
En ce matin neigeux du quatre janvier de la nouvelle année, envie de traîner, pas d’énergie, un café peut-être, non pas envie non plus. J’ouvre la boîte « Images », je fais défiler et tombe sur des photos prises en mai 2019 à Woodstock. Où sont-ils les hippies, de ce jour du 15 août 1969, qui par milliers arpentaient les rues de cette petite ville si tranquille et qui restera célèbre dans les annales de la musique et d’une nouvelle manière de vivre. Joe Cocker, Santana (que je ne me lasse pas d’écouter), Richie Havens, et tous ceux qui ont fait exploser leur réputation sur la scène devant 450 000 personnes ? Je voulais absolument voir Woodstock, j’avais en tête et en images le Woodstock qui a marqué mon esprit à un moment de ma vie où je me cherchais entre jupe longue et chemise fleurie, amourette débutante, envie de vivre libre et rejet de tout conformisme. Peace and Love.
Il faisait chaud et beau, je n’ai trouvé qu’une place presque vide. Des boutiques d’artistes décalés y ont trouvé place, il faut bien essayer de vivre de son travail, des magasins de fringues « Vintage Clothing », made in China, Asia et autres Indonésie, des guitares, batteries, mais pas d’accordéon, des bijouteries artisanales, des restaurants, des Coffee Shop, des Bed & Breakfast et autres qui ont pu et su tirer profit de cette ambiance dont leurs clients sont nostalgiques.

Il faut bien satisfaire une clientèle vieillissante qui se souvient de ses jeunes années, qui porte sur ses frêles épaules et ses corps déformés, une garde-robe vintage, achetée hors de prix dans les boutiques « bo-bo » branchées des capitales du monde, et qui cherche ici celle qui lui laissera un souvenir de plus, et lui, qui traîne ses santiag éculés en raison de son âge qui ne lui permet plus de soulever correctement ses pieds.
Des motards, tout de noir vêtus, sauf le bandana de couleur et cheveux au vent, font pétarader leur Harley Davidson.
La boutique « Dog Woodstock » sur la place, attire une clientèle féminine qui susurre à son chien qu’il sera-beau-dans-ce-beau-manteau-qu’il-n’aura-pas-froid-cet-hiver-et-puis-ces-chaussures-qu’elles-sont-amusantes, tandis qu’il renifle, museau au sol, les effluves de ses congénères, tire sur la laisse jusqu’à ce que Madame le prenne dans les bras pour aller choisir, pourquoi pas les nouvelles bottines à brides ou le nouveau manteau imperméable et chaud, rose à fleurs pour Toutoune et beige uni pour Toutou, une garde-robe sexuée. Pourquoi pas une nouvelle laisse avec des incrustations de pierres, pourquoi pas une gamelle où il est écrit « Hungry », au cas où sa maîtresse aurait oublié de le servir à temps ? Heureusement que le ridicule ne tue pas !
Auteure : Monique Fraissinet
