Carnet des jours (21)

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[Sans doute ai-je l’impression, à cultiver ce décalage, de ne plus parler vraiment de moi…]

Le 8 juillet,  à rebours
Semaine qui vient de s’écouler consacrée à la rédaction de la brochure des SCL. Avant-dernier atelier au Gem de Mende, où chacun y est allé de sa patte sur le chemin de fer de l’almanach installé sur la longueur d’un mur… Le jeûne entamé mercredi pour 5 jours a été dur hier, mais passé le cap du deuxième jour, tout va pour le mieux aujourd’hui. M. est à S. pour visiter une nouvelle fois son futur appartement. Je me réjouis qu’il ait trouvé enfin quelque chose qui lui convienne.
Pris le thé vendredi chez E., parlé chats… Elle imagine prendre mes deux loustics pendant mon séjour prolongé si je pars en fin d’année. A suivre.
Ce midi, vidéo avec A. décontracté, toujours de bon conseil, qui m’invite à moins de méfiance vis-à-vis de M. Quel gentilhomme…
Balade quotidienne ce soir vers 19 h, une averse m’oblige à y aller au pas de course mais cela ne dure que quelques minutes. J’expérimente le monologue intérieur consciemment, les sauts de la pensée depuis l’extrême quotidien jusqu’au spirituel qu’alimentent toujours ces promenades dans la nature cévenole. La pluie exalte les odeurs du sous-bois, le doucereux se mêle au capiteux, j’ignore quelles plantes déchargent ainsi leurs parfums, j’observe les grands arbres au tronc enroulé de lierre, leur couvert protecteur, car le martèlement de la pluie reprend, les fougères semblent accueillir de toutes leurs larges feuilles comme des mains implorantes, l’eau du ciel. Je boucle ma balade à la hâte admirant tout de même au passage le jardin de la Font d’Hannibal, évitant les creux dans la terre, œuvre des sangliers, marchant enfin sur le bitume feutré par les châtons de châtaigniers, beige clair pour ceux de l’année, roux pour les autres.

Dimanche 9 juillet
A Marseille avec le concours de B. Vol sans encombre.
J’y suis ! Quelle belle impression en le retrouvant !

Lundi 10 juillet
A l’appartement de Manouba. Détour au Géant voisin, un grand classique !

Mardi 11 juillet
Monastir. Soirée à Chott Meriem, rencontre avec Hubert, Eve et Paul. Douceur du soir dans l’air marin, la maison donne sur la plage. Discussion à bâtons rompus (un projet de radio, une maison d’hôtes, la paroisse de Sousse, le milieu des affaires, les liens de quartier, la communauté française ici…), et se dessine pour moi une facette du monde des « expat » en Tunisie.

Mercredi 12 juillet
Cours à l’institut de formation continue pour A. Je ne fais rien, aucune énergie par cette chaleur. Canicule ici comme en France.

Jeudi 13 juillet
Nous sommes repartis à Tunis. 46 ° C en moyenne à l’ombre. Fin des cours pour A. En vacances maintenant.

Vendredi 14 juillet
Ecrit la deuxième proposition pour François Bon. Consigne en tête, je me souviens avoir pris note mentalement de détails au cours des derniers jours.
Fête à Chott Meriem chez Hubert. Retrouvé Eve et sa présence rassurante. Une petite foule de trente à quarante personnes, quelques Français du nord de la France et des Tunisiennes mariées aux précédents, un buffet généreux, la piscine avenante et les vagues dans la nuit pour un bain tonique.

Samedi 15 juillet
Probablement nous sommes-nous remis de la soirée de la veille… (j’écris ceci quelques jours plus tard, diario à rebours comme souvent.) Pour retourner chez H. manger les restes en plus petit comité, mais du monde quand même car la table est bonne !

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Dimanche 16 juillet
Balade dans Monastir au moment de midi, le grand boulevard et une galerie d’art (où je découvre Zubeir Turki (1924-2009), peintre tunisien dont la galerie affiche des reproductions colorées) ; les ruelles de la médina, aux échoppes ouvertes en ce dimanche matin qui foisonnent de couleurs vives, de tissus, de tapis, de robes, de chapelets de piments rouges ternes et poussiéreux ; un homme âgé en djellaba et chèche rouge devant une belle façade en dentelle de pierre, assis sur une chaise en plastique et appuyé sur une canne, observateur ridé de la vie qui passe ; les maisons d’habitation dépassent les remparts de la médina, ici on a construit sans autorisation en dépit de toute esthétique. Monoprix pour finir. Une heure trente de détente malgré le grand soleil tapant et la chaleur étouffante.
J’ai pu constater auparavant dans une discussion houleuse que la coutume de changer de cavalière au beau milieu d’un morceau de danse n’avait pas franchi la Méditerranée…

Lundi 17 juillet
Une tête dans la mer à la plage voisine, dans l’après-midi, quinze minutes chrono histoire de se rafraîchir.
Ce devait être la rencontre à la Marina, en soirée, devant une citronnade ou un café, avec Radhia et Kamel, un couple élégant dans tous les sens du terme… Nous devisons jusqu’à près de minuit.

(à suivre)

Photo : Marlen Sauvage (le ribat de Monastir)

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