Troisième jour, deuxième partie de la matinée à la Mécanique générale, une expo sur l’avant-garde féministe avec des photographies et performances des années 70. On se questionne sur les réels progrès accomplis aujourd’hui…Ci-dessous deux images dont je n’ai pas noté les autrices, j’en suis désolée.
J’ai surtout retenu Margot Pilz et sa femme ligotée, qui avec le flou produit par les mouvements de la tête va jusqu’à sa propre désintégration…
Elaine Shemilt, avec Contrainte, où son corps nu ligoté (aussi !) répond à une affirmation du directeur du département de sculpture de la Slade School of Fine Art de Londres de l’époque, selon laquelle une femme ne pouvait être à la fois femme et artiste !
A la Croisière, Si un arbre tombe dans une forêt. Amina Khadous, jeune photographe égyptienne, raconte avec Or blanc, comment le coton et son industrie a façonné son univers familial jusqu’à la contestation égyptienne de ces dernières années.
Au même endroit, Mahmoud Khattab, dont j’ai aimé la poésie des mots autant que des images, photographie hommes et paysages durant son service militaire en Egypte… avec un téléphone qu’il dissimule. Le chien s’est assis là où nous nous sommes séparés, c’est le titre de son expo. Comme je n’ai pas de photo correcte, je vous invite à en voir quelques-unes ici
Enfin, parmi mes préférés aussi, Sneg (Neige), de Klavdij Sluban (né en 1963), un artiste franco-slovène qui donne à voir des paysages enneigés dans différents pays traversés et de beaux visages. J’ai seulement regretté le manque d’informations…
Et, non documentés en images, Quand je suis triste je prends un train pour la vallée du bonheur, de Pierfrancesco Celada, ou encore Dejà-vu, de Joan Fontcuberta et Pilar Rosado. A partir d’un corpus d’œuvres de collections, un algorithme détermine les plus répétées et en génère de nouvelles… Se pose la question de la place de l’artiste dans les œuvres, de celles de conservateur de musée ou de commissaire d’exposition…
Voilà ce sera tout pour cette année… Avec une recommandation pour un restau place Voltaire, Le Mistral, où la cheffe régale les papilles…
(Spéciale dédicace à toi, mon cher papa, mort un 15 août il y a si longtemps…)
Le troisième jour, en début de matinée, visite des expos dans la tour imaginée par Frank Gehry, dont la façade torsadée en acier inoxydable reflète toutes les variations du ciel. Ci-dessous vue des Ateliers de la Mécanique générale, en 2019, avant tous les travaux qu’on peut constater aujourd’hui.
A commencer par James Barnor, photographe ghanéen, et un portfolio qui court sur quarante ans, de 1947 à 1987. Du Ghana (1947-1959) au Ghana (1969-1987) en passant par le Royaume-Uni (1959-1969), c’est un voyage en noir et blanc et en couleur, irréductible à quelques mots. J’ai reçu en cadeau le livre publié à l’occasion de l’exposition, James Barnor Stories… THE bonheur !
Et pour info, un petit résumé trouvé sur le site de Luma Arles : « James Barnor (1929-) ouvre son premier studio photographique à Accra (Ghana) en 1949. Actif également pour la presse, il photographie le mouvement qui mène le pays à son indépendance en 1957. Installé en Angleterre de 1959 à 1969, il documente l’expérience de la diaspora dans le Swinging London des sixties. Il se forme à la photographie couleur, puis revient au Ghana en 1970 pour y diffuser cette technique. En 2021, la Serpentine Gallery (Londres) lui a dédié une importance rétrospective. »
Au 3e sous-sol, je crois, une exposition temporaire qui n’a rien à voir avec les Rencontres mais qui présente une œuvre de Julien Creuzet développée à l’issue de sa résidence à LUMA Arles. Un moment de détente extraordinaire, dans une ambiance onirique, poétique, colorée, joyeuse… un régal !
Et la prochaine fois, c’est la tour elle-même que nous visiterons… ne serait-ce que pour descendre le rutilant Isometric Slides installé par Carsten Höller !
Après-midi du deuxième jour. Au Monoprix d’Arles, ce sont souvent de belles expos remuantes… Avec Chants du ciel, La photographie, le nuage et le cloud, c’est un film instructif de Louis Henderson (né en 1983) sur la réalité des dessous du recyclage au Ghana. Le mythe du cloud « propre » en prend un coup ! Les vidéos proviennent d’archives du projet Colonial Film (http://www.colonialfilm.org.uk), des résultats de recherche sur Google, des représentations 3D de mines et des extraits de critique adressées à l’industrie informatique. On y voit aussi de jeunes travailleurs que le photographe a filmés à Accra parmi des montagnes de déchets électroniques et des nuages de fumée provenant de la combustion de plastique. De quoi nourrir encore et toujours la réflexion sur le monde que nous avons fabriqué et qui nous mène où nous ne savons point aller, pour paraphraser Paul Valéry…
Autre regard : celui de Trevor Paglen (né en 1974). Comment les technologies numériques façonnent-elles aujourd’hui la vie des gens ? C’est la question qu’il se pose avec sa série Cloud, images du ciel générées par des algorithmes de logiciels d’intelligence artificielle, laquelle peine à reconnaître « les phénomènes ambigus, sans contours, couleurs ou formes définis » que sont les nuages…
Je ne sais plus à qui attribuer mes images dont les couleurs de surcroît ne restituent pas ce qui était exposé !
Toujours à Monoprix, Emerger… Prix découverte Louis Roederer. Il n’y avait pas de thématique cette année, mais tous les jeunes talents exposés sont partis de l’intime… Ce que j’ai préféré : Rahim Fortune et Seif Kousmate.
Rahim Fortune (né en 1994 à Austin, Etats-Unis) avec Je ne supporte pas de te voir pleurer, qui raconte son séjour auprès de son père mourant, dans les débuts de la pandémie et des soulèvements liés à la mise à mort de George Floyd. Son travail se résume très bien dans cette phrase extraite de sa présentation « (…) le jeune photographe puise dans le courage de la vulnérabilité pour produire une œuvre tout en proximité et en intimité. »
Seif Kousmate (né en 1988 à Essaouira, Maroc) avec Waha (Oasis) où cet ancien ingénieur dans le génie civil, photographe amateur, raconte en images la surexploitation des oasis, dévastées par la sécheresse. Ses images travaillées à l’acide matérialisent la dégradation des paysages. C’est triste et beau à la fois.
Pour cette deuxième journée des Rencontres de la photo, nous avons choisi de filer vers l’espace Van Gogh voir l’expo sur Lee Miller. A la fois portraitiste de mode et reporter de guerre (Vogue), cette talentueuse photographe est aussi une journaliste hors-pair, qui joignait de longs textes à ses images, intimant notamment à ses supérieurs de la croire quand elle envoyait ses reportages sur les camps libérés… dont je n’ai rien pu photographier. Je me suis contentée de deux belles photos de mouvement… Excusez le cadrage !
Puis ce fut la découverte de Romain Urhausen (1930-2021) dont l’œuvre multiforme (photographie, architecture, sculpture) révèle un homme curieux et plein d’humour. En voyant certaines images de dames chapeautées, j’ai pensé à Martin Parr… Je ne vous inflige pas les têtes de porc photographiées aux Halles dont il raconte dans une vidéo qu’elles semblaient communiquer avec le spectateur, j’ai préféré une montagne de radis…
Changement de lieu. A la Chapelle Saint-Martin du Méjan, c’est une histoire tristement actuelle qui se déroule en images. Intitulée Forêts géométriques, Luttes en territoire Mapuche, elle nous raconte qu’entre 1973 et 2011, 19 % du total de la forêt autochtone ont disparu, soit plus de 782 000 ha. La zone la plus riche en biodiversité du Chili a été remplacée par des plantations destinées à l’industrie de la pâte à papier. A ces dégâts s’ajoutent les conflits territoriaux avec les communautés mapuche, confrontées à la pauvreté et au manque d’eau… C’est au collectif Ritual Inhabitual que l’on doit cette enquête sur l’exploitation intensive des forêts et la lutte des Mapuche (Peuple de la terre) pour la sauvegarde de la biodiversité. Quelques autochtones prennent la parole, entre espérance et colère.
Première exposition juste après avoir validé nos billets : Babette Mangolte, lauréate du Prix Women in motion pour la photographie 2022 (attribué à Sabine Weiss en 2020). L’intitulé Capter le mouvement dans l’espace dit tout de cette photographe et cinéaste qui a documenté depuis les années 1970 la danse expérimentale aussi bien que le théâtre et tout ce qui est du côté de la performance et/ou l’installation. Avec cette artiste je découvre Trisha Brown et la fluidité de sa danse, les travaux de Robert Whitman ou encore Lucinda Childs… Quelques photos de Perec et son épouse… peu de mouvement, là, mais le sourire doux de l’écrivain.
Un peu déçue par nos autres découvertes, trop d’intellect, peu d’émotions… Arash Hanaei et Morad Montazami qui me font découvrir le métavers et l’Hantologie suburbaine… Mais un discours intéressant toutefois… Sathish Kumar Un garçon du village, qui rassemble des photos empruntées à la vie quotidienne en Inde du Sud, trop anecdotiques à mon goût.
Alors, dans la chaleur ambiante, petit tour au cloître Saint-Trophime pour admirer les pierres et regarder une vidéo racontant son érection.
Dans le Jardin des voyageurs, à Arles, cette année, peu de choses, et peu de choses intéressantes à mon goût, mais j’ai eu le regard accroché par cette série d’images de Girma Berta, intitulée Ombres mouvantes, où sur de grands aplats de couleur, l’artiste (graphiste, je crois, à l’origine) donne à voir sa ville, Adis Abeba, sous les traits de travailleurs qu’il met ainsi en scène, tout en leur rendant hommage. Le cartel disait « Nous sommes invités à les voir (ces travailleurs ordinaires) non pas comme les habitants anonymes d’une rue animée mais comme les personnages centraux de drames humains individuels. » Et c’est bien comme ça que je les ai vus.
Dans le même espace, Guillaume Bonn exposait quelques images d’un territoire ravagé par les guerres civiles : Mozambique, Tanzanie, Kenya, Somalie. Dans ce dernier pays, la photo de la femme en robe rouge qui monte les marches d’une cathédrale en ruines, à Mogadiscio, était incontournable. Voir la beauté là où il n’y a que désolation… La série est intitulée La côte du Moustique, le littoral de l’Afrique de l’Est, si j’ai bien compris.
Voilà (depuis le #1) ce que j’ai retenu surtout des Rencontres 2021. Dans Arles, alors que nous nous rendions à une première expo, nous avons croisé une dame espagnole chantant sous le soleil matinal, avec laquelle nous avons échangé un long moment ; nous avons souri à l’installation mise en place dans une rue par Guillaume Koessler avec sa Photomobile, où il revendique la « slow photo », les tirages à l’ancienne, comme c’est rassurant ! ; nous avons admiré quelques façades de maisons, les arènes, le fameux café Van Gogh (peint en 1888) et où il ne faut semble-t-il pas s’arrêter, le Rhône bien sûr et nous nous sommes promis de faire de ces Rencontres un nouveau rituel, n’est-ce pas Carine ?
Une courte suite à l’expo Masculinités déjà relatée sur ce blog, qu’il faut aller voir (jusqu’à fin septembre) et dont je ne donne ici qu’un aperçu, c’est le moins qu’on puisse dire.
Les photos découvertes par Dworzak et exposées lors de ces Rencontres sont absolument étonnantes ! Et d’ailleurs, je me questionne sur la pertinence du copyright attribué au photographe allemand ! Autre chose, il s’agit plus de photos colorisées que de photos couleur, non ? Plus je les regarde, plus cela me paraît évident… Les quelques gouttes de turquoise sur le turban de l’un, le contour des hommes, la couleur du bracelet-montre, bref. Pour le plaisir, j’en joins une autre !
Je l’ai dit déjà, l’expo Masculinités est prolifique. Ci-dessous, un autre cartel explicatif, pour susciter la réflexion, sans photo associée…
J’en termine ici avec les Masculinités pour évoquer maintenant The New Black Vanguard, avec les photos qui suivent. C’était à La Chapelle Sainte-Anne (tous les lieux d’expo à Arles sont superbes), et je crois que c’est la toute première expo que nous avons admirée avec Carine K. Il s’agissait surtout de photographies de mode, où les artistes se questionnent sur la “représentation du corps noir et de la vie des Noirs en tant que sujet”. Je crois que là, j’ai tout aimé ! Malheureusement, je n’ai pas noté le nom de chaque photographe, quelle erreur…
A la Mécanique générale, la très grande exposition consacrée aux Masculinités, La libération par la photographie, demandait une attention particulière, parce qu’étaient représentés un grand nombre d’artistes et que je la visitais en fin de journée… L’expo dure jusqu’au 26 septembre, un conseil donc : y aller le matin !
Je reprends ici le texte exposé aux Rencontres qui dit toute l’intention de l’expo.
« Cette exposition majeure étudie la manière dont la masculinité a été codée, interprétée et construite socialement des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, par le biais du cinéma et de la photographie. Elle examine les représentations de la masculinité, rassemblant plus de 50 artistes, photographes et réalisateurs internationaux, dont Laurie Anderson, Sunil Gupta, Rotimi Fani-Kayode, Isaac Julien et Catherine Opie. Dans le sillage de #MeToo, l’image de la masculinité a été mise en lumière, et les concepts de masculinité toxique et fragile se sont infiltrés dans notre société. Cette exposition retrace les représentations souvent complexes et parfois contradictoires des masculinités, et la façon dont elles se sont développées et ont évolué avec le temps. Elle aborde les thèmes du pouvoir, du patriarcat, de l’identité queer, des politiques raciales, de la perception des hommes par les femmes, des stéréotypes hypermasculins, de la tendresse et de la famille, et examine le rôle critique que la photographie et le cinéma ont joué dans la manière dont les masculinités sont imaginées et comprises dans la culture contemporaine. »
Quand je peux retrouver sur le net les photos qui m’ont particulièrement plu, je ne vous impose pas les miennes, ratées, avec un point lumineux insupportable… mais je mentionne les cartels, tant qu’ils restent lisibles…
Dans la première édition de cette page, j’avais confondu Herb Ritts et Peter Hujar ! Je n’ai pas retrouvé le cartel concernant ce dernier, mais il semble qu’il apparaît durant ces Rencontres 2021 aussi bien dans l’expo Masculinités, que dans celle intitulée The New Black Vanguard, dont je parlerai plus tard.
Ma photo de la série d’images d’Annette Messager est particulièrement ratée. Mais comme le net n’en propose aucune concernant cette exposition datée de 1972, je la commets tout de même ici.
Photo : MS – Extrait de la série « Les Approches », d’Annette Messager – L’homme de 45 ans.
Et voici le texte sous chacune des photos de la série ci-dessus, intitulée « L’homme de 45 ans » :
1 – Elle en a assez de se taire
2 – Elle lui dirait qu’aujourd’hui il porte son pantalon à carreaux gris qu’elle préfère à celui d’hier, mais qu’elle aime bien aussi celui qu’il avait jeudi,
3 – Qu’elle a d’ailleurs trouvé des échantillons de tissu correspondant,
4 – Et qu’elle aime les regarder et les toucher quelquefois
5 – Sachant que peut-être elle pourrait le revoir (…) à la même heure, car il semble très pressé maintenant
Pour d’autres séries et notamment « L’homme aux manches retroussées », l’histoire commençait aussi par « Elle lui dirait… » mais se terminait par « Voilà exactement ce qu’elle lui aurait dit si elle lui avait parlé… ». Une idée à creuser pour un atelier d’écriture, pensai-je…
Les photographes des Masculinités
Bas Jan Ader (1945-1975), Laurie Anderson (1947), Kenneth Anger (1927), Knut Åsdam (1968), Richard Avedon (1923-2004), Aneta Bartos, Richard Billingham (1970), Cassils (1975), Sam Contis (1982), John Coplans (1920-2003), Rineke Dijkstra (1959), George Dureau (1930-2014), Thomas Dworzak (1972), Hans Eijkelboom (1949), Fouad Elkoury (1952), Rotimi Fani-Kayode (1955-1989), Hal Fischer (1950), Samuel Fosso (1962), Anna Fox (1961), Masahisa Fukase (1934-2012), Sunil Gupta (1953), Peter Hujar (1934-1987), Liz Johnson Artur (1964), Isaac Julien (1960), Kiluanji Kia Henda (1979), Karen Knorr (1954), Deana Lawson (1979), Hilary Lloyd (1964), Robert Mapplethorpe (1946-1989), Peter Marlow (1952-2016), Ana Mendieta (1948-1985), Annette Messager (1943), Duane Michals (1932), Tracey Moffatt (1960), Andrew Moisey (1979), Richard Mosse (1980), Adi Nes (1966), Catherine Opie (1961), Elle Pérez (1989), Herb Ritts (1952-2002), Kalen Na’il Roach (1992), Collier Schorr (1963), Paul Mpagi Sepuya (1982), Clare Strand (1973), Mikhael Subotzky (1981), Larry Sultan (1946-2009), Hank Willis Thomas (1976), Wolfgang Tillmans (1968), Piotr Uklański (1968), Karlheinz Weinberger (1921-2006), Marianne Wex (1937-2020), David Wojnarowicz (1954-1992), Akram Zaatari (1966).
From disaster to desire… ça sonne mieux en anglais qu’en français ! (sans jouer les snobinardes)… Du désastre au désir, donc, Vers une autre mythologie du spatial. Quand j’ai dit ça, je n’ai rien dit, vous ne comprenez rien, et c’est normal.
Je dois l’avouer, au début, je n’ai pas compris grand-chose à cette installation où des photos au format identique – mais magnifiques, les photos – côtoient des vidéos dans laquelle une femme (Anamanda Sîn) tient des propos incompréhensibles, des panneaux lumineux projettent des formes multicolores qui cachent un visage ou encore des stores verticaux scindent un paysage en autant de bandeaux qui recomposent l’image initiale, une sorte de vaisseau spatial trône au milieu de l’espace…. Mais j’ai été saisie d’emblée par l’atmosphère, comment dire, cosmique, du lieu ! Car il y a comme un envoûtement dans cet environnement brut où chaque objet vous appelle, vous invite à une connexion subtile… et vous ignorez bien laquelle ! L’explication vient bien sûr à la lecture des nombreux cartels.
Je vous parle de Désidération (Anamanda Sîn)… où de-sideris, signifie le regret de la perte des étoiles mais aussi le désir de leur retour… Ce que j’ai compris de cette histoire, c’est qu’ayant perdu notre lien au cosmos, le moyen de le retrouver passerait entre autres par la médiation avec les météorites, voire par « l’injection » sous la peau de ces objets extraterrestres . Nous sommes en plein délire bien sûr, et comme ça fait du bien !
SMITH, le plasticien, partage avec nous sa nostalgie du cosmos… dit ainsi, ça commence à faire sens. Egalement photographe, metteur en scène et chercheur, il « explore la pratique et la pensée de la métamorphose : transition de genre, d’ère et d’état, plasticité, mutations et travail du rêve, jalonnent ses propositions depuis dix ans. » Nous sommes donc en plein délire, certes, un délire poétique, et c’est cela qui m’a happée d’emblée. Pour ce projet élaboré dès 2017, Smith travaille avec un astrophysicien (Jean-Philippe Uzan), un écrivain (Lucien Raphmaj), un designer (Matthieu Prat), un compositeur et violoncelliste (Gaspar Claus), une performeuse (Nadège Piton), deux performeurs (François Chaignaud et Adrian Gebhart), une créatrice textile (Zélia Smith). Tout de suite, vous saisissez la tonalité, n’est-ce pas ?
Photos : Marlen Sauvage
Tout cela reflète si pauvrement l’atmosphère saisissante de cette exposition visuelle et sonore… C’est celle qui m’a le plus marquée, avec celle de Sabine Weiss, pour ces rencontres photographiques 2021.
Ci-dessous, un extrait trouvé sur le net qui raconte peut-être mieux encore ce que j’ai tenté de partager ici :
« Explorant la porosité des pratiques artistiques, scientifiques, de la philosophie et des narrations spéculatives, Désidération propose une autre mythologie du spatial, à travers la pensée d’une humanité interstellaire en quête de nouvelles alliances avec son cosmos originaire. Jouant sur le trouble de son étymologie, qui oscille entre le regret de la perte des étoiles (de-sideris) et le désir de leur retour, la désidération désigne à la fois une proposition de diagnostic et de remédiation au désastre contemporain, au capitalisme tardif, à l’anthropocène terrifiant. Notre civilisation semble avoir perdu quelque chose de fondamental dans son rapport quotidien avec le ciel étoilé. De ce fait discret, qui met en lumière les destructions matérielles et spirituelles de nos sociétés, doit procéder une nouvelle configuration de l’imaginaire, une zone à rêver où se forment de nouvelles mythologies peuplées de figures hybrides, pour inventer un nouveau pacte avec le cosmos. Ainsi, avec la figure terrestre d’Anamanda Sîn, on découvrira une nouvelle sensibilité, où les météorites constituent le lien entre le passé et l’avenir, la terre et le ciel, l’art et la science, le non-humain et l’humain, la mélancolie et le désir. UN PROJET MENÉ PAR SMITH, DIPLOMATES ET LUCIEN RAPHMAJ. AVEC FRANÇOIS CHAIGNAUD, GASPAR CLAUS, NADÈGE PITON, ZÉLIA SMITH, ANNA MILONE, ADRIAN GEBHART, ETC. PUBLICATION : DÉSIDÉRATION (ANAMANDA SÎN), SMITH ET LUCIEN RAPHMAJ, ÉDITIONS TEXTUEL, 2021. »