Le rêve au cinéma [Uckas, 53]

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« On s’était dit qu’on ferait d’Itinérances notre festival du cinéma nordique, qu’Alès serait notre Rouen, que le Cratère serait notre cathédrale. »
Du temps de notre vie parisienne, nous nous rendions chaque année au festival du cinéma nordique de Rouen, pour quelques jours. Cette parenthèse culturelle dura dix ans. C’est là que nous avons découvert le cinéma finlandais, estonien, norvégien, islandais, danois, letton, lituanien, suédois, belge… Aki Kaurismaki et ses films déjantés…  Nous croisions « le jury » : José Giovanni, Henri Garcin, Claude Jade, Jean-Pierre Léaud, Charlélie Couture… Parfois, les sous-titres se multipliaient sur l’écran, mais l’inconfort visuel était toujours récompensé par la nouveauté des thèmes et des traitements. Nous quittions les salles, envoûtés par toutes ces voix, ces langues, ces images. Dehors, invariablement, je m’étonnais que les panneaux publicitaires dans les rues vantent des produits « de chez nous ».

Créé en 1988 par Jean-Michel Mongrédien et sa femme, le Festival a rendu les armes en 2010. Les affiches étaient signées Denis Couchaux, je les trouvais toutes superbes. En voici quelques-unes :

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©Denis Couchaux

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La Strada [Uckas, 52]

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Bien sûr, La Strada restera toujours dans mon souvenir la découverte de Fellini, je devais avoir douze ans. J’avais pleuré toutes les larmes de mon corps devant l’histoire de Gelsomina et Zampano. Fredonné et très certainement siffloté la musique de Nino Rota pendant des mois… C’est à La Strada que je dois mon goût pour le cinéma italien, la littérature italienne, la peinture italienne, l’Italie, les pizzas et les pâtes. Les mélodrames. Et peut-être, tout compte fait, il mio amore italiano

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Jean Cocteau [Uckas, 50]

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C’est une chapelle de pêcheurs qui donne sur le port. Il faisait si chaud dehors et si frais à l’intérieur. J’aurais manqué l’entrée si mon ange gardien ne m’avait poussé sous le petit porche. Je me souviens des filets à poissons sur les murs, qui semblaient ici attendre surtout les âmes… des illustrations de la vie de saint Pierre, de l’hommage aux Saintes-Maries-De-La-Mer… Avec l’écriture si reconnaissable de Cocteau ici et là… Un projet de décoration que le peintre poète mûrit pendant une dizaine d’années avant de donner libre cours à son trait en 1957. Je me souviens que la mort de Piaf éclipsa la sienne et de l’intonation de mes parents pour dire « Tiens, ils sont morts en même temps quasiment… » avec de la tristesse dans la voix.

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Marc Perrone [Uckas, 48]

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Dans la série se souvenir des belles choses, il y eut cette soirée offerte par M. pour la saint Valentin avec un film en avant-première sur l’histoire de la famille italienne de Marc Perrone, je crois, des images très émouvantes, et puis lui, ensuite avec son accordéon et sa voix discordante, si touchante.
Tiens, là, sa musique et son sourire.

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Zao-Wou-Ki [Uckas, 47]

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Petite expo ramassée, concentrée, des travaux de Zao-Wou-Ki [1921-2013], au musée Fabre de Montpellier [2004]. Quel chemin entre ses débuts en peinture [figurative] et ce que l’on en avait vu là. J’avais découvert que sa rencontre avec Henri Michaux [qui l’avait emmené vers l’abstraction, avec Paul Klee] l’avait réconcilié avec son écriture originelle. Je me souviens d’un grand bonheur, perdue dans la contemplation d’une toile aux tons de terre et de nuit.

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Miyazaki [Uckas, 46]

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Le cinéma de midi… A l’heure où beaucoup déjeunent, c’est un bonheur de se retrouver avec quelques clampins* dans une salle obscure. Pour nous, c’est souvent le Sémaphore, à Nîmes, et souvent aussi, nous y venons au débotté. Quand le film est une belle surprise, le plaisir n’en est que plus grand.

J’utilise clampin à tort (et le tort tue, et la tumeur… Petit écho à François Bon. Puisque nous ne sommes (1) ni retardataires ou traînards dans la version « régionale » du terme ; (2) ni paresseux, ni fainéants, dans sa version familière, vieillie… Et bien que j’ignore tout de ceux et celles bien sûr que nous côtoyons dans ces moments de vacance.

Ce qui m’amuse dans la définition du Grand Robert, c’est ceci (pour la version 2) : « Le féminin n’est pas attesté ».

Un carnet kraft à spirale (Uckas)
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Debré, le peintre [Uckas, 43]

Olivier Debré devant une de ses toiles gigantesques. Je me souviens d'un petit tableau de lui, conservé chez une dame qui tenait un musée à St-Circq-Lapopie [et qui avait connu tous les artistes du début du siècle (dernier…)], avec du rose et de l'orange, je crois.

Nous lui avions acheté une litho représentant une belle endormie, accompagnée de ce poème :

Je sais des ronciers bleus aux jonquilles amères
que la buse plombée protège de son cri
Je sais l'herbe aux vipères mordant le chemin sourd
au chêne qui s'effeuille sous l'avril galopant.
Je sais l'arbre creusé que la mésange épèle
Je sais des rires en croix
des larmes de pollen
des chansons éventrées au moment que de naître
et des lèvres scellées pour n'avoir pas aimé.

Ce n'est pas signé et j'ai oublié de qui sont ces vers…

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Les petites attentions impossibles à jeter…

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Un carnet kraft à spirale (Uckas)
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Langue vivante [Uckas, 42]

De la langue à la Patagonie…
De la langue à la Patagonie…

Toutes ces petites expressions qui prouvent que la vie est dans le langage, dans la jeunesse, et que sans cette énergie-là nous nous racornirions comme les bourgeons de framboisiers qui viennent de se prendre un coup de gelée.
Je n’ai toujours pas trouvé Patagonie, oublié de chercher d’ailleurs, et donc pas lu.

Un carnet kraft à spirale (Uckas)
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Sur la route de Justin [ Uckas, 41]

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On peut douter de l’intérêt de garder ce genre de détails de la vie… mais : j’ai la mémoire courte, les dates ne sont pas mon fort. Je me console en me disant que la vieillesse venant, on ne saura pas si j’alzheimerise ou non, j’ai toujours plané au-dessus du temps et des lieux. Mais encore : ces petits bouts de boarding pass me rappellent quelque chose de très précis : les discours de Justin, 18 mois, s’évertuant à nous raconter tout ce qui se trouvait sur le trajet de l’aéroport Trudeau (Montréal) à « sa maison ». Il y était beaucoup question de voitures et de grues, de camions et de pelleteuses… Ces morceaux de carton sont donc plus que le souvenir d’un voyage, ils sont l’évocation d’un moment privilégié entre un petit garçon et moi, d’une connivence inexplicable quand nous nous connaissions si peu, et alors que nous habitions chacun à l’autre bout du monde…

Un carnet kraft à spirale (Uckas)
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Un carnet kraft à spirale [Kenya, 40]

Jeunesse oubliée…
Jeunesse oubliée…

J’avais gardé cette petite photo dans un fatras de papiers, certaine d’y voir… quelqu’un d’autre que moi ! Et pour finir, c’était bien moi, en 1993, au Kenya, devant l’océan Indien, sans lion ni rhinocéros… [qui auraient peut-être réveillé ma mémoire !]. Comment peut-on à ce point ne plus se reconnaître, les années ayant passé ? A quel moment m’étais-je dit que je n’étais plus celle que j’avais été ?

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