Nostalgie, par Azza S.

J’avais ce sourire, un sourire innocent, j’étais assise là, avec ma robe rouge décorée de dentelle blanche. Je regardais tout le monde autour de moi. On fêtait un événement, si je me rappelle bien, c’était mon anniversaire, maman m’avait bien coiffée, j’avais les cheveux longs, elle m’avait fait de très belles tresses avec des rubans. J’ai senti que j’étais belle, ravissante, je portais une couronne, j’avais le sentiment d’être une princesse que tout le monde essayait de satisfaire.

Je regardais cette photo entre mes mains avec des larmes dans les yeux, mais enfin pourquoi est-ce que je pleurais ? Cette photo était empreinte de spontanéité. J’étais là avec ma mère qui m’embrassait très fort, entourée de ma famille, tout le monde souriait, on voyait la brillance de leurs yeux, une brillance qui reflétait leur bonheur.

Mais ce n’était qu’une photo ancienne qui avait quinze ans déjà. C’était un souvenir, un beau souvenir que je ne parviendrai jamais à oublier.

J’ai posé la photo et je me suis regardée dans le miroir.
Comme j’avais grandi ! J’avais perdu ce sourire spontané et le bonheur dans mes yeux.

©Azza Souli

Lever de soleil, Korba
Lever de soleil, Korba

Photo Marlen Sauvage

L’alcool et la nostalgie

C’est le titre d’un roman de Mathias Enard, publié aux Editions Inculte, en 2011, et chez Actes Sud, collection Babel, 2012. 6€.

Un roman mélancolique qui nous emmène de Moscou à Novossibirsk pour accompagner jusqu’à son village natal le corps d’un ami de Mathias, le narrateur. Au fil des pages – c’est un livre bref, de 80 pages environ – tout le passé resurgit, avec ses amours, ses excès, ses pudeurs, ses impossibles rencontres, quand tout se heurte malgré soi. J’y trouve du grain à moudre pour le projet d’écriture d’un lieu, dans l’aventure qu’a proposée François Bon cet été 2013…