Aix-en-Provence ce jour-là promettait la découverte enthousiasmante de dizaines de chefs-d’œuvre de la peinture impressionniste, post-impressionniste et de l’art moderne. Issues du Solomon R. Guggenheim Museum à New York, et pour la première fois exposées en Europe, des œuvres de Manet à Picasso en passant par Cézanne, Van Gogh, Picabia, Braque, Kandinsky, Paul Klee, Franz Marc, Matisse…, réunies à l’hôtel Caumont, donnaient l’occasion de revisiter l’histoire de la peinture à travers celle d’une collection et d’une vie, particulièrement tragique, celle de Justin Kurt Thannhauser.
C’était en septembre, l’expo se terminait le 29… j’intercale ici quelques-unes des citations qui éclairaient la démarche des artistes. Car je lis toujours autant que je regarde… Et je puise aussi dans le catalogue les informations qui suivent.

Justin Kurt Thannhauser (1892-1976, ci-dessus) fait don en 1963 à la Fondation Solomon R. Guggenheim de 75 œuvres couvrant une petite centaine d’années. Sa famille, juive allemande, a subi les affres de la guerre, et le mécène a depuis perdu ses deux fils ainsi que sa femme. Les raisons de cette donation, il les donne au New York Times : « Après avoir vécu cinq cents ans en Allemagne, ma famille est maintenant éteinte », « cette collection est l’œuvre de toute une vie ». Avant lui, son père, Heinrich, avait déjà en 1909 à Munich marqué de son « audace artistique » une exposition de 200 œuvres parmi lesquelles 55 impressionnistes constituant alors « le panorama le plus complet du mouvement jusqu’alors présenté à Munich. »
Bien incapable de photographier les tableaux, les ayant tous escamotés, et leurs couleurs étant loin d’être fidèles, je m’en tiens ici à quelques détails… Et à quelques œuvres, car j’ai tourné autour des toiles comme autour des visiteurs, pour mieux y revenir, sans pour autant améliorer mes prises de vue…
Van Gogh, Paysage enneigé, Arles, février 1888
« Le motif est pour moi chose secondaire. Ce que je veux reproduire, c’est ce qu’il y a entre le motif et moi. » Claude Monet
Picasso, Le Quatorze juillet, Paris 1901 Juan Gris, Les Cerises, 1915

A propos du Palais ducal vu de Saint-Georges-Majeur, Monet assurait qu’il « n’était qu’une excuse pour peindre l’atmosphère (de Venise) ». Il avait été acheté 5 500 dollars par la Galerie Thannhauser en 1928. C’est le tableau je crois qui m’a le plus étonnée… Un panneau expliquait que « Cette œuvre est avant tout une étude de la lumière et de l’air, avec l’irisation scintillante du soleil qui se reflète dans l’eau et au loin la façade de marbre miroitant du palais. » C’est ça… et c’est magnifique.
Gauguin, Haere Mai, 1891 Picabia, Portrait de Mistinguett, vers 1908-1911
« La couleur est la touche. L’œil est le marteau. L’âme est le piano aux cordes nombreuses. L’artiste est la main qui, par l’usage convenable de telle ou telle touche, met l’âme humaine en vibration. » Vassily Kandinsky
Van Gogh, Le Viaduc, Asnières, 1887 Cézanne, Environs du Jas de Bouffan,
vers 1885-1887
Picasso, Fernande à la mantille noire, vers 1905 Franz Marc, Vache jaune, 1911 Picasso, Deux pigeons aux ailes déployées, Cannes, 1960 Manet, Devant la glace, 1876 Renoir, Nature morte : Fleurs, vers 1885 Paul Klee, Parterre de fleurs, 1913 Kandinsky, La Montagne bleue, 1908-1909
Seurat figurait aussi parmi les peintres exposés, et Matisse, Degas puis Maillol avec quelques sculptures superbes, j’en oublie.
Un petit tour par la boutique, des œufs aux oiseaux perchés, un cadran solaire, de la vaisselle anglaise… et j’offris à l’ami cher qui m’avait invitée ce jour-là le catalogue de la collection… que j’eus le plaisir de recevoir en cadeau à mon tour !


MS
Toujours intéressant Merci ces quelques commentaires pour une autre approche d’autant plus que les mots sont des artistes mêmes et la bibliothèque ravissante le lieu est en lui un plaisir renouvelé
MERCI (et tnat de tableaux-amis… Venise bien sûr, mais la montagne bleue — ne sais plus où je l’ai vue — le dos lacé de Manet, et puis les découvertes comme le viaduc, le Gris très coloré, le Picabia etc…)