Plus de voyage avant longtemps, Monika Espinasse

© DORIS SPIEKERMANN-KLAAS – Alexanderplatz, Berlin.

Dernière étape. Elle est dans le train depuis trop longtemps. Fatiguée. Trois changements entre le Sud de la France et Berlin. Et dire qu’elle avait son billet d’avion en main. Tout était organisé. Elle avait trouvé un vol pas cher, avec une compagnie low cost. Elle se serait bien passée de ce voyage dans ces temps de pandémie où le virus se déplaçait plus vite que les voyageurs. Mais sa mère était souffrante, hospitalisée, et la réclamait. Alors, Christine avait pris son billet. Mais à l’aéroport, une mauvaise surprise l’avait terrassée, il fallait produire un test de moins de 72 heures pour prouver qu’elle n’était pas contaminée. On lui avait pourtant assuré que ce test n’était pas exigé pour le vol ni pour la frontière. Oui, mais il y avait des lois non écrites et la compagnie d’aviation avait refusé son billet. Elle s’en voulait d’avoir mal compris, mais elle n’était pas la seule, il y avait d’autres voyageurs éconduits et tous ensemble, ils avaient cherché un moyen de transport de remplacement. Taxi pour la prochaine gare, billet de train – curieux, dans le train, personne ne demandait le test, il fallait juste le masque comme partout – vingt heures de trajet et d’inquiétude pour sa mère. Maintenant, elle est vannée. Soucis d’argent, problème de repas, de sommeil, il est temps qu’elle arrive.

L’accueil de la ville est glacial, -14°, un mauvais vent souffle dans les rues, elle glisse sur le bitume couvert de verglas, peste, rattrape sa valise et cherche le tram à prendre. En route pour l’hôpital d’abord, embrasser sa mère, récupérer les clefs de l’appartement, puis repos récupérateur. Elle aurait mieux fait de téléphoner avant de se mettre en route, les entrées de l’hôpital sont bien gardées, pas question de rendre visite à sa mère, même avec le masque obligatoire. On se méfie du virus et de ceux qui pourraient l’apporter avec eux. Donc, c’est non pour la visite. Pour l’instant du moins. Et les clefs ? Elle ne va tout de même pas aller à l’hôtel ? Les infirmières sont compréhensives, coup de fil à sa mère, explications, pleurs, embrassades virtuelles, et les clefs arrivent à l’accueil. Elle est épuisée, frigorifiée, déçue et n’aspire qu’à rentrer s’abriter du froid et à se remettre de ses émotions.  

Elle retrouve le quartier de son enfance où s’alignent des rangées de barres grises hautes de six étages, architecture typique est-allemande, fonctionnelle à défaut d’être belle. Entre les bâtiments, des petits carrés de verdure, poumons rudimentaires. Elle reprend avec plaisir sa chambre telle qu’elle l’a quittée. Personne n’y touche, sa mère en a fait un sanctuaire. Elle n’a jamais accepté le départ de sa fille si loin d’elle. Elle a bien dû remplir sa vie par d’autres émotions, occupe un emploi dans une bibliothèque, voit des jeunes et des personnes âgées, se voue corps et âme à son travail et écrit des poésies à ses moments perdus. Mais que sa fille fasse sa vie dans un autre pays, revienne de temps en temps seulement pour la voir, cela, elle ne le comprend pas. Ne l’admet pas et lui en veut. Les deux femmes ont des relations difficiles. Mais même si Christine refuse la relation fusionnelle, elle accourt à Berlin dès que sa mère appelle, pour un ennui sévère ou pour une fête.

Elle se souvient avec émotion de Noël il y a un an, la ville était resplendissante. Pleine de lumière. Marchés de Noël sur toutes les places importantes. Devant les églises, les châteaux, les musées. Malgré le froid hivernal, l’ambiance était chaleureuse autour des chalets colorés, animés, odorants, qui formaient de petits villages surprenants. Sur Alexanderplatz, c’était l’étalage de bijoux fantaisie, foulards en soie et cachemire, bibelots et souvenirs… un stand renversant, de la vaisselle en porcelaine, décor à dominance bleu, tasses et mugs à fleurs, à points, à pois, à festons, sous-tasses assorties… une montagne de porcelaine bleu et blanc et au milieu une dame vêtue en bleu, deux nattes blondes dépassant d’un chapeau énorme en fourrure, des gants bleus, une chaîne de perles d’un bleu foncé coulant sur sa poitrine opulente… Christine avait même acheté deux mugs en souvenir. Un peu plus loin, des effluves de chocolat l’avaient fait saliver. Des rangées de têtes de nègre, ou baiser de chocolat, des demi-sphères noires alignées sur les étagères, goût de l’enfance, douceur de la mousse à l’intérieur du chapeau en chocolat, sucre écœurant et addictif. Le « Gendarmenmarkt », le marché aux gendarmes, était installé sur une grande place encadrée au nord et au sud par deux cathédrales réformées, le dôme allemand et le dôme français, jumeaux se faisant face autour de la place. Ce marché était encore plus grand, encore plus animé. Fanfares, chansons, piécettes de théâtre, concours divers, tout retenait les passants. Au centre de la place, de l’artisanat d’art, bois, cuir, laine, brosses, bougies, billes, du vin chaud dans des pots bleu-marine aux dessins colorés, on avait envie de tout acheter. La nuit tombée, des lumières bleues et mauves éclairaient les deux cathédrales. Christine avait été éblouie. Ambiance romantique, à rêver. Envie de monter sur le dôme français pour admirer le panorama. Deux-cent-cinquante-quatre marches couleur brique pour monter dans la tour jusqu’à la balustrade. Elle avait été seule sur l’étroit balcon qui entourait la coupole illuminée. S’appuyant à la balustrade en fer, regardant en bas le grand sapin décoré au milieu du marché, les petits personnages se promenant dans les ruelles comme sur une scène de marionnettiste. Haut dans le ciel, la lune ronde et brillante était montée au-dessus du dôme bleu et planait sur le paysage comme un éclairage de théâtre.

Elle se souvient, elle rêve, secoue la tête. La ville ne ressemble plus à ces souvenirs. Peu d’animation dans les rues froides, les gens se faufilent, masqués de blanc ou de bleu, ne s’arrêtent pas, aucun rassemblement de groupes discourant joyeusement. Les musées fermés, les cinémas clos, plus de restaurants ouverts aux effluves tentants, écoliers, étudiants rentrés à la maison, peu de voitures dans les rues, les gens se confinent, ça s’appelle lock-down, on ferme, on enferme. Elle avait essayé d’appeler des amies d’enfance pour provoquer une rencontre, toutes se sont défilées, peur du virus, peur de la contagion. Et sa mère, toujours à l’hôpital. Christine avait fini par se faire tester pour pouvoir lui rendre visite. Avec toutes les précautions exigées par le personnel médical. Elle ne s’était pas révoltée. Chez elle, c’était pareil. Masque, gel, lavage des mains à tout instant. Des gens hyper-prudents. Des gens insouciants. Des gens déprimés. Des gens rebelles. Elle se demande ce qu’elle fait ici. Elle doit rentrer. Elle va rentrer. Sa mère est bien soignée. Elle a ses amies, ses aides, ses soutiens. Elle n’a pas besoin de sa fille. Et Christine doit reprendre son travail bientôt.

Le billet de retour est acheté, elle repart en train, les avions se font rares. Les adieux sont faits. Larmoyants, comme toujours. Elle a honte, mais elle languit de partir. Reprendre sa vie. Retrouver sa solitude, la maîtrise de ses journées, et son rythme de travail et de loisirs, même si, pour l’instant, tout est plus restreint, coincé, ordonné. Elle part. Ce sera long. Le train la berce, l’endort, le paysage défile. Après la frontière, elle se prépare pour le changement à Strasbourg. Choc épouvantable, cri perçant des freins, grincement des roues, elle est secouée, des gens tombent de leurs sièges. Remue-ménage, inquiétude, personne n’est réellement blessé, mais tout le monde est angoissé. On ne sait rien. La communication est défaillante, en tout cas, cela ne semble pas la priorité du moment. Elle descend les marches au milieu de la foule qui se rend sur le quai, prudemment, et cherche un contrôleur. Enfin le renseignement arrive. Accident grave. Grave comment ? Petit à petit, on apprend. Un désespéré s’est jeté sous le train, ne s’est pas raté. Malheur ! Comment peut-on ? Quelle horreur ! Les gens discutent, compatissent. Et puis… quand est-ce qu’on repart ? La correspondance est assurée ? La vie reprend le dessus, ils veulent arriver chez eux. Le plus vite possible. Christine aussi. Elle est touchée, émue. Mais son changement à Strasbourg est compromis. Pas de chance. Il y aura du retard. Trois heures, quatre heures, on ne sait pas encore. Arrêt à Strasbourg. On s’occupera de vous. Hôtel. Train de correspondance le lendemain. Elle est fatiguée, lasse, sans énergie. Elle ramasse ses bagages, ne pleure pas encore. Ce sera pour ce soir, sous l’édredon. Elle sera à Montpellier demain soir. Secouée par tous les aléas de ce voyage. Lézardée, profondément atteinte par l’accident, mais aussi par tous les incidents, ambiances bizarres, émotions retenues. Par cet éternel pas de chance. Elle n’a plus envie de bouger, elle qui rêvait de voyages… Elle s’est calmée. Elle se reposera. On ne parlera plus de voyages avant longtemps.

Autrice : Monika Espinasse (février 2021)

Carnet de voyage (Sud tunisien 2)

(suite)

29 décembre 2017
Réveil dans le grand soleil chaud de Nefta, où je découvre l’hôtel du jour (que nous avons atteint à la nuit…).

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Chaque porte de la ville est surmontée d’un vers du poète national Abu El Kacem Chebbi, que me traduit A. Ici « Si un jour le peuple décide de vivre, alors le destin ne peut que se soumettre. » Cette parole a enflammé le désir d’indépendance du peuple tunisien (l’hymne national le cite), est devenue la phrase fétiche du monde arabe inspirant un désir de liberté. Mais peut-on vouloir se prendre en main sans Dieu ? La phrase a été jugée blasphématoire par la mosquée de la Zeitouna… Le poète renié revient mourir à Tozeur.

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Balade dans les rues de la ville, visite du marché aux fruits de saison, des ruelles aux bâtisses de pierre claire et aux portes ouvragées posées entre deux murs de béton, de l’oasis victime d’un manque de civisme navrant avec le dépôt incompréhensible de déchets en tous genres… Comment est-il possible de laisser ainsi se côtoyer les plus belles inscriptions poétiques et la puanteur d’une déchetterie à ciel ouvert ?

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Loin du groupe, nous nous installons pour boire un thé avant de déjeuner dans une gargote au mobilier bleu Majorelle, d’un poisson grillé sous nos yeux et… sur la rue ! Des cars déversent leurs touristes dans la ville, Ibn Khaldoun observe tout cela de sa hauteur quasi céleste, perché sur un piètement de mosaïque bleue que supporte une double colonne de pierre grise.

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Bientôt il faut rejoindre les autres pour filer en direction d’un site à visiter (oublié le nom du site…), où je me contenterai de l’oasis voisine et des ruelles du village, faute de pouvoir supporter le dénivelé du canyon… Zied me tient compagnie.

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J’erre alentour… des voix m’attirent et je m’approche d’un homme qui trie des dattes à même un tapis posé dans l’herbe fleurie tandis qu’un jeune homme, grimpé sur un palmier dattier, sectionne les régimes avant de les faire glisser sur un fil tendu entre l’arbre et le sol. Nous échangeons quelques mots. Je m’étonne de la couleur orangée des branches. Alors que je me suis écartée pour lire, le monsieur vient déposer près de moi un régime de dattes jaunes et juteuses. Aïchek. Sourires.

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Dans le village écrasé par la torpeur, un vendeur de pierres et de fossiles m’explique l’origine des coquillages, huîtres calcifiées, coquilles saint-Jacques, bigorneaux, bois pétrifié, calcédoine bleue, micaschiste, et bien sûr roses des sables qui s’amoncellent sur ses étals. Quelques ruelles plus loin, je découvre à quel point la terre en regorge car au bout du village, le sol en est jonché. La vue magnifique ouvre sur un défilé ocre où coulait jadis une rivière large, le canyon est profond, la montagne au loin ondule comme une mer pétrifiée.
Zied me raconte sa manière de faire découvrir la Tunisie aux touristes de l’association « Ritmi e danze dal mondo ». La Tunisie sous toutes ses facettes, plus ou moins photogéniques, authentique en tout cas.

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Le groupe d’amis italiens réapparaît à quelques mètres au-dessous de nous, leurs voix les ont précédés. Comme nos guides – Stefano, Sabrina et Zied – ont décidé de nous en mettre plein les yeux (et les jambes), nous repartons à tout berzingue en direction de Tamerza. il est près de 16 heures, le soleil est encore haut… d’un seul coup, fatiguée, je trouve que la journée est longue !

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Je choisis une fois de plus de rester avec un petit groupe aux jambes lourdes pour éviter une longue balade. Courte déambulation au milieu de petites cascades qui formaient il y a peu de temps encore un petit lagon. Rien d’extraordinaire cependant jusqu’à ce que le soleil tombe en jetant son badigeon ocre sur le paysage.

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Après un bref passage à notre hôtel, nous repartons vers la Dar Houidi dans les ruelles de Nefta, une maison qui appartient depuis huit générations à la même famille, et que tient un monsieur charmant, malade du cœur, enfoui dans un burnous marron (la tenue des hommes ici). On nous sert brick et chorba avant un couscous puis du poulet grillé et des fruits dont les fameuses poires locales que je ne goûte pas d’ailleurs, ayant déjà la panse fort remplie. Musique traditionnelle et danses, transes et marche sur les braises, finissent de nous transporter…

(à suivre)

Texte et photos : Marlen Sauvage

 

Un petit tour à Utique ?

En route pour Bizerte un matin de juillet, arrêt sur le site archéologique d’Utique, cité portuaire créée par les Phéniciens. Le nom latin Utica, signifie « ville ancienne » en langue punique – une variété du phénicien, parlée à l’origine au Liban – contrairement à Carthage, « ville nouvelle ».
Le site est l’un des plus beaux que j’ai visités jusqu’à présent, l’un des mieux conservés, le plus propre aussi (ce qui n’est pas rien aujourd’hui en Tunisie !)
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La Méditerranée alors léchait les ruines actuelles… Je rêve d’eau. Près des cyprès peut-être, d’autres arbres, un peu d’ombre ?

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Que nenni ! Sous un soleil de plomb, je pense ce jour-là que nous aurions dû faire un petit effort pour partir plus tôt. Heureusement, les vieilles pierres nous appellent et nous arpentons l’allée principale (romaine) de la ville ancienne, fondée en 1101 avant J.C., trois siècles avant Carthage.

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Présence colorée des roses trémières que rien n’agite, elles qui frissonnent à la moindre brise. A un endroit du site, la pierre, que je n’ai pas photographiée, atteste de l’identité changeante de la ville au cours des siècles, laquelle de punique, deviendra carthaginoise puis romaine. J’aurai droit à l’histoire des trois guerres puniques, passionnante, et je regretterai un court instant d’avoir abandonné trop tôt les cours de latin… [un court instant seulement car j’étais avec l’homme qui connaît tout cela sur le bout des doigts.]

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Sous les pavés… Le site est aujourd’hui à une dizaine de kilomètres du rivage…

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Pour nous, le guide ressuscite la vivacité des poissons en arrosant la fontaine gardée à l’ombre de planches de bois. [Je réalise que je n’ai jamais mangé autant de daurades et de bars qu’en Tunisie.]

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Avec un peu d’imagination, nous nous retrouvons au temps des Romains ! Tout témoigne de leur présence :  citernes, aqueducs, thermes, forum, temples, habitations, mosaïques, etc.

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Utique est le plus grand site archéologique du gouvernorat de Bizerte. [Un gouvernorat est l’équivalent d’un de nos départements. Il y en a 24 en Tunisie.]

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La trace des attaches où l’on gardait les bêtes, sur le bord des mangeoires creusées dans la pierre.
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La nécropole punique abrite plusieurs types de tombeaux parmi lesquels des sarcophages d’un seul bloc à la taille impressionnante, fermés par un couvercle taillé dans la même pierre…

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Notre guide prétend que les habitants de l’époque étaient de grande taille… hum… hum…

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L’entrée du musée national d’Utique était en face de nous, mais au guichet j’ai préféré cette vue sur la droite, cachée parmi les arbres, des locaux qui abritent de belles pièces datant de l’époque punique et de l’époque romaine…

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…parmi lesquelles cette petite licorne, clin d’œil à mes deux filles…

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Et l’au revoir touchant de ce couple uni dans la pierre.

[Il faut aller lire l’article Wikipédia, très bien documenté sur ce site.]

Pour A.

Licence Creative Commons

Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 4.0 International.

Texte et photo : M. Sauvage

Carnets d’Irlande [2000, ≠ 7]

Le lendemain 29 mai, bon petit-déj’ à l’hôtel et départ pour quelques photos du livre.
A Slane, nous nous promenons le long de la Boyne par un beau soleil pour trouver l’arrière du château, mais nous n’arrivons pas à avoir le même point de vue que les M & M.
Après tours et détours, nous allons sur la colline de Slane où nous découvrons un des sites des M & M, le cimetière, où nous arrivons à prendre quasiment les mêmes pictures. L’endroit est magnifique, nous sommes seuls, la campagne est superbe, nous surplombons la vallée. Su-bli-me ! Bon, c’est l’inverse, on a d’abord commencé par la colline.

[Ci-dessous donc, la ruine de l’église près du château de Boyne et de son cimetière, identifiée sur le livre comme l’endroit où le roi Guillaume traversa la rivière Boyne. La photo est identique à celle des demoiselles. Sous cette photo, pour déroger à la règle qui voulait que je ne publie ici que les images similaires à celles prises par les demoiselles M & M, une photo du site tel que nous l’avons trouvé.]

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[Entre notre photo et celle des demoiselles Mignon et Mespoulet, il n’y a que les tombes vieilles pourtant, érigées après leur passage. Nous sommes donc sur une colline d’où, disait-on, on apercevait le pays hanté par les Tuatha De Danan (les dieux locaux). Les étudiantes parlent du sommet de Tara, au loin, alors sur que leur cliché ne figure aucune proéminence. Il paraît que c’est là que se réfugièrent les dieux une fois chassés de l’Irlande. Elles évoquent aussi les tumulus de Knowth (prononcer Cnauout), de Newgrange et de Dowth.]

[Ci-dessous, le site non photographié par les demoiselles.]

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Ensuite, à Newgrange, nous découvrons un complexe touristique qui aurait épaté M & M. Très bien conçu, enfoui sous la végétation, légèrement en creux. De là, des bus partent, emmenant les touristes (3 000 la journée de la veille) vers les deux sites de Knowth puis de Newgrange. A 12 h 15, nous « visitons » le tumulus de Knowth sous le soleil tapant, lieu magique mais avec trente personnes, c’est dur de méditer un peu…

[Ci-dessous le tumulus de Knowth, que nous avons photographié de plus près que les demoiselles. En 1913, d’après ce que racontent M & M, ce tumulus était le seul parmi les trois à ne pas avoir été exploré. Le seul aussi à avoir conservé sa forme antique et à ne pas avoir été envahi par les arbres.]

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Puis à 14 h 15, nous sommes devant la pierre gravée [de Newgrange], merveilleux travail artistique tel que l’ont vu nos demoiselles. Nous entrons dans le tumulus, découvrons d’autres entrelacs, losanges et spirales ainsi qu’une basin stone et notre guide nous fait le coup du solstice d’hiver ! Impressionnant et pour une fois, dans le noir, nous pouvons croire à un moment de recueillement partagé par les 25 personnes qui peuvent tenir dans cette tombe…

[Ci-dessous la pierre druidique devant l’entrée du tumulus de Newgrange. La photo est identique à celle des demoiselles, sauf que sur la leur on aperçoit une grille à droite derrière la pierre, qui pouvait se refermer sur l’entrée. A notre passage, il y avait une énorme porte de pierre ainsi qu’on peut la voir sur la photo. Le tumulus de Newgrange était un lieu de sépulture des chefs de l’époque de Bronze, disent les jeunes étudiantes.
Sur notre image, les sculptures sont très lisibles, ce qui n’est pas le cas sur le cliché
des M & M.]

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[Les deux photos précédentes, dans le livre intitulé Irlande 1913, apparaissent 2 fois, en couleur et en petit format dans un paragraphe intitulé « L’ère préhistorique. Les temps légendaires ». Elles font aussi partie de l’ensemble des 29 clichés reproduits en noir et blanc à la fin de l’ouvrage. Là, elles sont complétées par une autre image, prise sur le même site, de 3 pierres verticales que nous avons retrouvées (ci-dessous). Il semble qu’à l’origine il y avait davantage de pierres formant un cercle pour marquer le tumulus de Newgrange et que celles-ci étaient les 3 dernières.]

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Ensuite, ravis de nos photos et de nos découvertes, nous partons vers Mellifont pour visiter les restes de l’abbaye puis photographier le baptistère qu’avaient beaucoup aimé
les M & M.

[Cette photo de l’abbaye est absolument identique à celle des M & M, hormis quelques bouquets d’arbres à droite à l’arrière-plan.]

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[Ci-dessous, le baptistère entre-temps restauré car sur notre image, au premier plan se dresse le morceau de mur à 5 arches. Le reste est identique à l’original.]

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Puis c’est Monasterboice avec quelques touristes. Les croix sont sublimes, la grande me surprend par sa taille.

[Voilà, c’est celle-ci, la croix du Xe siècle, si surprenante. Au moment du séjour des M & M, elle était entourée d’une grille rouge, ce que les demoiselles avaient regretté. Elle est répertoriée dans le livre, à une autre page et en petit format couleur, comme « la Croix Ouest de Monasterboice ».]

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Nous tapons la route sous un orage battant jusqu’à Killebrid où nous trouvons enfin un B&B parce que celui indiqué par le routard est « vide ». Il est 20 h. Notre hôtesse est à moitié souriante, mais la chambre est immense, jaune et bleue, et nous allons y passer une bonne nuit bien méritée.

A Glendalough, la tombe dont parlent M & M se trouve devant la cathédrale à gauche quand on est de dos à la porte d’entrée. Elle a une jolie forme, plus ciselée que les autres tombes, en effet. Elle reads :

IHS

Here lieth the Body of Andrew Byme of Geenane Budge

1789 Aged 42 y

Also his ………… Jane Mary

and pray for us

Daughter Anne dep July

1798 Aged 13 years

[La voilà, je suis devant elle. Sur l’image des M & M, elle est prise en gros plan.]

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Elle s’incline vers la gauche, elle a à sa suite une tombe, croix celtique, avec un Christ au milieu, érigée pour Maria Jones Ballindoyle.

 

Magie de la lumière. La tour de gauche à 9 h du soir capte encore celle du soleil et flamboie comme les collines rousses.

« They bury you and then you go back to Heaven », dit une petite fille de 5/6 ans à sa petite sœur (entendu au graveyard de Glendaloch le 30 mai 2000).

« On t’enterre et ensuite tu retournes au Ciel »…

Cahiers et carnets – Des voyages – CI≠ 7

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Ce(tte) œuvre (textes) est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 4.0 International.

 

Carnets d’Irlande [2000, ≠ 6]

[Galway] Le 27 mai, au petit-déjeuner, nous montrons les photos des demoiselles Mignon et Mespoulet (M & M) à notre hôtesse qui affiche dans son salon une photo de William Street, datant des années 1950. [Je crois me souvenir que c’est grâce à cette photo que nous retrouvons la rue de Galway photographiée par les M & M lors d’une foire de bétail, p. 37 du livre qui leur est consacré.] Puis nous allons dans Galway à la recherche des sites photographiés par M & M.

Première étape : le fish market que nous retrouvons sans peine, déjà repéré la veille.

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[Sur le cliché original, à droite de la photo, un groupe d’une huitaine de personnes dont seules 3 n’ont pas bougé ! Les demoiselles précisent que ce sont les femmes, « moins patientes » qui sont la cause du flou… Une femme toute de noir vêtue, la tête recouverte d’un grand châle, deux hommes chapeautés, l’un porte sous le bras gauche ce qui pourrait être du poisson enveloppé dans un papier journal. Plus loin 3 hommes discutent. Les maisons à l’arrière-plan, très grises sous un ciel de pluie, ont changé, mais elles restent reconnaissables. Celle de gauche aujourd’hui à la porte et à la vitrine rouges affichait une cheminée sur son pignon, c’était le lieu d’une boutique qui mentionnait un nom « M. CONNOLLY ». Nous n’avons pas pris autant de recul que les demoiselles pour photographier le lieu. Il nous manque 2 maisons à droite…]

Puis, plus difficile, la rue de la vente du bétail (2 photos prises par les M & M).

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[Sur la photo originale, une vache au premier plan et de jeunes garçons arborant casquettes, vestons, chaussures et guêtres. Ils ont bougé, l’instantané est flou. Une foule se presse derrière eux, on distingue quelques chevaux parmi d’autres bêtes à cornes. Contrairement à cette image, la nôtre a été prise par temps clair et ensoleillé.]

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[C’est cette rue qu’il nous était difficile d’identifier sans l’aide de notre hôtesse du B&B de Galway. Le cliché pris par les demoiselles a été reproduit en noir et blanc, dans un petit format, comme 28 autres clichés que l’on trouve à la fin du livre, dès la page 123. Leur photo représente la même perspective que la nôtre, les bâtiments de gauche sont aisément reconnaissables, ceux de droite ont quelque peu changé. On y voit seulement les bâtisses du premier plan, avec les grandes fenêtres, tandis qu’au rez-de-chaussée on distingue des porches. Au premier plan à gauche et à droite, quelques vaches noires dont les M & M expliquent qu’il s’agit d’une race typique de l’ouest de l’Irlande.]

Nous retrouvons sans peine aussi la porte, près du square Kennedy. Les indices qui nous aident à repérer les lieux ne sont pas ceux que l’on croit… [notations sibyllines impossibles à décoder 14 ans plus tard…]

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[Sur le cliché original en noir et blanc, la porte avait encore son énorme portail en bois, et une grille en fer forgé de part et d’autre de la structure. Elément d’architecture du XVIIe siècle, cette porte symbolise la prospérité de Galway à l’époque du commerce entre Espagne et Irlande.]

A l’intérieur du pub Murphy dans William Street, nous discutons avec deux messieurs âgés de 65 ans ou davantage, qui sont intéressés par notre livre.
Le barman aussi en redemande ! Les questions fusent, nous racontons notre projet. Ils nous parlent du Claddagh [C’était à l’époque un petit village de pêcheurs qui a été entièrement détruit pour cause d’insalubrité. Les travaux avaient commencé lors de la visite des M & M.], ils essaient de reconnaître des endroits, s’agitent beaucoup et nous conseillent d’aller en face montrer notre livre chez Kennys (bookshop). Ce que nous faisons. Mme Kenny mère est sûre d’avoir vendu ce livre il y a quelques années, en français. Elle nous renvoie vers son fils qui tient la Art Gallery dans la même boutique. Elle nous dit qu’elle sera très intéressée d’avoir un exemplaire de notre livre quand il sera sorti… [Encore un vœu pieu… unfortunately! Nous nous étions pourtant donné le temps de l’écrire… 13 ans, pour fêter le centenaire du séjour des M & M en Irlande…]

Son fils, Tom, est très helpful. Notre histoire l’intéresse d’autant plus qu’il l’a suivie il y a plus de vingt ans quand il y a eu l’exposition de photos des M & M à travers l’Irlande [donc bien avant la publication du livre par le conseil général des Hauts-de-Seine]. Lui-même possède de nombreux slides et connaît les noms des gens qui apparaissent sur les photos. [Nous avons fait l’erreur de ne pas les lui demander !] Il nous conseille de lire Down by the Claddagh, de Peadar O’Dowd et nous assure qu’à Spiddle, nous pourrions peut-être retrouver l’une des chaumières du livre des M & M. Après renseignements pris auprès d’une de ses employées, il nous donne des indications : aller voir Jimmy Keady, un fermier qui vit à Shanagurraun, près de Spiddle et qui nous renseignera. Ce que nous faisons l’après-midi après avoir déjeuné au King’s Head, conseillé par les piliers de bar rencontrés le matin chez Murphy’s : très bon, très jeune, très sympa.

Jimmy Keady s’avère également très sympathique, après avoir mis quelque temps à comprendre qui était Tom Kenny ! Il nous fait visiter une ancienne chaumière, au toit en tôle ondulée maintenant. Il nous dit que celle-ci a deux cents ans environ, comme celle un peu plus loin sur la route, à la forme très bizarre, en trèfle à quatre feuilles quasiment. Il nous apprend que les plus vieilles chaumières (il précise « de plus de deux cents ans ») sont les rondes, ce qui nous renvoie au bouquin de M & M qui disent la même chose, en ayant photographié une dans le Claddagh (mais à vérifier quand même). [J’ai beau chercher, je ne vois pas de maison ronde dans ce livre ! Juste une petite chaumière, qui était alors la plus petite du Claddagh, que les M & M appellent « maison ruche » pour le mode de construction, en « pierres non cimentées ».]

Le 28 mai, le temps s’annonce sunny. Delia confirme que for a change, nous devrions avoir beau temps aujourd’hui et dix minutes plus tard, c’est une averse de grêle qui s’abat sur la ville ! On trouve la petite maison de chaume qui reste dans la rue St Domenicks, transformée en groceries. Puis on prend une photo du Claddagh actuel, en s’appuyant sur une photo trouvée dans un des deux bouquins achetés chez Kennys. [Non retrouvée dans ma sélection.]

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[Je me souviens comme nous avons sauté de joie en trouvant cette petite chaumière oubliée au milieu de constructions modernes. Nous avons voulu y voir une trace de ces petites maisons du Claddagh…]

(…)

A Clonmacnoise, belles ruines de cathédrale (Xe s avec porte photographiée du XVe) selon un guide qui faisait les commentaires.

Nous traversons le cimetière le plus récent pour marcher à travers la campagne pendant dix minutes et nous admirons la porte de la nun’s church, superbe au milieu des prés. Seul le seuil a quelque peu changé.

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Puis nous fuyons les touristes pour repartir en direction de Glendalough. Nous avons notre petite idée pour dormir ce soir. A Athlone, nous nous arrêtons le temps justement de passer un coup de fil au B&B en question, mais ça ne répond pas. Nous profitons de cet après-midi de dimanche où tout le monde s’est retrouvé dans ce restau, pour manger des pastries. Nous repartons et nous nous arrêtons à Trim pour trouver le fameux B&B. Il est déjà aux alentours de 19 h et le B&B n’existe plus, il faut se rendre à l’évidence… M. a avisé l’hôtel du coin, allez, on pousse jusque-là. Génial, la chambre est à sixteen, on fait répéter… et l’on a droit à une magnifique chambre immense avec lit king size, divan et deux fauteuils, coiffeuse, desserte pour la TV, etc. La chambre est à sixty évidemment. Il y a de beaux cadres notamment un au-dessus du lit intitulé The morning of the wedding qui représente une jeune mariée en train de se préparer avec l’aide de deux femmes, sous le regard intéressé d’une petite fille à gauche du tableau.

Visite et balade au château de Trim où fut apparemment tourné Braveheart. Arrêt dans un des nombreux pubs de la ville et nous pouvons observer qu’en ce dimanche soir, amis, familles avec enfants, se retrouvent autour d’une bière ou d’un soda. L’ambiance est bon enfant. Nous nous installons confortablement, des musiciens se pointent vers 9 h p.m. mais ils ne commencent pas à jouer avant 10 h, tant ils rapportent d’instruments ! Pendant ce temps, le pub se vide puis se remplit à une allure surprenante. Tout le monde est là : ceux du village et des environs ! Des jeunes, des moins jeunes, des vieux. Nous observons le manège du « je-te-paie-un-verre-et-tu-m’en-paies-un-en-échange » entre un homme et une femme, sans qu’un mot entre eux ne soit prononcé ! Puis les musiciens jouent, bien, à notre surprise, plus tard les gens se relaient, surtout des femmes, pour chanter et danser ; on parle avec nos voisins qui nous invitent chez eux pour des vacances à Westport ! Eileen et Tony G. Elle est Irlandaise, 45 ans, il est Anglais (environ 60 ans). Ils ont une petite fille, Renée. Il ne touche pas à la Guinness qu’il a commandée ni au verre d’alcool. Elle a bu trois ou quatre verres d’alcool. Elle hurle dans mon oreille qu’elle adore son pays, qu’il la fait pleurer, qu’il faut que nous promettions de leur rendre visite. Nous parlons avec un autre couple, lui est cordial, elle un peu moins, cela s’arrange au fil du temps. A plus de minuit, nous plions bagage avec 2,5 litres de bière dans le gosier à peu près… Mais la Guinness est très bonne et ne saoûle pas, pas plus que la Smithicks de M.

 

Sur les traces de Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet, agrégées, boursières d’Albert Kahn, membres titulaires de la Société autour du Monde, qui partirent en Irlande en 1913 et réalisèrent 73 clichés en couleur « pour Monsieur Kahn ».
(Titre du carnet de voyage écrit pour la circonstance du 17 mai au 2 juin 2000)

Cahiers et carnets – Des voyages – CI≠ 6

 

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Carnets d’Irlande [2000, ≠ 5]

[Cette année-là, en 2000, nous marchions sur les traces de 2 jeunes étudiantes qui en 1913 avaient parcouru l’Irlande dans le but de photographier le tournant du siècle pour le compte de Albert Kahn, fondateur des Archives de la planète. Notre but étant de reprendre à l’identique les clichés pris par Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet, ici nommées M & M, dont nous ne pouvons reproduire la copie.]

Au monastère de Claregalway.

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Nous escaladons le mur qui sépare la route N18 du monastère et traversons le pré où paissent les vaches. M & M ont pris la photo quasiment au pied du bâtiment. Maintenant, il y a un cimetière devant. A l’époque, il ne devait y avoir que quelques tombes puisque nous en avons trouvé une qui datait de 1906. Le cimetière était à droite sur la photo, donc à l’Est. [Aujourd’hui, je me méfie de mes déductions intempestives, étant donné mes compétences en matière d’orientation…] On a aussi dû escalader le mur du cimetière pour entrer dans l’abbaye parce que tout était fermé. Quant au château, il ne vit plus une vieillesse paisible, mais sonore, parce que la nationale passe maintenant entre lui et l’abbaye. La petite maison à droite est toujours là, cachée par les arbres. Nous n’avons pas pu grimper en haut du mur pour aller le prendre de plus près.

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[Cette deuxième photo du château fortifié de Claregalway est proche de celle prise par M & M. Sur la prise de vue des demoiselles, une maison au toit à 2 pentes est attenante au château, sur la droite ; ici elle est cachée par la végétation. A l’arrière du château se trouvaient des bâtiments qui avaient disparu au moment de notre séjour.]

Sur la route de Headford à Claregalway, il nous semble reconnaître une chaumière [reproduite dans le livre des deux étudiantes] dans le village de Curendalla (??).

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[Sur l’original, on aperçoit le muret de pierre sèche, je me souviens de tous les repérages que nous avions faits pour nous persuader qu’il s’agissait bien de « l’endroit ». Il n’y a que la foi qui sauve… La chaumière fait partie d’un petit hameau de deux ou trois maisons, on aperçoit une femme et deux petits enfants dans l’herbe, deux vaches nous tournent le dos. Le reste du hameau est en ruine.]

Mais après discussion avec une habitante, nous restons perplexes. La dame nous renvoie vers Brother Connal qui s’intéresse à l’histoire locale et que nous rencontrerons à 15 h, à la sortie des classes, à l’école du village. Ce monsieur charmant est très intéressé par notre bouquin et notre projet, malheureusement il ne reconnaît pas non plus la maison, la topographie des lieux est différente. Mais il prend une photocopie de la photo pour interroger son entourage. Au passage, il nous fait part de ses propres recherches sur l’histoire locale, il a écrit un leaflet et contribué à d’autres (nous lui achetons). Il nous apprend que les villages dans le coin et à l’époque de M & M étaient plutôt des towns lands, maisons dispersées dans la lande ; il nous montre des photocopies de lettres manuscrites d’une Irlandaise émigrée en Australie, son propre album de timbres d’Europe et sa collection de photos « regarding wild flowers ».
Cet homme est surprenant ! Nous échangeons nos adresses, nous lui enverrons des timbres…

Nous filons sur Galway (ah ! le Brother nous a aussi dit qu’il y avait 240 enfants dans la Primary school du village, que les parents étaient pour ainsi dire une fois sur deux des gens qui travaillent à Galway, que certains encore sont fermiers mais ont une occupation à côté pour joindre les deux bouts). Bref, nous filons sur Galway et trouvons après bien des tours et un refus, un B&B kitsch mais sympa.

Le 26 mai, toujours, balade dans la ville qui nous effraie un peu et bières puis repas dans un pub/restaurant plein de coins, de recoins et d’étages, où s’enterre une vie de jeune fille et se rencontrent tous les gens des environs (de plus de 21 ans !).

 

Sur les traces de Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet, agrégées, boursières d’Albert Kahn, membres titulaires de la Société autour du Monde, qui partirent en Irlande en 1913 et réalisèrent 73 clichés en couleur « pour Monsieur Kahn ».
(Titre du carnet de voyage écrit pour la circonstance du 17 mai au 2 juin 2000)

Cahiers et carnets – Des voyages – CI ≠ 5

 

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Carnets d’Irlande [2000, ≠ 4]

Le 25 mai

Après un full Irish breakfast, ils reprennent la route sous un soleil ardent. Le vent souffle.

Déjeuner sur un pier et sieste.

Rencontre avec l’homme de la tourbe. Né en 1922, il parle le gaélique, difficile à comprendre. Il a une ferme et ce champ dont il extrait la tourbe. [Dans le livre consacré à Mesdemoiselles Mespoulet et Mignon, une page et une photo sont consacrées à un homme au milieu d’un champ de tourbe. Le texte est intitulé « La mine de l’Irlande et son mineur ». Bien sûr nous n’avons pas pris de photo du monsieur en question, mais de champs de tourbe, oui, enfin, des diapositives…] Il montre la sorte de pelle qu’il a fabriquée pour cela, avec un angle, il dit qu’il est heureux, que lorsqu’on a une terre, une maison et des mains pour travailler, on est heureux. Il dit que seul Dieu séchera la tourbe s’Il le veut (The Man above). Il crie contre les machines, contre les gens qui s’installent ici, qui achètent des maisons, qui ont des bateaux et qui ne travaillent plus la terre.

« The memory of the Just is blessed » Lu dans une église ? un cimetière ?

[Je rappelle ici que notre projet était de prendre en photo les sites et monuments photographiés en 1913 par Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet, et de les reproduire à l’identique dans la mesure du possible.]

Abbaye de Ross à Headford

Le 26 mai 2000

A moins de 300 mètres, sur la gauche d’un chemin qui mène à l’abbaye de Ross, se dresse une petite maison de pierre, inhabitée. Elle a quatre ouvertures, une porte d’entrée, surmontée à droite et à gauche de deux fenêtres ; celle de gauche a été agrandie, elle a maintenant le double de la taille de celle de droite qui est refermée par un volet de bois noirci par le temps. Attenante à la maison, une petite construction qui devait être une étable ou un poulailler, enfin quelque abri pour les animaux. La dernière ouverture, minuscule, est à droite de la porte d’entrée, obstruée aujourd’hui par des moellons. Cette petite maison a plus de cent ans. Mesdemoiselles M & M l’ont vue, s’y sont peut-être rendues, peut-être y ont-elles été accueillies car à l’époque, il n’y avait guère d’autres maisons dans les parages. [Elles ont voyagé en train de Dublin à la côte Ouest, mais j’ai aimé les imaginer se déplaçant ensuite en voiture à cheval et demandant le gîte au hasard de leurs pérégrinations… Mesdemoiselles M & M sont parties de Galway. Ross est au nord-est, c’est leur 3e étape après The Claddagh, ce quartier sur lequel je reviendrai plus tard.]

Nous avons retrouvé le muret de la photo, il est aujourd’hui envahi par les arbustes et les buissons, voire les arbres. [Et nous avons donc pris une photo, tirée ensuite sur papier ! Elle est quasiment identique à celle prise par Mesdemoiselles M & M, sauf 2 ou 3 moutons au premier plan, un muret de pierres qui s’est construit sur la droite… et la forme des nuages… La voici.]

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L’horizon n’est plus aussi bas, des maisons se sont construites, des arbres ont poussé, relevant son niveau. Il y a toujours des moutons, il y a aussi des vaches. On devine que ce paysage leur a paru mélancolique. Nous avons retrouvé le petit chemin entre deux murets que M & M ont dû emprunter pour accéder au pré afin de prendre une photo.

Fondée en 1351, Ross Errilly s’agrandit considérablement en 1498, devenant l’une des plus grandes fondations franciscaines en Irlande. Aujourd’hui, c’est la mieux préservée. Cloître pour méditer, église pour prier, bâtiments domestiques pour cuisiner, manger et dormir.

On est accueilli aujourd’hui par le bruit étrange du vent dans les portails de tube métallique, le croassement des corneilles.

Les frères abandonnèrent the friary en 1753.

Face nord de l’abbaye [ci-dessous], seul l’arbre à droite de la photo originale a disparu, ainsi que la grille remplacée par un muret. Le jaune des lichens est sans doute plus flagrant qu’au temps de M & M, mais la couleur du soir y était peut-être pour beaucoup. Ici, nous sommes le matin, 11 h, et le soleil perce mais n’enflamme pas les pierres.

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Sur les tombes, les dates débutent en 1526 ; la plus récente date du 5 mars 1999. [Sur le livre, la légende indique que les inscriptions courent « de 1526 à 1870 environ ».)

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Les plus vieilles pierres tombales sont à gauche en entrant par le petit portail (2e photo N&B ci-dessous). Elles sont illisibles. 1690 côtoie 1927.

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Un blason date de 1646. Il représente un voilier surmonté d’une main à droite ; d’un livre et d’un visage à gauche, une croix au centre, un poisson sous le bateau. Une licorne tout en haut est perchée sur un heaume. C’est ce que j’ai trouvé de plus vieux qui soit lisible [photo ci-dessous, rien ne se devine, je me souviens avoir détaillé le blason pour cette raison.)

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Sur les traces de Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet, agrégées, boursières d’Albert Kahn, membres titulaires de la Société autour du Monde, qui partirent en Irlande en 1913 et réalisèrent 73 clichés en couleur « pour Monsieur Kahn ».
(Titre du carnet de voyage écrit pour la circonstance du 17 mai au 2 juin 2000)

Cahiers et carnets – Des voyages – CI ≠ 4

 

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Carnets d’Irlande [2000, ≠ 3]

Le 21 mai, ils partirent pour Dingle sous une pluie battante, manquèrent la Healy Pass, se régalèrent de la vue sur le lac (Lady’s view) au milieu des montagnes parmi les plus hautes d’Irlande, déjeunèrent sur une hauteur en regardant se retourner les kayaks, et arrivèrent finalement au port de Dingle où ils dégotèrent un B&B (trouvé dans aucun guide), le O’Neils, chambre 7, ce qu’ils voulaient.

Ils dînèrent chez Fenton du bœuf tendre à souhait, well done pour lui, medium pour elle, accompagné de légumes craquants, et comme ils avaient auparavant bu chacun un litre et demi de bière (1 l chez Flaherty et l au restaurant), ils estimèrent qu’il était temps d’aller se coucher.

Le 22 mai

L’Irlande se cache en hauteur, derrière les éperons de la côte où se pressent les touristes. L’Irlande est en pierres sèches et en murets gris, elle est pauvre et ses cahutes de pierres plates abritent des carrioles rouillées, de larges dalles disloquées dessinent des cours à l’arrière des maisons, les écuelles rondes y attendent, renversées, le grain pour les poules. L’Irlande abrite des ruisseaux sonores, mais invisibles, qui courent sur les pentes des prés où broutent les moutons à tête noire. L’Irlande ne se montre pas, ou si peu, mais elle ose toujours un signe de la main au passant qu’elle croise.

Ils laissèrent Dingle pour faire le tour de la péninsule, visitèrent des « bories » vieilles de 500 B.C. et habités jusqu’en 1200 AD, burent du whisky dans l’herbe irlandaise en admirant les vagues se jeter sur les falaises et les mouettes danser en rond au-dessus, puis ils se mêlèrent aux touristes ardéchois descendus d’un car en un groupe compact pour visiter un oratoire du Xe s ou quelque chose comme ça. Après re-Dingle et le Supervale pour des courses, puis Tralee, puis Trabact (?) où ils prirent le ferry, ils accostèrent enfin sur la presqu’île de Burren, sous une pluie quasi battante. Là, les Cliffs of Moher les attendaient, immuables, noires. En route pour Doollin, ils avisèrent une farm house où ils dînèrent puis se rendirent dans les bars où il est indispensable d’aller quand on visite un patelin : O’Connors et Mc Cans (dans le désordre). A minuit, leur voiture refusa de démarrer et ils se dirent que demain serait un autre jour…

Grand soleil le 23 mai malgré le vent ou plutôt à cause du vent… Les aléas du voyage dus notamment à l’âge considérable du véhicule entamèrent quelque peu la journée. Heureusement en Irlande comme ailleurs, les garagistes sont efficaces et celui-ci répara la tête de delco en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Le Burren se révèle surprenant de cailloux, de roches, de falaises, d’herbe rare, de murs élevés au milieu de la pierraille, puis de vaches, de prés verts, d’arbres feuillus, le tout le long d’une côte tout simplement superbe.

Le soir de cette journée, ils choisirent un bout du monde pour passer la nuit et ce fut un B&B au sud du Connemara, à quelques kilomètres d’Oughterard. La personne qui les salua d’un « How are you doing ? » sonore, accompagné d’un grand sourire, leur suggéra intuitivement que c’était là qu’on les attendait. La maison vieillotte est abritée par une végétation luxuriante ; de la chambre qu’ils occupent, ils ont vue sur le lac Corrib, poissonneux (truites et saumons surtout). Dans la campagne environnante, on vend une ferme de 40 ha. Elle appartient à un Allemand installé ici depuis 25 ans, il vend aussi sa maison (« an old fabulous house », dixit Betty) 400 000 FF, ainsi que son business de purification d’eau.

Ils se promenèrent dans les environs, à pied, s’extasièrent sur les moutons, les rives du lac, les îles (on dit ici qu’il s’en crée une par jour).

Le lendemain, ils décident de partir pour une marche à travers le marécage. Leur hôtesse est justement guide, elle leur prête des cartes, leur propose des sandwiches (qu’ils refusent) et ils partent sous un temps changeant. Après trois heures et demie de marche, ils atteignent un sentier et c’est là que la pluie mêlée de grêle les surprend, les mouillant de part en part. Heureusement, le Kean’s Pub les attend. Ils y dégustent une Guinness, tirée en deux fois, succulente, et des sandwiches chauds. Le patron est sympa, les prend pour des Hollandais, à cause de l’accent, leur dit-il, c’est un ancien ami de jeunesse du beau-père de Betty lequel est aujourd’hui un peu sénile. Betty vient les rechercher au pub, toujours souriante ; elle leur assure qu’ils s’ennuieraient s’ils venaient vivre dans le Connemara. A la maison, c’est Mary, la propriétaire des lieux qui leur offre un café et s’intéresse à leur projet de suivre les pas de Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet.

 

Sur les traces de Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet, agrégées, boursières d’Albert Kahn, membres titulaires de la Société autour du Monde, qui partirent en Irlande en 1913 et réalisèrent 73 clichés en couleur « pour Monsieur Kahn ».
(Titre du carnet de voyage écrit pour la circonstance du 17 mai au 2 juin 2000)

Cahiers et carnets – Des voyages – CI ≠ 3

 

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Carnets d’Irlande [2000, ≠ 2]

Le 19 mai

Branle-bas de combat dans la rue à 6 h du matin. Elle se réveille et se rendort jusqu’à 7 h 30, heure à laquelle ils décident de faire une promenade avant le breakfast, prévu à 9 h. Petit-déjeuner insignifiant, cup manquante et pain moisi ; la balade dans Kinsale, elle, était à la hauteur de ce qu’annonçait le guide. Des maisons colorées, un fort avec des bateaux, et contrairement à ce qu’affirme le GDR, de belles vitrines, un beau cheval gravé, du beau linge, bref tout beau.

Sur la route de la côte, ils s’arrêtèrent à Timoleague, où une jolie abbaye franciscaine un peu en ruine les attendait avec son cimetière qui donne sur la baie. Les réflexions allèrent bon train sur l’après-vie et toutes ces considérations sur les funérailles… incinération ou enterrement ? Ils choisirent la deuxième solution, préférant la terre comme ultime lit, et souhaitant offrir ainsi à ceux qui le voudraient la possibilité de se recueillir sur leur tombe. (…)

Arrêt à Clanakilty, jolie ville colorée itou. Puis stone circle à Dromberg (-150 av. J.C.) Soleil, soleil, pour un repas improvisé face à la baie dans la petite ville de Glandore.

Après, ils poursuivirent jusqu’à Schull et découvrirent le gâteau à la rhubarbe d’Adeles, après, ils poursuivirent en direction de Mizen Head, sans toutefois aller jusqu’au bout, puis ils remontèrent de péninsule en péninsule (n’exagérons rien, il y en avait une seulement au milieu), jusqu’à Beara, où ils avaient décidé de passer la nuit à Windy Point view (B&B). La beauté du paysage les enchanta d’abord, puis elle les émut aux larmes qu’on ne verse pas en public, alors ils se turent et surent pourquoi. Et au fil des kilomètres, elle les attrista tout à fait jusqu’à ce bout du monde qui s’enfouissait avec la fin du jour dans le brouillard des nuages bas. Là, ils décidèrent qu’ils n’avaient rien vu d’aussi beau, d’aussi émouvant que l’Irlande.

Ici, il y a des champs de vaches et de moutons ! Photo de 5 maisons dont 4 en ruine, devant des roches et de la lande. [Nous prenions beaucoup de diapositives et tirions bien peu sur papier… Quel dommage !]

M. est retourné sur la route, derrière nous, pour prendre en photo une dame assise sur le seuil de sa maison. Si elle le veut bien… (Non, il ne demande rien). Il y a le vent, le chant de quelques oiseaux qui s’y perd, des moutons tachés de bleu, des fuchsias rouges dans les haies au bord de la route et de la bruyère mauve pâle qui remue avec le vent, des maisons de pierres sèches et des murets où elles se dressent verticalement, des criques noires et blanches.

Mauve ? Il paraît que ce n’est pas de la bruyère. J’en fais sécher dans mon petit calepin pour voir…

Le lendemain, ils s’en allèrent dans les environs sous un soleil irlandais, celui qui donne une si belle couleur aux paysages. Il prit en photo deux hommes ravis d’être immortalisés, enfin, tout ceci est très relatif, puis poussèrent jusqu’à Allihies pour une petite balade sur les hauteurs. La ville vivait des mines de cuivre dans le temps, cela s’est arrêté dans les années 60. Ils s’extasièrent devant le village coloré comme tout ce qui se trouve dans le paysage. Ils entrèrent dans un des pubs de la « ville », c’était un jour de communion, le monde se pressait ici pour boire et parler. Ils attendirent leur plat pendant une heure mais avec une patience inébranlable. A côté d’eux, un homme et sa fille (?) discutaient âprement (surtout elle, qui essuyait aussi quelques larmes furtives), avec l’air de traduire quelque chose (un papier sur la table). Ils ne surent pas le fin mot de l’histoire.
Ils « visitèrent » Eyeries, puis se promenèrent sur la route côtière où ils découvrirent d’autres bouts du monde ; le temps changeait pourtant, les moutons paissaient immuablement, et seule la couleur du ciel donnait d’autres reflets à l’océan et à la terre.

 

Sur les traces de Mesdemoiselles Mignon et Mespoulet, agrégées, boursières d’Albert Kahn, membres titulaires de la Société autour du Monde, qui partirent en Irlande en 1913 et réalisèrent 73 clichés en couleur « pour Monsieur Kahn ».
(Titre du carnet de voyage écrit pour la circonstance du 17 mai au 2 juin 2000)

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