Carnet de quinzaine (18)

Mardi 4 juin R. Si faible et pourtant si souriante dans ce lit médicalisé qu’elle exècre, me dit-elle. Un lit où on la transporte « avec une grue ». Dépitée. Réifiée. Objet lourd que l’on n’ose même plus toucher. Elle accueille mes bises sur les joues, le front, après ma demande, avec un « mais oui » joyeux ! Je vois bien de la tristesse dans son regard quand je m’en vais. Je reviendrai demain avec un livre à regarder, de grandes images qui ne feront pas pleurer ses yeux qui ne voient plus guère | J’ai enfin terminé la lecture du Livre d’un homme seul, de Gao Xingjian.  Des longueurs qui m’ont ennuyée, un style qui se déglingue au fil de l’écriture, du temps qu’elle réclame (écrit sur deux années). Il y avait comme une envie de terminer ce roman, vite, me semble-t-il. Je ne me souviens plus exactement de la teneur de notre entretien au moment de son prix Nobel. Mais je me souviens de ce côté désabusé de l’homme en face de moi, ou comment dire, d’un détachement que je n’avais pas su vraiment nommer à l’époque. Samedi 8 Le grenadier s’est habillé de crépon vermillon et ses petites fanfreluches éclairent le vert déjà si lumineux de l’arbre. Dimanche 9 Le vote et ce qui s’ensuit, qui n’est pas une surprise, unfortunately. Je ne sais pas pourquoi je préfère ce mot anglais au nôtre. Il dit davantage le côté fatal de ce malheur-là, peut-être, encore que l’on sache la responsabilité de la classe politique dans cette fatalité Mercredi 12 Memory, à Nyons. Quelle belle claque que ce film avec deux acteurs au jeu bouleversant. Et demain, le prologue du cycle de l’été 2024. Je suis dans les starting blocks.

MS

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