Marini e Locatelli

Ceci est donc une suite au personnage de Giulia ébauché précédemment. De la fiction, toujours de la fiction !

 

Les Marini
Dans la famille Marini, le père travaille la terre, c’est un paysan qui a construit sa propriété (et sa fortune) à la force de son corps et de sa sagacité. Dans ce coin d’Italie, on ne se dit pas pour autant fortuné. On exploite le verger – cerisiers, abricotiers, figuiers –, la vigne et l’immense terrain maraîcher où se cultivent sans effort – tant la terre est généreuse – salades, haricots, pois, tomates, choux, fenouil, courges, courgettes et pâtissons… Heureusement pour lui, parmi ses sept enfants, deux garçons aînés (Luigi et Francesco) l’aident dès leur plus jeune âge et poursuivront après lui le travail à la ferme. La Nonna (la grand-mère) régente la vie de famille. On l’appelle Colomba (son nom de famille était Colombo avant d’être Marini, son vrai prénom ? Oublié). C’est ainsi que la Mamma – l’Anastasia – répercute sur sa marmaille féminine les diktats de sa belle-mère qui décide en réalité de tout. Angelina, Giovanna (Giulia), Georgina, Leona et Noella – les jumelles –, garderont toute leur vie le petit doigt sur la couture jusqu’à ce que la mort de la Colomba puis celle d’Anastasia les délivre de cette coupe toxique.
Les Marini fréquentent leurs voisins, les Locatelli, propriétaires du café du village qui emploie Giulia dès l’âge de 10 ans, à ses heures perdues, ce qui signifie avant l’école et à la sortie de l’école. Mais selon les saisons, Giulia, comme ses sœurs, participe à l’exploitation du jardin familial. Semis, repiquage, plantation, cueillette n’ont aucun secret pour elle dont l’enthousiasme jardinier ne tarira jamais. Chez les Marini, on fréquente l’église, on va à confesse, on porte des robes sages, on ne marie que celle ou celui que les parents choisissent. Ainsi, toutes les filles sauf Giulia épouseront de « beaux partis » des villages alentour, et peu importent les convictions politiques du moment. Chez les Marini, on parle à voix basse, on sourit à tout le monde, on n’en pense pas moins.

Les Locatelli
Il y aurait bien une forme de cousinage entre les deux familles, les Locatelli et les Marini. On raconte qu’un aïeul aurait épousé en secondes noces une petite-cousine Colombo… Ce sont sans doute ces possibles liens de sang qui valent aux Locatelli de prendre en amour la petite Giovanna, pas encore Giulia (elle attendra l’âge de 14 ans pour s’approprier ce prénom). Une gamine volontaire, enjouée, méticuleuse, à laquelle ils offrent le loisir de travailler pour eux de temps à autre, puisque tel est son plaisir ! Les Locatelli n’ont pas d’enfant. Giovanna-Giulia sera pendant quelques années leur soleil et leur sourire. Chez les Locatelli, on mange de bonnes pâtes faites maison, et Giulia préfèrera déguster la « pasta qui » plutôt qu’en famille. Elle apprendra à jurer en riant « porco Dío » « bastardo » « mierda » et j’en passe, quand cela est strictement exclu chez les Marini. Devant les parents de Giulia, les Locatelli se tiennent bien. Chez eux, dans leur café propret, aucune insulte, aucune joie de vivre apparente. On sert l’antipasto, l’insalata fraîchement cueillie, il pollo élevé dans le poulailler, et c’est ici que Giulia apprendra entre autres à cuisiner les lasagnes à la viande et au coulis de tomate maison. Les Locatelli ne vont pas à la messe, ils tiennent leur commerce et personne ne saurait leur en vouloir.

Texte et photo : MS

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