
PATIO
C’est une fuite en contrebas des tuiles comme une plongée blonde vers un sol invisible mais l’œil arrêté à l’horizontale se fiche dans le mur happé par la niche aux fougères pleureuses ; impossible de ne pas s’élever vers le rectangle bleu où se chamaillent des oiseaux de passage, et c’est pour retomber d’étage en étage sur la ligne de tuiles comme des vagues, une houle orangée qui ramènerait ici le regard.
CAGE
Toujours on l’imagine d’en haut quelqu’un se penche appelle crie peut-être tombe dans le vide par maladresse ou par désespoir qu’importe mais vue d’en bas la cage d’escalier vous invite vous oblige vous aspire et c’est la grimpette essoufflée la main à peine posée sur la rambarde de bois lisse arrêtée à chaque étage par les sphères qui marquent la montée et l’on finit par pousser des épaules les murs pour que cesse l’oppression d’une ascension interminable.
PLACE AUX HERBES
Les notes s’élèvent jusqu’au premier étage de l’immeuble de la place, ancre hebdomadaire d’un groupe de musiciens, guitares d’abord, violoncelle et enfin la voix projetée d’une façade à l’autre, d’une vitrine à l’autre, et le rythme s’installe, il embarque avec lui les mains des spectateurs et la foule tourne danse piétine s’arrête applaudit tandis que le tourbillon des chants et des bruits se cogne aux platanes immobiles.
PLACE AUX HERBES (la nuit, l’été)
Un air frais louvoie sur la place, balance les feuilles de platanes et d’oliviers qui chuintent en sourdine, s’engouffre à travers les quelques fenêtres ouvertes des petits immeubles à trois étages, emporte les voix d’un couple assis sur un banc de pierre, éclairé par un réverbère jaune planté près d’une façade, il tourbillonne un peu et s’enfuit par le haut, vers le ciel noir comme un aplat à l’encre de Chine.
CRANE
S’il protège des coups, rien ne se devine de la tempête intérieure des maux de tête, du supplice des grincements assourdissants, des pensées cotonneuses cherchant à s’évader sinueusement de cette boîte endolorie que la voix importune ; enfer, enfermement, on voudrait que le cerveau qu’il protège s’évade dans les pieds pour le fouler le malaxer l’assujettir…
La proposition…
Un pas de côté dans cet atelier d’été, où François Bon ouvre un « interstice« , une proposition qui nous demande sur cinq paragraphes de ne pas développer une phrase selon les principes de la perspective, « mais selon ces schémas dont nous disposons pour la représentation 3D, qu’on soit habitué ou non aux casques de représentation virtuelle ». J’avoue n’avoir pas tout compris mais j’ai fait de mon mieux comme tant d’autres !