplies d’aiguilles, des bobines de fil de toutes les couleurs, fil à coudre, fil à repriser, quelques patrons pour confectionner tabliers et autres robes.
2 – Le revendeur noir est installé devant le Monoprix. Il dépose sur le trottoir la grande valise contenant montres, colliers et bracelets. Il porte une casquette aux couleurs du Nigéria. Les passants le voient mais ils ne le regardent pas, ils passent, vite.
Une voiture de police ralentit, s’arrête quelques mètres plus loin, il a juste le temps de refermer sa boutique de fortune et s’en va rapidement.
3 – Paris, Métro Barbès-Rochechouart. Devant les grilles du rez-de-chaussée, près de l’entrée du cinéma du même nom, de nombreux revendeurs de cigarettes de contrebande et autres produits interpellent les passants. Les revendeurs à la sauvette se multiplient au fil des années. Qu’est-ce qui les oblige ? La misère peut-être, les gains faciles, leur situation précaire. Une descente de police et ils s’éparpillent aussi rapidement qu’un essaim de papillons dérangés dans leur quiétude.
Proposition
Fragments courts – 3 à 5 phrases courtes – créer des personnages
un moment précis de l’histoire – présenter le personnage dans un contexte et ce qui le meut.
Dans une histoire possible et une mise en situation.
1 – A pas feutrés, elle ne voulait pas être vue, elle s’avance vers la petite porte en bois qu’elle ouvre, se penche en avant et dépose son fardeau juste après avoir posé ses lèvres sur front, referme la porte, actionne la sonnette et s’enfuit rapidement.
2 Elle l’entrevit lorsqu’il ouvrit la porte de la chambre. Il s’appuya de la main gauche sur le chambranle et porta sa main droite au-dessus de ses yeux pour se protéger du contre-jour et mieux l’apercevoir recroquevillée dans le lit. Il grogna quelques mots, s’avança d’un pas lourd, et claqua la porte derrière lui. Depuis le perron on entendit des cris.
3 – Il reste un moment assis à l’ombre du grand chêne, vêtu de haillons, un balluchon posé à ses pieds, lorsqu’il surprend un étrange spectacle de l’autre côté du ruisseau. Les oiseaux de l’été chantent au-dessus de lui. Il se lève, franchit la clôture qui le séparait du champ de navets déjà monté en graines, se dirigea vers la cour de la ferme. Du portail un homme l’observait.
4 – Il avance à pas cadencés le long des sillons, plongeant à intervalles réguliers sa main droite dans le seau qu’il porte sur son avant-bras gauche. D’un mouvement circulaire il jette et éparpille les graines sur la terre noire fraîchement labourée. Quelques oiseaux le suivent. Régulièrement il crie pour les effaroucher.
5 – Une sirène hurlante annonce l’arrivée de l’ascenseur. Il se précipite pour entrer le premier, en finir avec ces journées passées dans les entrailles de la terre. Il s’appuie contre la grille, la musette accrochée à l’épaule gauche. Seul le blanc de ses yeux se démarque sur son visage noirci. Rapidement il est rejoint par six de ses camarades. La porte se ferme dans un vacarme de ferraille. Ils disparaissent ensemble.
6 – Un chien errant s’approche de son visage, le contourna, il tente de le repousser de la main droite, sa seule main valide, l’autre tient encore le fusil qu’il n’a pas lâché. Mesure de défense ou de protection. Du sol il aperçoit les chenilles d’un char qui vient vers lui à vive allure. Un soubresaut. Il ne voit plus rien ses yeux se ferment, l’arme glisse de sa main.
7 – Deux apiculteurs reviennent du rucher vêtus de leur combinaison.Un enfant les voit et s’effraie. Viens-voir il y a deux hommes qui arrivent de l’espace !
Autrice : Monique Fraissinet